Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 382-384).
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GLober nous a donné cette préparation en differents passages, mais on peut recueillir de divers endrois un morceau en chaque lieu de ses écrits, que sa vraye methode est celle-cy.

Il faut faire le regule d’antimoine avec antimoine crud deux livres, tartre une livre, & nitre fin demie livre, pour avoir les scories, car le regule peut servir à de bons usages dans la Medecine, mais on ne tire le regule en cette operation que pour avoir les scories, dans lesquelles le soulfre-auré que nous cherchons, est contenu : separez donc lesdites scories, qu’il faut mettre dans suffisante quantité d’eau qu’on fera boüillir, & qu’on remuera de temps en temps, il se dissoudra une partie desdites scories, laissez rasseoir & versez le plus clair par inclination, ou si vous voulez filtrez au travers un papier gris, qu’on met sur un blanchet, & on verse l’eau dans laquelle on a dissout les scories sans la faire rechauffer sur la feüille de papier ; ce qui ne sera pas passé, on le jette comme inutile, & on garde cette eau.

Faites bouillir dans d’autre eau du tartre en poudre, remuez & faites fondre le tartre qui a beaucoup de peine à se fondre, mettez vostre eau cy-devant reservée dans une terrine, & jettez cette derniere par dessus peu à peu comme un filet, il exhalera une odeur forte & puante, & il se precipitera au fonds une poudre brune qui est le soufre auré d’antimoine : il faut le faire sécher, le mettant sur du papier gris, & le garder pour l’usage, la dose sera d’une demie once jusqu’à une once, mélé avec le double de farine tres-fine de froment, bien délayer le tout dans une pinte de vin, le faire infuser toute la nuit, & le donner au Cheval tous les matins, le tenant bridé deux heures avant, & trois apres, il faut continuer quinze ou vingt jours, & sans autre remede, le Cheval se Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/397 Chap.
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une partie des remedes que je viens d’enseigner, ou bien l’on se contentera des remedes suivans.

Tirez du sang à vostre Cheval de la veine du col, le lendemain faites luy prendre un lavement avec une once & demie de policreste, & le jour d’apres faites luy avaller avec la corne une livre & demie d’huile d’olive, le tenant bridé deux heures avant & autant apres.

Quatre jours apres la prise de l’huile, en contant pour un jour celuy auquel il l’a avallé, donnez-luy le breuvage suivant.

Breuvage purgatifs & confortatif.

Prenez Electuaire diacartami, & Catholicum fin Nicolai, de chacun une once, deux dragmes de theriaque conserve de roses, rouge liquide une once, casse mondée deux onces, suc de regalisse demie once, sené en poudre une once, scamonée préparée à la vapeur du soulfre deux dragmes, anis & cumin de chacun une dragme : mélez le tout avec une pinte de vin blanc, & le donnez au Cheval, qu’on tiendra bridé six heures avant, & quatre apres : quand il ne se purgera plus, donnez-luy encore un lavement purgatif pour emporter ce que la Medecine n’aura pu entraîner, ou s’il a beaucoup purgé, le lavement sera superflu.

Faites luy manger du son mouillé & point d’avoine ; si vous voulez luy donner du foin arrosé, & de l’eau avec du miel, ce sera le meilleur.

En suite vous le laisserez quelque temps en repos, pour observer l’amandement qu’il y aura ; s’il ne profite pas comme vous le desirez, il faut avoir recours à la poudre cordialle, au soulfre-auré & aux lavemens, & en suite reïterer la purgation : Si ce breuvage purgatif & confortatif vous semble trop cher, comme en effet il l’est, il faut luy donner de l’huile décrite au Chapitre ⅩⅩⅩⅩⅥ. qui est à bon marché, ou celle qui est dans le Chapitre suivant.