Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 438-439).


IL y a beaucoup de personnes qui ont pris des ébulitions de sang pour du farcin, & se sont fort mis en soin & en frais pour les guerir : l’ébulition arrive lorsqu’il y a surabondance de sang, & qu’il bouillonne, par trop de chaleur excitée par différentes causes que j’ay déja expliquées, il s’en épanche facilement quelque partie du plus subtil dans les chairs ; ce qui fait des tumeurs au dehors par tout le corps qui reflemblent au farcin, qui ne sont pourtant qu’une ébulition ou bouillonnement de sang ; le grand repos qui empéche que le Cheval ne puisse dissiper les humeurs superfluës, contribuera beaucoup à cette incommodité : saigner le Cheval abondamment du col une ou deux fois, fera que ces tumeurs élevées se resoudront d’elles-mesmes.

On distinguera ces tumeurs d’avec le farcin, en ce qu’elles viendront promptement, par exemple, dans une nuit, & ne seront point adherantes au corps, ny dures, outre que la prompte guerison vous tirera bien tost d’inquietude.

Souvent la saignée trop precipitée a fait rentrer toutes les humeurs, & cette humeur rentrée a causé du desordre, & a donné la fiévre au Cheval ; quand vous vous en appercevrez, il luy faut donner un lavement, & une heure apres une once ou deux de theriaque ou du diatessaron dans du vin ; il repoussera cette humeur par quelque voye, soulagera le Cheval, & le guerira ensuite.

Il y a des Chevaux qui poussent de temps en temps de petits bouttons comme des demy poids, en plusieurs endroits du corps : c’est une espece d’ébulition de sang, ou plûtost c’est un effet d’un sang chaud qui pousse au dehors le sang plus subtil & plein de bile, qui forme ces petites enflures, desquelles une partie créve & se séche ensuite, & l’autre se résout par insensible transpiration.

Le remede à toutes les ébulitions de sang, est de faire manger dans le son au Cheval des choses qui puissent purifier le sang, & le rafraîchir, comme seroit le foye d’antimoine en poudre une once & demie chaque jour, ce seul remede sans risque fera dissiper tous ces boutons, & purifiera le sang au Cheval, qui ne sera plus en état d’en repousser de long-temps ; trois ou quatre prises de pilulles de sinabre, feront aussi fort bien.

Pour prévenir ce desordre aux Chevaux, il leur faut faire manger parmy le son du cristal mineral, lequel fera évacüer ces serositez bilieuses qui causent le desordre, & les poussera peut-estre par les urines ; & ensuite temperera la chaleur du sang & des visceres, & previendra le farcin & autres maux, causez de sang échauffé. Et afin de contenter les curieux, je proposeray la methode de faire le cristal mineral, comme un bon remede, & fort propre aux Hommes & aux Chevaux.