Le premier livre des Sonnets pour Hélène/Comme je regardois
XLI
Comme je regardois ces yeux, mais ceste fouldre,
Dont l’esclat amoureux ne part jamais en vain,
Sa blanche charitable et délicate main
Me parfuma le chef et la barbe de pouldre.
Pouldre l’honneur de Cypre, actuelle à resouldre
L’ulcère qui s’enchame au plus creux de mon sein,
Depuis telle faveur j’ay senty mon cœur sain,
Ma playe se reprendre, et mon mal se dissouldre.
Pouldre, Atomes sacrez qui sur moi voletoient.
Où toute Cypre, l’Inde et leurs parfums estoient,
Je vous sens dedans l’ame. O Pouldre souhaitée,
En parfumant mon chef vous avez combatu
Ma douleur et mon cœur : je faux, c’est la vertu
De ceste belle main qui vous avoit jettee.