Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ21.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux, (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21), p. 175-177).
HÂ 21 — BAGHÂN YASHT 3
Commentaire sur le Yênhê hâtâm.
Le Yênhê hâtâm est destiné à faire ressortir le mérite du culte rendu aux Amesha-Spentas.
« Celui et ceux dont le culte, Ahura Mazda le sait, donne le bien aux êtres en retour de leur sainteté, à ceux-là — à eux et à elles — nous offrons le sacrifice. » Et plus librement :
« Ceux pour le culte desquels Ahura Mazda promet le bonheur aux fidèles, en récompense de leur sainteté, à ceux-là, dieux et déesses, nous offrons le sacrifice. »
C’est-à-dire que le culte d’Ahuraet des Amesha-Spentas amène la prospérité de ceux qui le pratiquent.
Cette prière est imitée de la première strophe de la Gâtha Vohukhshathra, Y. LI, 22 ; cf. XV, 2 :
« Celui et ceux dont le culte, Ahura Mazda le sait, nous donne le bien, en retour de notre sainteté. aux êtres, en retour de leur sainteté, à ces êtres, qui ont été et qui sont 2[2], je sacrifie par leurs noms et leur apporte mon service. »
Elle peut s’adapter également au culte des Fravashis (Vp. XVI, 3 Sp. XIX, 7 ; Yt. XIII, 148). C’est la formule liturgique par excellence, comme résumant le sacrifice (Yêsnîm vacô), et elle se présente comme conclusion d’un grand nombre des Hâs du Yasna et de toutes les Gàlhas en particulier. A la différence de l’Ahuna Vairya et de l’Ashem vohû qui émanent d’Ahura (Y. XIX, 14 ; XX, 3), elle émane de Zoroastre (§ 1). Comme résumant le sacrifice, le Yêñhé hâtâm est désigné sous le nom de yasnô-kereti (Yt. LVII, 22).
4 (6). Quel retour annonçait-il en adressant cette parole 9[9] ?}}
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- ↑ 1. Litt. « Celui dans le sacrifice duquel Ahura Mazda sait en retour la félicité des êtres, par suite de sainteté, à ceux-là — eux et elles, nous offrons le sacrifice ». — yênhê…yêsnê « dans le sacrifice duquel » (duquel signifie « cui oblatum » non pas « a quo » ) ; paitî… vaêthâ « sait en retour le bien des êtres » c’est-à-dire sait que le bien leur revient, qu’il le leur doit. — vanhô (Gâtha : vahishtem) désigne le bien matériel aussi bien que le spirituel. Le pehlvi a la glose suivante : cikâmcî kâr ukarfak aish kart yakoyamûnêt mizd upatdahishn âkâs yakbûnêt « toutes les bonnes œuvres qu’un homme a faites, [Auhrmazd] en fait connaître le salaire et la récompense ». — yênhê « celui » désigne proprement Auhrmazd et, par opposition à yâoûhâm, devient un collectif désignant les Amesha-Spentas mâles — tàscâ tâoscâ désigne les Amshaspands hommes et les Amshaspands femmes ; le quatrième Amshaspand, Spenta-Ârmaiti, est le seul qui soit expressément traité comme femme : mais les deux suivants, Haurvatât et Ameretât, sont probablement compris aussi sous la mention tâoscâ, car ils sont féminins par leur nom. Sur les Amshaspands féminins, cf. Yt. LX, n. 14. — hâtâm « des êtres » ne dépend pas de yênhê, mais de vanhô et désigne les hommes qui existent à présent, voir note 5.
- ↑ 2. C’est-à-dire immortels, Amesha (Speñta).
- ↑ 3. yesnim vacô.
- ↑ 4. Litt. « cujus — Mazdae — sacrificium docet scilicet : leges Ahurae ». — Dinkart, IX, 49, 1 : « Celui-là enseigne le culte d’Auhrmazd dont la loi est celle d’Auhrmazd, c’est-à-dire dont la loi est bonne ».
- ↑ 5. Le commentaire porte en réalité sur le mot final hàtâm vanhô et sur les biens matériels qu’amène aux fidèles l’adoration d’Auhrmazd et des Amshaspands ; Dînkart, l. l., 2 : « Celui-là a fait sacrifice à Auhrmazd qui [donne ?] aux hommes qui existent (ol aitîkân martâmàn) les biens désirés de la vie » (zivishn khvahishnîh, rendant le substantif jijishàm, sorte de désidératif de hujyâiti).
- ↑ 6. Dînkart, l. l., 3 : « Offre sacrifice aux saints, mâles et femelles, celui qui prie les Amshaspands ».
- ↑ 7. Litt. « A qui le sacrifice ? ».
- ↑ 8. Début de la Gâtha Ushtavaiti (XLIII, 1), qui établit l’idée de la rétribution du bien ; cité ici, sans doute, comme commentaire du yèsnê paiti vanhô.
- ↑ 9. cim aêtaya paitivaca palti-âmraoإ ; litt. « que répondit-il par cette réponse » : paiti mrù, litt. « dire en retour », ne suppose pas nécessairement une parole à laquelle on répond ; c’est la réponse, en parole ou en acte, à l’acte aussi bien qu’à la parole ; ainsi, ailleurs (Y. XXIX, 3, v. note 14), il est employé au sens de « châtier » (pâtfrâs obdunênd) ; ici il s’agit d’une récompense, d’un retour pour le bien (mizd ; Comm. P. ad § 8). Voici pourquoi les deux vers précédemment cités, qui ouvrent la Gàtha Ushtavaiti, sont, dans la traduction pehlvie, accompagnés de la glose marginale : pasukh gavishnîh î Auhrmazd jân î Zurtûsht « réponse d’Aubrmazd, récompense de Zoroastre ».
- ↑ 10. hufràyashtâm ; pun khûp fràj îjishnîh méhmân. Le Yêñhê hàtàm proclame l’excellence du sacrifice et l’achève.