Le naufrage de l’Annie Jane/Appendice/6

Le fidèle messager (p. illust-95).


MARC AMI.

MARC AMI.


Né le 23 mai 1834, à Genève, monsieur Ami fut placé, dès son enfance, sous l’influence de l’Évangile. Il étudia pendant cinq ans à l’Institut de la Garance (près Genève), et fut nommé instituteur de l’école Murisier en 1851. Une année plus tard il enseignait à Glay. Tout en donnant des leçons, il se perfectionnait dans l’étude de la littérature, de la cosmologie, de l’élocution, de la philosophie et suivait un cours particulier de théologie. Lorsque le missionnaire Jean Vernier lui parla de l’œuvre au Canada, il voulut avoir sa part de travail dans cette noble entreprise.

Dès son arrivée à Montréal il fut placé au collège de la Pointe-aux-Trembles, où il enseigna jusqu’en mars 1854. À cette époque, un jeune instituteur plein de zèle, monsieur Israël Matthieu, fut envoyé à la baie du Fèvre et monsieur Ami le remplaça à Ramsay. Outre l’enseignement, ce dernier employa une partie de son temps à colporter en compagnie de messieurs Geoffroy et Desjardins, anciens élèves de la Pointe-aux-Trembles.

Le 28 mai 1855, monsieur Ami se maria avec mademoiselle Anna Giramaire, de Glay, et commença son œuvre comme évangéliste dans la paroisse de Belle-Rivière. Il visita St-André, le Gore, East-Settlement, St-Martin et Ste-Marie. Après le départ de monsieur le pasteur F. Doudier (vers 1860), monsieur Ami prend charge de l’église de Belle-Rivière, qui compte alors trente-deux familles.

En 1862, un changement important a lieu dans les champs missionnaires, monsieur le pasteur R. P. Duclos est appelé à desservir l’église de la rue Graig à Montréal, monsieur J. A. Vernon devient le pasteur de Belle-Rivière et monsieur Ami est placé à Joliette. Il demeura là près de huit ans et visita régulièrement les stations de Ste-Elisabeth, de Berthier, de Ramsay, de Kildare, etc. C’est pendant son séjour à Joliette qu’il fut consacré au saint ministère, en juillet 1866.

Les assemblées religieuses avaient eu lieu jusqu’alors dans une petite maison appartenant à monsieur Noël Rondeau. Comme la congrégation s’était accrue, le besoin d’un lieu de culte plus convenable se faisait vivement sentir. Monsieur Ami se mit bravement à l’œuvre et contribua largement à l’érection d’une chapelle et d’une maison missionnaire.

En 1870 nous le trouvons à la Rivière-du-Loup (en haut). Il prêche aussi à Hunterstown.

Mais là où monsieur Ami déploya le plus d’énergie ce fut à Ottawa. À son arrivée dans la capitale du Canada il ne trouva qu’une seule famille canadienne française se rattachant à la religion évangélique. De plus, il avait à lutter contre l’indifférence et les préjugés d’une société hostile et cela sans le concours d’aucune organisation missionnaire.

Il commença d’abord, par se livrer au professorat, donnant des leçons à la High School et ailleurs. Le dimanche, il avait un culte dans sa maison. Par ses manières affables, courtoises, il gagna plusieurs familles et en 1875 une petite congrégation fut organisée par le presbytère d’Ottawa avec quatorze membres communiants. L’œuvre progressa rapidement et quelques années plus tard, grâce à l’énergie et à la constance du pasteur, une jolie petite chapelle en briques fut bâtie et dédiée au culte du Dieu de l’Évangile. Monsieur Ami fut pasteur de l’église d’Ottawa jusqu’en 1887. Ayant eu la douleur de perdre sa femme l’année précédente (13 juillet 1886) et sa santé étant fortement ébranlée il abandonna son champ missionnaire pour retourner en Europe. Après plusieurs années de voyages et de souffrances, monsieur Ami se trouve de nouveau en Amérique, travaillant avec courage à l’évangélisation des Canadiens.

Cœur sympathique et jeune, ce vieux missionnaire possède le don de se faire apprécier. Il prêche avec talent, enthousiasme et beaucoup d’âme. Il est organisateur et ne s’épargne nullement dans la lutte.

Marié en seconde noce le 30 décembre 1890, à mademoiselle Emma Amberg, de Zurich, Suisse, monsieur Ami occupa la position de gérant au bureau du Citoyen franco-américain jusqu’en avril 1891, époque où il prit charge de la mission d’Haverhill.