Le mystère des Mille-Îles/Partie II, Chapitre 9

Éditions Édouard Garand (p. 27).

— IX —


Renée ! Le nom même de la femme de John Kearns, dont il avait appris l’histoire tragique.

Elle vivait donc ? Il n’y avait pas à en douter, puisqu’il l’avait vue, qu’elle lui avait parlé, qu’il lui avait même pris la main.

Alors, que devenaient les récits répandus partout ?

Un roman d’une fantaisie folle s’ébaucha dans l’esprit d’Hughes. Il imagina que, pour être plus seuls avec leur amour, pour éviter à tout jamais les importuns et ne vivre, réellement et complètement, que l’un pour l’autre, les deux grands amoureux avaient fait répandre le bruit de leur mort et qu’ils vivaient toujours, en chair et en os, dans leur île.

Cette hypothèse, à y regarder de près, n’était pas plus inadmissible que les versions couramment acceptées des aventures du couple Kearns.

Mais un petit fait suffisait à la démentir : l’abandon indéniable du château et de son parc.

Que penser ? Que croire ?

Le mystère s’épaississait de plus en plus.

L’aviateur n’y réfléchit pas trop longtemps.

— Qu’importe ! s’écria-t-il pour lui-même. Je suis sûr d’une chose : c’est qu’elle est bien une femme « en vie ». Et quelle délicieuse réalité ! Le reste s’éclairera en temps opportun.