Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/Vispéred/Karda 7.

Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 460-463).


KARDA 7 (SP. 8)

Ce Karda suit le Hâ XVII dans le Vd. Sadé. Il présente le même caractère et le même type de formule que ce Hâ et le précédent dont il complète les énumérations. Il s’intercale également et pour la même raison dans les invocations du Hâ XXV.


_______________


.
1. Nous sacrifions aux paroles droites 1[1].

Nous sacrifions au pieux Sraosha ; nous sacrifions à Ashi Vañuhi ; nous sacrifions à Nairyô-Sañha 2[2].

Nous sacrifions à la Paix et à la Force triomphante 3[3].

Nous sacrifions au Calme et à l’Innocence 4[4].

Nous sacrifions aux Fravashis des saints.

Nous sacrifions au Pont Cinvat 5[5].

Nous sacrifions au Garô-nmâna 6[6] d’Ahura Mazda.

Nous sacrifions au Paradis des justes, resplendissant, tout bienheureux.
2 (9). Nous sacrifions à l’excellent chemin qui conduit au Monde excellent 7[7].

Nous sacrifions à la Droiture.

Nous sacrifions à la bonne Religion mazdéenne, qui fait croître le monde, grandir le monde, prospérer le monde.

Nous sacrifions au très droit Rashnu 8[8], et à Mithra 9[9], maître des vastes campagnes.

Nous sacrifions à la large Pareñdi, qui élargit la pensée, élargit la parole, élargit l’action et qui allège le corps 10[10].
3 (14). Nous sacrifions à la vaillance virile 11[11], qui agrandit l’homme 12[12] et agrandit l’intelligence dans l’homme 13[13], qui est plus rapide que le rapide, plus forte que le fort ; qui vient comme un don du ciel 14[14] et qui de la prison la plus étroite apporte la délivrance à l’homme 15[15].

Nous sacrifions au sommeil, créé par Mazda, pour le bien-être des troupeaux et des hommes.
4 (17). Nous sacrifions aux créatures saintes qui ont été créées les premières, formées les premières 16[16], avant le ciel, et l’eau, et la terre, et les arbres, et le bœuf qui donne le bien.

Nous sacrifions à la mer Yourukasha 17[17] ; nous sacrifions au vent impétueux, créé par Mazda.

Nous sacrifions au beau ciel, créé le premier, formé le premier d’entre les créatures du monde matériel 18[18].


5 (21) 19[19] Nous te sacrifions, ô Feu, fils d’Ahura Mazda, saint, maître de sainteté.

Nous sacrifions à ce baresman, avec sa libation, avec son lien pieusement lié ; saint, maître de sainteté.

Nous sacrifions à Apàm Napât.

Nous sacrifions à Nairyô-Sanha.

Nous sacrifions à la Pensée de malédiction du Sage, puissante Divinité.

Nous sacrifions aux âmes des morts, aux Fravashis des saints.
Nous sacrifions au Grand Maître, Ahura Mazda, qui est suprême en sainteté, qui est le plus prompt aux œuvres de sainteté.

Nous sacrifions à toutes les paroles de Zarathushtra.

Nous sacrifions à toutes les bonnes actions, faites et à taire.

Yènhê hàtàm.

Yathâ ahù vairyô (Ràspi, Zôt).


_____________________



  1. 1. L’Avesta correctement récité ; v. Yasna XVI, 1, note 2.
  2. 2. Voir Yasna LVII, 3, note 9.
  3. 3. âkhshtîm hàmvaintim ; je traduis par conjecture en prenant vaiñtim pour l’abstrait de van : le pehlvi transcrit hamvandîh (la forme fréquente amâvandîh vient d’une confusion avec amavañt). On pourrait songer à un participe de hàm-vâ (cf. Yt. X, 41 : Sraoshô… hàmvâiti), conspirans : mais il est douteux que la radicale se fût abrégée. Hàmvaiñti est la force qui impose la paix. Le duel du Vp. XI, 16 (Sp. XII, 34), note 22, indique que Hàmvaiñti est un substantif parallèle à âkhshti.
  4. 4. astaretaca amuyamna ; dvandva au duel ; a-stareta, astartîh « non-confusion » (voir astareman, LXXI, 17. note 37). a-muyamna, amûtakîh mînôi khvêshkârîh « a-mûtakîh, génie de la vertu » ; du Yasna pehlvi XI, 99, il ressort que amûtakîh est la vertu en tant qu’elle ne fait pas le mal, « qu’elle ne détruit pas ».
  5. 5. Voir Yasna XLVI, 10.
  6. 6. Le Paradis ; v. Yasna XLV, 8.
  7. 7. Au Paradis. « Tout chemin qui conduit là » (P.), c’est-à-dire toutes les œuvres, quelles qu’elles soient, qui conduisent au ciel (zakic kâr kâr manash râs î ol vahisht patash shâyat bûtan ; Dâdistân, VI, 8).
  8. 8. Voir Y. I, note 17.
  9. 9. Voir Y. I, note 31.
  10. 10. Pareñdi est la déesse des trésors cachés, selon Nériosengh ad Yasna XIII, 1 [XIV, 2]:s’agit-il de l’aisance d’esprit que donne la fortune ? — La même description est appliquée à l’aurore [Gâh, V. 5], à laquelle elle convient également dans un autre sens. — Pareñdi est littéralement une abstraction de l’Abondance, de la « plénitude » ; védique Puramdhi.
  11. 11. nairyâm hâm-varetim ; v. Yasna LXII, 4 [LXI, 11].
  12. 12. framen-naràm, firâkh gabrâ.
  13. 13. framen-narô-vîràm, firâkh gabrâ vîr ; vira ne peut être ici le mot vira « homme », lequel s’oppose à pasu « troupeaux » : c’est sans doute vira « intelligence » ; cf. Y. LXII, 5 et Études iraniennes, II, 183.
  14. 14. baghô-hakhtemeit, litt. « par répartition de Dieu (bagha, celui qui répartit) » ; construction adverbiale.
  15. 15. vîgereptàcit, locatif de viçerepti ; tanvô baokhtârem dadhàiti « donne aux corps un libérateur » (baokhtar, de buj « délivrer » : ph. bôkhtakîh).
  16. 16. Les Yazatas ; v. Yasna XVI, 3 [XVII, 11].
  17. 17. V. Yasna XLII, 4 [XLI, 29].
  18. 18. Après la création des Amshâspands, Ormazd se mit à créer le monde; il commença par le ciel : ce fut l’œuvre du premier Gâhânbâr : v. plus haut, p. 37.
  19. 19. Cette fin reproduit les §§ 23-24 du Hâ LXXI.