Le premier acte du synode nocture (éd. 1608)/Av lecteur benevole salvt
AV LECTEUR BENE-
VOLE SALUT.
My Lecteur vne faueur de grace, &
à la pareille, ce que ie te demande ſont
tes deux yeux pour trois heures, auec l’atelage
de tes ſens, ſi ton ame eſt le moins du monde
attainte & touchée d’vn François appetit &
curieux, non pour la teindre, mais ſeulement pour
l’arrouſer d’vn faict qui la rauira à vn Taumaſme
ſupernaturel : rien de fainct ne retardera tes
eſprits en cet interualle, mais au contraire
Inuenies primis ab ſenſibus, eſſe creatam
Notitiam veri neque ſenſus poſſe refelli,
Quid maiore fide porrò quam ſenſus haberi
Debet.
Te donnant parole que le Philoſophe Abderite
me vient en ce moment de porter aide à la tirer du
profond de ſon Puy, ie l’offre à ta croyãce, accompagnée
de la maxime de ce Gymnoſophiſte, celuy
qui s’immortaliſa aux deſpends de ſa vie dans le
milieu des troupes victorieuſes du grand Alexandre.
Que la nature a voulu deſtruire ſon œuure en
la femme, lors qu’à ſa creation elle luy a baillé
langue & veüe. Seule de tout ce qui a vie, repreſentant
vn peu trop naifuement pour le repos de
ſa moitié, la boiſte de Pandore, farcie en ſa capacité
de toutes les gehennes dont le Ciel a deſiré
torturer les mortels pour l’expiation du delict du
premier homme. En effet c’eſt le ſubiect de la premiere
action de ce Nocturne Synode que tu tiens
entre tes mains, pretenſion ruineuſe de l’honneur
d’vn mien intime, nommé Calianthe, que tu liras à
vn perennel debuoir en ton endroict, ſi tu le reçois
comme il eſpere, & d’vne meſme voye tu t’achemineras
la ſeconde & finale de moy ton ſeruiteur