Le catalogue de la bibliothèque du Musée pédagogique

Le catalogue de la bibliothèque du Musée pédagogique
Revue pédagogique, premier semestre 1887 (p. 65-66).

LE CATALOGUE DE LA BIBLIOTHÈQUE
DU MUSÉE PÉDAGOGIQUE


Le premier volume du Catalogue des ouvrages et documents qui constituent la Bibliothèque centrale de l’instruction primaire au Musée pédagogique vient de sortir des presses de l’Imprimerie nationale. Il donne, en 482 pages de format grand in-8o, la nomenclature alphabétique, de A jusqu’à L, des ouvrages formant la première section de la bibliothèque[1]. Grâce à cette publication, dont nous espérons le prochain achèvement, la précieuse collection d’ouvrages relatifs à l’éducation réunie au Musée pédagogique se trouvera, plus qu’elle ne l’était jusqu’à présent, mise à la portée des travailleurs.

Nous reproduisons ci-dessous l’avant-propos placé en tête de ce volume par le bibliothécaire du Musée, M. le professeur Bonet-Maury :

Je ne rappellerai pas les origines de notre bibliothèque. On les trouvera retracées dans la brochure intitulée : Le Musée pédagogique, son origine, son organisation, Paris, Imprimerie nationale, 1884, in-8o, et à l’article Rapet, dans le Dictionnaire de pédagogie de M. F. Buisson, Ire partie. Je voudrais seulement, en présentant au public le premier volume du catalogue, en expliquer le mécanisme et indiquer les ressources d’un dépôt qui compte aujourd’hui 20,000 ouvrages.

Une bibliothèque sans catalogue ressemble à une maison sans portes, ou plutôt sans clefs. Aussi ma première pensée, en acceptant la charge de conservateur, fut de composer un catalogue méthodique. Mon prédécesseur, M. Charles Defodon, rédacteur en chef du Manuel général de l’instruction publique, m’en avait facilité la tâche, par la préparation d’un double jeu de fiches et la publication d’un spécimen de catalogue par ordre alphabétique de matières. Mais, convaincu par un examen minutieux qu’une telle œuvre exigerait plusieurs années de travail, et désireux de mettre le plus tôt possible à la portée des hommes d’étude la clef de notre maison, je me suis décidé à publier un catalogue par ordre alphabétique de noms d’auteurs, en le complétant par un Index rerum.

Voici le plan qu’on a suivi. Les livres ont été divisés en deux grandes sections.

La première comprend les ouvrages personnels, nominatifs ou anonymes, les travaux de Sociétés savantes, les journaux et revues. On a placé les ouvrages personnels d’après le nom de l’auteur. Les anonymes sont rangés d’après le mot principal du titre, lequel est imprimé en minuscules grasses, pour les anonymes étrangers, on a traduit le titre en français et on les a classés d’après l’initiale du titre en notre langue. Quant aux périodiques étrangers, on a conservé leur nom exotique, qui constitue pour ainsi dire leur état civil. La flèche désigne les journaux et revues en cours de publication ; l’astérisque, les ouvrages en double ou triple.

Nous avons renvoyé à la deuxième section les documents administratifs ou statistiques, programmes et règlements d’écoles publiques ou privées, annuaires ou catalogues. Les pièces y sont classées par pays ; ces derniers sont rangés par ordre alphabétique, en commençant par la France.

L’index général ne se rapporte qu’à la première section. Nous avons adopté trente divisions, non pas d’après un principe idéal de classification, mais de manière à y comprendre les diverses natures de livres que nous possédons. Les groupes sont ordonnés d’après l’initiale de la rubrique principale et, sous chacune d’elles, le lecteur trouvera, dans l’ordre des lettres, la liste des auteurs qui ont traité de la matière.

Je ne me dissimule pas les imperfections de ce premier volume ; mais, tel qu’il est, j’espère qu’il provoquera et facilitera les recherches, en faisant connaître les richesses de notre bibliothèque. En effet, elle ne renferme pas seulement la collection la plus rare de documents officiels et de renseignements sur l’état actuel de l’enseignement primaire en France et à l’étranger ; mais encore elle offre des sources précieuses pour l’histoire des grandes époques de l’instruction populaire en Europe, depuis le xvie siècle jusqu’à nos jours. Soit que l’on veuille étudier le merveilleux essor de l’enseignement et de l’éducation qui part d’Erasme, de Luther et de Mélanchthon[2] pour aboutir à Port-Royal, ou que l’on considère le mouvement de rénovation pédagogique qui se rattache à J.-J. Rousseau et aux encyclopédistes : que l’on examine les tentatives faites pendant la Révolution française et reprises en 1815, entr’autres par la Société pour l’Instruction élémentaire, pour organiser l’enseignement national, ou que l’on jette les veux sur cette loi de 1833, qui sera l’éternel honneur de François Guizot, on trouvera au Musée d’amples informations sur le sujet. Nos livres ont consigné les doléances et les aspirations, les soucis et les ardentes revendications des amis de l’instruction, à toutes les époques ; quelle qu’en soit l’origine, un même esprit les anime : la soif de la vérité, le besoin du progrès, la foi à l’amélioration du sort de l’humanité par l’éducation. On raconte que sur la porte de la plus vieille bibliothèque de l’Égypte, celle d’Osymandias, on lisait ces mots : Trésor des remèdes de l’âme. En parcourant, à l’heure incertaine du crépuscule, les salles de notre Musée pédagogique, il m’a semblé entendre mille voix s’échapper des volumes et murmurer à mon oreille ces paroles : « Ici la France trouvera le remède aux maux qui l’ont affligée. C’est par l’école et par l’éducation qu’elle se relèvera ! »

Le Bibliothécaire, sous-directeur du Musée,
G. Bonet-Maury.

  1. Ce volume est en vente, au prix de 6 fr., aux librairies Delagrave, Hachette, et Alphonse Picard, à Paris.
  2. Voir Préface du Répertoire des ouvrages pédagogiques du xvie siècle, par F. Buisson, n° 3 des Mémoires et Documents scolaires, Paris, Imprimerie nationale, 1886, in-8o.