Éditions Police Journal (Aventures de cow-boys No. 5p. 13-15).

CHAPITRE IV

LE MESSAGE DE RODERSKINE


Deux heures plus tard…

Toujours dans la grange… Une douce intimité commence à lier Louisette et Fred.

Elle lui a raconté la mort de sa mère.

Sa douleur.

Sa tristesse.

Puis l’oubli.

L’oubli graduel…

Le bonheur avec son père qui, petit à petit, se transformait moins en père et davantage en camarade…

Puis ce fut le désastre irrémédiable.

Les Bartlett…

Roger Godin assassiné.

Par Sam Lortie…

Malette demanda :

— Mais pourquoi avez-vous vendu votre troupeau aux frères Bartlett, et cela à vil prix ?

— Toujours pour la même raison.

— Quoi ?

— Eh oui, Lortie me menaçait de tuer mon petit frère si je ne m’exécutais point.

Mallette prêta l’oreille.

Un galop.

Lointain.

Qui se rapprochait.

Se précisait.

Devenait distinct.

Fort.

Puissant.

Louisette dit :

— Cachez-vous, Fred…

Il était temps.

Un cowboy inconnu entrait dans la grange.

— Mademoiselle, dit-il, voulez-vous remettre ce message à Sam Lortie ?

Elle ne lui dit pas que Lortie s’était enfui.

Non.

— Je ferai cela, promit-elle simplement…

Quand l’inconnu eut pris congé, elle lut à Mallette le message suivant :

« SAM LORTIE, un développement extraordinaire vient de se produire ; un second Sam Lortie est apparu ; je l’ai dénoncé à Baptiste Verchères ; celui-ci m’a traité cavalièrement. Sois à la saloune radinovitch à minuit exactement ce soir.
« Ton camarade de toujours,
« Étienne Roderskine ».
x x x

— Ouais, fit Mallette.

— Quoi ?

Fred dit :

— Je crois que je vais y aller…

— … aller ?

— Oui, à ce rendez-vous de la mort, je veux dire de minuit…

Louisette protesta :

— Mais c’est un piège, un traquenard…

— Non, ou du moins pas tant que Roderskine n’aura pas deviné que je suis le faux Lortie…

— Il le devinera tout de suite…

— Peut-être, mais à ce moment-là, je serai prêt…

— Prêt ?

— Oui, prêt à repousser victorieusement son attaque.

Il prit brusquement Louisette dans ses bras.

L’embrassa sur la bouche.

Et dit :

— Vous savez ce que ça signifie ?

Silence…

— Ça signifie que dès cette minute vous êtes ma promise.

— Oh…

Mallette sortit de la grange.

D’un bond il fut à cheval.

Louisette, de la porte de la grange, le laissa s’éloigner, comme pétrifiée.

Puis sa figure manifesta de la surprise.

Étonnement qui se transforma en bonheur.

En bonheur radieux :

— Il m’aime, murmura-t-elle.

IL L’AIMAIT !