Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 267-271).
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CEtte huile, ou plûtost bithume, vient sur l’eau d’une fontaine qui est près de Beziers en Languedoc ; on la ramasse continuellement, & on la distribue à ceux qui la mettent en usage pour diverses infirmitez : je m’en suis servy pour les encloüeures ; clous de ruë & chicots, & l’ay trouvé excellente ; il la faut appliquer chaude, sans aucune mélange, de la mesme maniere que j’enseigneray, de l’huile de Merveille, continuer l’application ; & si le mal peut estre guery sans dessoler, cette huile le guerira assurément. Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/282 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/283 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/284 Chap.
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de trente ans en sa bonté : on l’applique comme il suit.

Apres qu’on a découvert le mal, comme je l’ay enseigné cy-devant, il faut faire fondre de cet onguent dans une cueiller, avec un peu de suif, ou de graisse, du beurre, ou de l’huile d’olive, & tout chaud l’appliquer dans le mal, & continuer jusqu’à ce que le Cheval ne boitte plus.

Nottez que j’ay ordonné dans le precedent onguent du sang de dragon en larmes qui est la gomme d’un arbre dont il y en a quelques-uns dans une des Isles Canaries : les larmes qui sortent d’elles-mesmes, sont d’un beau rouge, & sont le plus beau & le plus pur sang de dragon, & la gomme qui sort de l’arbre par les incisions qu’on y a fait, est aussi du bien sang de dragon, mais inferieur en vertu au premier. La plus grande partie vient des Indes Orientalles, l’un & l’autre le plus rouge & le plus haut en couleur est estimé le meilleur.

Mais on doit rejetter comme inutile le sang de dragon qu’on vent aux Mareschaux qui est contrefait avec de la gomme arabique ou autre commune qu’on fait dissoudre dans l’eau, & on y donne la couleur avec du bois de bresil rapé ; ce qui se fait en faisant bouillir le tout lentement jusqu’à ce que la gomme aye acquis une belle couleur, on la passe au travers une toile claire, puis on fait évaporer toute l’humidité, & on laisse refroidir : voyla la composition qu’on vent aux Mareschaux pour du sang de dragon, parce que ils le demandent à trop bas pris, aussi n’en a-il pas les vertus, puis que ce n’est que une gomme de cerisier, d’amandier, ou d’Arabie, qui n’en a pas plus de vertu pour luy avoir donné une teinture rouge.