Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ22.




HÂ 22 — HÔMAST YASHT

Cf. Shâyast-lâ-Shâyast, 313, n. 8.



Le manuscrit liturgique porte en tête de ce Hâ le titre Hômâst Yasht bûn, où Hômâst (ou mieux Hôm-ast) représente sans doute une corruption, orthographique ou phonétique, de Hômyast « sacrifice de Hôm » ; cf. dans le Dînkart, IX, xii, 1, yasn écrit asn. En effet ce chapitre et les suivants jusqu’aux Gâthas, et l’on peut dire même jusqu’à la fin de la Gâtha Ahunavaiti, sont consacrés à la préparation du Haoma.

Ce Hâ correspond dans le sacrifice de Haoma au Hâ III : il contient l’appel au sacrifice des offrandes qui font partie du sacrifice de Haoma et des divinités qu’on y convie. L’énumération de ces divinités comprend deux parties ; la première est l’énumération normale des premiers Hâs (§§ 4-19 = Hâ III, 4-19) ; la seconde est l’énumération plus rare qui est reproduite dans l’Introït du Yasna (§§ 8-12 ; v. s. pages 3-4).

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« Déposer [sur un plat] du Hôm et de l’Urvaràm » 1[1].

Le Zôt prend le zôr-tâê, le trempe dans le jivâm, et le passe sur l’Evanghin du Barsom, en disant, avec le Râspî :

1. Ashem vohû. La sainteté est le bien suprême… (3 fois).
Le baresman étant déposé 2[2], avec la libation, pour le créateur Ahura Mazda, brillant et glorieux, et pour les Amesha-Spentas ;

j’appelle au sacrifice ce Haoma, pieusement préparé 3[3].

J’appelle au sacrifice le [lait] vif de la vache, pieusement préparé 3.

J’appelle au sacrifice cette plante de Hadhanaêpata, pieusement préparée.
2 [5]. Des Bonnes Eaux, j’appelle au sacrifice ces libations, unies au Haoma, au [lait] de la vache, au Hadhanaêpata 4[4] ;

Des Bonnes Eaux, j’appelle au sacrifice l’eau de Haoma 5[5].

J’appelle au sacrifice le mortier d’argent ;

j’appelle au sacrifice le mortier de cuivre 6[6].
3 (3). J’appelle au sacrifice cette plante-ci qui sert de baresman ; et l’Adoration des Maîtres 7[7], prompte à accourir 8[8] ; et l’Étude et la Pratique de la bonne Religion Mazdéenne ; et la Récitation des Gâthas, et l’Adoration des Maîtres, prompte à accourir, [l’Adoration] du saint, maître de sainteté.

J’appelle au sacrifice ce bois et ces parfums, pour toi, ô Atar, fils d’Ahura Mazda.

Et j’appelle au sacrifice toutes les bonnes choses, créées par Mazda, issues du Bien ;

Le ZôL remet le zôr-làê sur le jîvâm.

4 (12). Pour réjouir Aliura Mazda, pour réjouir les Amesha-Spentas, et le pieux Sraoslia, et le Feu, fils d’Aliura Mazda, et le grand Maître de sainteté.

5 (13)“. J’appelle au sacrifice les Génies des veilles, saints, maîtres de sainteté. J’appelle au sacrifice Hàvani, saint, maître de sainteté.

J’appelle au sacrifice Sâvanhi et Vîsya, saints, maîtres de sainteté.

J’appelle au sacrifice Mithra, maître des vastes campagnes, qui a mille oreilles, qui a dix mille yeux, divinité invoquée par son nom ; et Ràma Ilvâstra.

Le Zôt seul  :

G. J’appelle au sacrifice Rapithwina, saint, maître de sainteté.

J’appelle au sacrifice Fràdat-fshu et Zantuma, saints, maîtres de sainteté. J’appelle au sacrifice Asha Vahishta et le Feu d’Ahura Mazda.

7. J’appelle au sacrifice Uzayêirina, saint, maître de sainteté.

J’appelle au sacrifice Fràdat-vira et Dahyuma, saints, maîtres de sainteté. J’appelle au sacrifice le grand, le souverain Apàm Napât et les eaux créées par

Mazda.

8. J’appelle au sacrifice Aiwisrùthrima Aibigaya, saint, maître de sainteté. J’appelle au sacrifice Fràdat-vîspàm- hujyàiti et le Zarathushtrôtema, saints,

maîtres de sainteté.

J’appelle au sacrifice les Fravashis des justes, et les Femmes (divines) avec leurs troupes d’hommes  ; et le Bonheur de l’année  ; et la Force bien faite et de belle taille, Verethraghna, créé par Ahura, et l’Ascendant destructeur.

9. J’appelle au sacrifice Ushahina, saint, maître de sainteté.

J’appelle au sacrifice Berejya et Nmânya, saints, maîtres de sainteté.

J’appelle au sacrifice le saint Sraosha, dévot, victorieux, qui accroît le monde ; et

Rashnu Razishta, et Arsbtàt, qui accroît le monde, qui fait grandir le monde.

JO. J’appelle au sacrifice les Mois, saints, maîtres de sainteté.

J’appelle au sacrifice la Nouvelle Lune, sainte, maître de sainteté.

J’appelle au sacrifice la Pleine Lune et Vîsbaptatha, saints, maîtres de sainteté. 11. J’appelle au sacrifice les Fêtes de saison, saintes, maîtres de sainteté. J’appelle au sacrifice Maidhyôi-zaremaya, saint, maître de sainteté.

J’appelle au sacrifice Maidhyôi-shema, saint, maître de sainteté.

J’appelle au sacrifice Paitish-hahya, saint, maître de sainteté.

J’appelle au sacrifice Ayâthrima, où la chaleur tombe et où a lieu la saillie des troupeaux ; saint, maître de sainteté.

J’appelle au sacrifice Maidhyâirya, où le froid règne ; saint, maître de sainteté. J’appelle au sacrifice Hamaspathmaêdaya, saint, maître de sainteté.

9. Les §)5 5-19 zr Y. 111, 5-19. J’appelle au sacrifice les Années, saintes, maiires de sainteté.

12. J’appelle au sacrifice tous ces Maîtres, maîtres de sainteté, au nombre de trente-trois, qui s’approchent d’ici à l’heure de Hàvani ; maîtres de la Sainteté parfaite, enseignés par Mazda, proclamés par Zarathushtra.

13. J’appelle au sacrifice Ahura et Mithra, grands, impérissables et saints ;

et les Etoiles, créations de l’Esprit Bienfaisant  ;

Tishtrya, étoile brillante et glorieuse ;

la Lune, qui contient le germe du Taureau ;

le Soleil, aux chevaux rapides, œil d’-Miura Mazda ;

Mithra, maître des pays.

Ici l’invocation du jour et du mois  ; on donne pour exemple le premier jour du premier mois  :

[J’appelle au sacrifice Ahura Mazda, brillant et glorieux.

J’appelle au sacrifice les Fravashis des justes.]

14. Je t’appelle au sacrifice, ô Feu, fils d’Ahura Mazda, avec tous les autres feux.

J’appelle au sacrifice les Bonnes Eaux et toutes les eaux créées par Mazda, toutes

les plantes créées par Mazda.

15. J’appelle au sacrifice la Parole Divine, sainte, qui exprime le désir du Seigneur ;

la Loi donnée contre les Daêvas, la loi de Zarathushtra ;

la longue Tradition ;

la bonne Religion Mazdéenne.

16. J’appelle au sacrifice le mont Ushidarena, créé par Mazda, siège de sainte félicité, et toutes les montagnes, sièges de sainte félicité, sièges de pleine félicité, créées par Mazda ;

la Gloire des Kavis, créée par Mazda ; la Gloire insaisissable, créée par Mazda ;

la bonne Fortune (Ashi), la bonne Sagesse (Cisti), la bonne Pensée (Erethé), le bon Penser (Rasàstâtj  ;

la Gloire et le Bien-Être, créés par Mazda.

17. J’appelle au sacrifice la bonne Bénédiction du juste et le juste lui-même, saint ; et la Pensée de malédiction du sage. Divinité redoutable et puissante.

18. J’appelle au sacrifice ces lieux et ces contrées ; ces campagnes, ces demeures, ces étables ; ces eaux, ces terres, ces arbres, cette terre et ce ciel ; le vent saint, les étoiles, la lune, le soleil, la Lumière infinie créée d’elle-même ; toutes les créatures de l’Esprit Bienfaisant, saintes, maîtres de sainteté.

19. J’appelle au sacrifice le Grand Maître de sainteté ; les Maîtres des jours, des veilles, des mois, des fêtes de saison, des années, maîtres de sainteté ; le maître Hàvani.

Même rite qu’au commencement du Hû.

Le Zôt et le Râspî ensemble  :

20 (14), Asbem vobû. La sainteté est le bien suprême... (3 fois). Le baresman étant déposé, avec la libatron, pour le créateur Ahura Mazda, brillant et glorieux, et pour les Amesha-Spentas ;

j’appelle au sacrifice ce Haoma, pieusement préparé.

J’appelle au sacrifice le [lait] vif de la vache, pieusement préparé.

J’appelle au sacrifice cette plante de Iladlianaêpata, pieusement préparée.

21 (ITL Des Bonnes Eaux, j’appelle au sacrifice ces libations, unies au Haoma, au [lait] de la vache, au Hadhanaêpata ;

des Bonnes Eaux, j’appelle au sacrifice l’eau de Haoma.

J’appelle au sacrifice le mortier d’argent ; j’appelle au sacrifice le mortier de cuivre.

22 ( 20 ). J’appelle au sacrifice cette plante-ci qui sert de baresman ; et l’Adoration des maîtres, prompte à accourir  ; et l’Étude et la Pratique de la bonne Religion Mazdéenne ; et la Récitation des Gâthas, et l’Adoration des Maîtres, prompte à accourir, [l’Adoi’ation] du saint^ maître de sainteté.

J’appelle au sacrifice ce bois et ces parfums, pour toi, ô Atar, fils d’Aluira Mazda.

Et j’appelle au sacrifice toutes les bonnes choses, créées par Mazda, issues du Bien ;

Le Zôt remet le zôr-tâê sur le jivâm.

23 (24) Pour réjouir Ahura Mazda, brillant et glorieux  ; les AmeshaSpentas  ;

Mithra“, maître des vastes campagnes, et Râma Hvâstra'® ;

24 (26). le Soleil immortel, brillant, aux chevaux rapides ;

Vayu, le triomphant, qui écrase toutes autres créatures ; — cette partie de toi, ô Yayu, qui appartient à l’Esprit du Bien*^  ;

la très droite Cista*'^, créée par Mazda, sainte ;

la bonne Religion mazdéenne’^  ;

2o (29). la Parole Divine'®, sainte, qui exprime le désir du Seigneur  ;

10. Ici commence une nouvelle énumération, celle-là même qui sert d’introduction au Yasna (v. pp. 3-4). Elle comprend Ahura et les Amesha-Spentas ; quatre divinités de caractère naturaliste et plus spécialement solaire (Mithra et Râma Hvâstra ; le Soleil, Vayu) ; une série de divinités liturgiques et abstraites ; enfin le Feu, témoin de tout sacrifice, et les Fravashis.

‘11. Voir Y. I, note 17,

12. Jbid., note 19.

13. Voir l’Introduction au Yt. XV.

14. Voir Y. I, note 57 ; Cista est invoquée avec la Religion (Daêna), le jour Dîn (Sîrâza, 24).

15. Voir Y. 1, note 51 et Sirôza, 24.

16. Mâtlira Spentâ  ; v. Y. I, note 47. Les divinités qui suivent sont invoquées en sa compagnie le jour qui lui est consacré, ou jour Maliraspand (Siroza, 29). la Loi ennemie des Daêvas 17, la loi de Zarathushtra ;

la longue Tradition 18 de la bonne Religion mazdéenne ;

la Propagande 19 de la Parole Divine ;

l’Intelligence qui retient la Religion mazdéenne 20 ;

la Connaissance de la Parole Divine 21 ;

l’Intelligence naturelle, créée par Mazda ; l’inlelligence acquise par Toreille, créée par Mazda 22 ;

26 (21). le Feu, fils d’Ahura Mazda,

toi, ô Feu, fils d’Ahura Mazda, avec tous les autres feux ;

le mont Ushi-darena, créé par Mazda, siège de sainte félicité ;

27 (31). toutes les divinités saintes du monde spirituel et de ce monde ;

les redoutables, victorieuses Fravashis des saints, les Fravashis des premiers fidèles, les Fravashis de mes proches parents : divinité invoquée par son nom 23.

17. Voir Y. I, note 49.

18. Ibid., note 50.

19. zarazdàtôisli màtlirahê speûtahê : raoàk daliislinilii Mdnsaraspand « l’action de faire circuler la Parole Divine » ; cf. Y’t. IX, 26.

20. uslii-darethrem daénayâo : ôshdâshtdrih Mdnsaraspand « l’action de tenir dans son intelligence la Parole sainte ».

21. vaêdhim ; Cf. Y’asna XIII, 3, et note 11.

22. Les connaissances de l’homme sont le fruit soit de l’intelligence naturelle, soit de l’étude : l’une est dite âsnù khratu « l’intelligence naturelle » ou peut-être mieux « l’intelligence bien née, bien faite » (âsna — *à-zana *â-zua ; cf. à-zâta « noble » ; àsna est traduit en sanscrit suçila « de bonne nature » ) ; l’autre est gaosliô srùla khratu « l’intelligence entendue par l’oreille ». — « Qui n’a point l’intelligence naturelle, dit le Grand Bundahish, ne peut rien apprendre de l’intelligence acquise ; qui a l’intelligence naturelle sans l’intelligence acquise, l’intelligence naturelle ne lui sert de rien ». « La connaissance, dit le Dlnkart (éd. Peshotan, ch. lxxx ; p. 409 dans West, Pahlavi Texts, II), naît de l’union de l’intelligence naturelle et de l’intelligence acquise ; la première est femelle, la seconde est mâle » (sans doute comme fécondant l’autre). — L’explication du nom des Mages, donnée par les Parsis à Chardin, conserve un souvenir étrange et confus de cette distinction : « magouch, c’est-à-dire homme sans oreilles, pour insinuer que leur Docteur avoit puisé toute sa science dans le ciel et qu’il ne l’avoit pas aprise par l’ouïe comme les autres hommes » (Voyages., III, 130, éd. d’Amsterdam).

23. Sous le nom à’Artdfarvart (Ashaonàm fravashayô).


  1. 1. Texte complet de Pt4 : srishâmrûtig gavisha, êsmàbôi ê tâk min dashan barâ anakhtûnisha ; Hôm pun kamistîh 3 tâk u urvarâm pârak ê anakhtûnishn ; « Répéter trois fois (l’Ashem vohû) ; mettre à droite (?) un êsmbôî ; mettre au moins trois tiges de Hôm et un morceau d’urvarâm ».
  2. 2. « Sur le Barsôm-dàn » : Vp. IX, 1.
  3. 3. Qui va l’être ; cf. Vp. X, 1 : Haomanâm uzdâtanàm uzdâhyamnanâm.
  4. 4. Elles seront mêlées en effet au Hôm, au jîvâm, et à l’Urvarâm : voir Y. XXV, 1.
  5. 5. Les Bonnes Eaux, c’est-à-dire les eaux du présent sacrifice, sont mêlées au Haoma sous deux formes : eau consacrée ou libation, zaothra (Y. XXV, 2) ; eau simple, prise de la kundî, âp haomya (Y. XXVI, kiryâ du § 11).
  6. 6. Il est probable que l’on récitait l’une ou l’autre formule, selon que le mortier était en métal commun ou en argent : les instruments du sacrifice, dit Anquetil, « doivent être de métal (les riches en ont d’argent) pour qu’on puisse les purifier plus facilement » (Zend Avesta, II, 534). On serait tenté de traduire asmanaèibya « de pierre », asman signifiant « pierre » : se rappeler que les mortiers de pharmacien, hâvan, sont de marbre blanc ; mais le pehlvi traduit asîmîn « d’argent » et non sangîn, et il faut supposer que le nom de la pierre, asman, a donné son nom à l’argent asîm sim, par quelque association qui nous échappe, peut-être la similitude de couleur.

    hàvanaêibya, au duel, l’instrument étant composé de deux parties, le mortier proprement dit et le pilon, « le havana inférieur et le havana supérieur » (Y. X, note 5).
  7. 7. Ratufritîm : voir Y. III, note 49.
  8. 8. jaghmûshîm.