Paris : Louis-Michaud (p. 190-191).

TOUS LES PARTIS DÉVOILÉS



Tel est le titre d’une brochure de trente-deux pages, dans laquelle l’auteur, dont je suis loin de partager les opinions n’a pas laissé que de bien saisir quelques nuances de la révolution. Voici comment il peint les principales factions qui ont joué un rôle dans ce grand drame.

Les Jacobins : Ce parti hachant et haché tour à tour est très considérable : il a deux liens très forts, la sottise et l’entêtement. La persécution en a fait un corps : ils se regardent comme opprimés. On les accuse tous d’être criminels, c’est ce qui les perpétue.

Les Feuillants : Secte hermaphrodite, cédant tour à tour à la force, à la peur et à l’orgueil ; serviteurs perfides, amis impuissants, ennemis dangereux.

Sociétés populaires : composées de meneurs et de menés, qui se sont crus le souverain, quand ils ont eu la clef de toutes les prisons, et obtenu l’impunité de tous les crimes.

Les Royalistes : Ils n’en ont que le nom, ils tâchent de se faire payer.

Les Jeunes gens ont aussi formé un parti. Les plaisirs de la jeunesse ont été un jeu de comédie marqué au coin de l’absence du goût et même de la moralité.

Quand une révolution ne fait pas ressortir les vertus, ce sont des vices qui en rejaillissent ; et c’est le cas de notre jeunesse. Dans les villes elle n’a que changé d’esclavage, elle est abrutie par la folie du jeu connu sous le nom d’agiotage.

Les Montagnards : Il y en avait trois classes : les habiles, les forts et les imbéciles. Les habiles furent bannis, les forts condamnés à l’échafaud, les imbéciles se sont sauvés entre deux eaux.

Les Dantonistes : devinrent les opposants des habiles, et ne sont pas encore détruits.

Les Soixante-treize : reste de plus de cent individus arrachés du sénat aux journées désastreuses du 31 Mai et 1er Juin… Ils ont regagné la victoire…

Le Marais : gens mitoyens qui haïssaient les Montagnards par aversion pour le crime, plutôt que par goût pour la vertu. Ils parlent principes sans trop les connaître : ils seraient devenus Dantonistes pour renverser Robespierre.