Le Vote des femmes/Les femmes qui agissent et qui écrivent

V. Giard & E. Brière (p. 99-114).


LES FEMMES QUI AGISSENT ET QUI ÉCRIVENT


Bien que annihilées en politique, Jeanne Deroin, Pauline Roland et d’autres militantes impliquées dans une affaire politique, « L’Union des Associations » furent sans bénéfice pour notre cause, emprisonnées expulsées, exilées.

Plus tard, ont été déportées pour avoir participé à la Commune, ces autres exclues de la politique : la révolutionnaire point suffragiste, Louise Michel et ses sœurs insurgées.

Lorsqu’on offrit à Louise Michel qui recommandait les candidatures de morts, de poser sa candidature, elle répondit :

« Le progrès ajournant la révolution, le bulletin de vote n’est pas mon arme. »

Après les femmes qui agissent, voici des femmes qui écrivent : Juliette Lamber (Mme  Adam) dans son livre





sous ce titre : Idées Anti Proud’honiennes sur l’amour, la femme et le mariage, réfuta intelligemment Proud’hon.

Mme  Jenny d’Héricourt, pour combattre Michelet, Proud'hon, Auguste Comte, E. de Girardin fit paraître en 1860 La Femme Affranchie.

Vers la même époque Julie Daubié publia La Femme Pauvre au XIXe siècle.

Mme  Olympe Audouard avec son journal Le Papillon.

Mme  Andrée Léo avec ses romans en vogue, Mme  M. L. Gagneur avec ses livres, Mmes  Angélique Arnaud, et Caroline de Barreau avec leurs articles de journaux firent discuter la question des femmes, sur laquelle l’homme d’État Stuart Mill, attira l’attention mondiale en publiant : L’assujettissement des Femmes et en déposant, dès 1866 à la Chambre des Communes, des pétitions couvertes de signatures de femmes demandant le suffrage.

Un comité fut créé en 1866 pour s’occuper de refondre les Codes napoléoniens et poser les bases d’une législation civile rationnelle. Les réunions de ce comité se tenaient chez M. Jules Favre ; elles étaient composées de MM. Émile Acollas, Jules Favre, Jules Simon, Ch. Vacherot, Frédéric Morin, Joseph Garnier, Courcelles-Seneuil, Ch. Lemonnier, André Cochut, Hérold, Clamagéran, Paul Jozon, Jules Ferry, Floquet, Paul Boiteau, Henri Brisson, Dr Clavel.

Ce comité qui s’occupa de réformer le mariage, ne maintint dans le chapitre VI que l’article 212. Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance.

Le distingué jurisconsulte Émile Acollas, dont en 1878 et 1879 je suivis le cours de droit, était l’avocat du sexe féminin dans le comité pour la refonte des Codes.

De 1868 à 1908.

En 1869 la société de La Revendication des Droits de la Femme fut fondée par Mlle Caroline Demars, M.  et Mme Leval, M. Antide Martin, Mme André Léo, M. Colfavru, M.  et Mme Verdure, Mlle Toussaint, M.  et Mme Élie Reclus, M. Ernest Hendlé, M. G. Francolin, Mlle Marie David, dans le but d’instituer des écoles de filles destinées à hâter la reconnaissance légale des droits de la femme.

Mais déjà Maria Deraismes et Léon Richer avaient entrepris une campagne en faveur du sexe féminin. Ils ne réclamaient pas comme leurs devanciers le droit intégral pour la femme, ils demandaient seulement les droits civils disant, qu’afin de ne point effrayer il fallait bien se garder de revendiquer les droits politiques qui ne pouvaient être que le couronnement de l’affranchissement des femmes.

Maria Deraismes qui a donné son nom à une rue de Paris et dont la statue est place des Épinettes, fut une oratrice aussi éloquente qu’érudite et spirituelle. Cette femme politique, qui ne parlait point d’introduire son sexe dans la politique, n’était cependant pas toujours satisfaite des législateurs mâles, puisqu’elle fit souvent blackbouler les députés qu’elle avait fait élire. Maria Deraismes mourut en 1894 à l’âge de 66 ans.

Léon Richer, qui fut surnommé « L’homme des Femmes » avait abandonné les professions de clerc de notaire et d’employé de chemins de fer, pour se dévouer à faire rendre justice aux femmes opprimées.

En 1869, il créa avec les sœurs Deraismes la société pour « L’Amélioration du sort de la Femme et la revendication de ses Droits ».

En 1882, il fonda « La Ligue Française pour le Droit des Femmes » qui fut présidée par Mme  Maria Pognon de 1891 à 1903.

Léon Richer, avec le concours financier de M. Arlès Dufour, fit paraître, en 1869, le journal Le Droit des Femmes qui après la guerre devint la revue l’Avenir des Femmes et plus tard reprit son premier titre. Il organisa des banquets sensationnels. C’est à l’occasion d’un de ces banquets que Victor Hugo écrivit en 1872 :

« Dans notre législation, la femme est sans droits politiques ; elle ne vote pas, elle ne compte pas, elle n’est pas. Il y a des citoyens, il n’y a pas de citoyennes. C’est là un état violent : il faut qu’il cesse. »

En citant notre grand poète, la Presse a éveillé chez les spoliées l’idée du droit et, un an après, je ne fus pas la seule conscrite, qui vint de cent lieues s’enrôler dans l’armée féministe, où nous rejoignit vers 1878 Eugénie Pierre.

Léon Richer, défenseur des droits civils de la femme, ne souffrit point que son programme s’élargît : Or, il y avait parmi ses disciples des impatients qui entendaient réclamer de suite les droits politiques des femmes ; cela fit se produire une scission, dont d’ailleurs le parti tira avantage.

La société Le Droit des Femmes, dont les énergiques manifestations firent tant de bruit, fut créée. La Citoyenne parut et l’avant-garde d’irréductibles entraîna, poussa en avant, les effrayés d’entendre proposer de donner à la femme avec l’électorat et l’éligibilité le pouvoir de se faire libre.

En 1871, Mlle  Julie Daubié fonda « L’association pour l’Émancipation de la Femme » où était demandé le Suffrage des Femmes remis entre les mains des veuves et des filles majeures.

Julie Daubié fut en France la première bachelière[1]. Elle passa ses examens devant la faculté des lettres de Lyon en 1862 à l’âge de 40 ans, fut reçue avec grands éloges.

Après s’être difficilement fait admettre à passer son baccalauréat, elle eut à soutenir une véritable lutte avec le ministre de l’instruction publique pour obtenir son diplôme qui ne lui fut délivré que grâce à l’intervention de M. Arlès Dufour.

Elle fut reçue licenciée-ès-lettres en 1871, elle se préparait à devenir docteur, quand en 1874 la mort la terrassa.

Au 1er Congrès international des Droits de la Femme qui fut organisé en 1878 par Léon Richer et Maria Deraismes, il était défendu de parler des droits politiques de la femme.

Voici un passage du discours jugé subversif que je fis paraître sous ce titre :

« Le Droit Politique des Femmes, question interdite au Congrès des Femmes de 1878. »

« La collectivité des hommes et des femmes a les mêmes intérêts sociaux et politiques. Pourquoi l’homme s’est-il arrogé à lui seul le privilège de faire les lois ? Se croit-il un roi infaillible ? Vous riez beaucoup, messieurs les libres-penseurs, vous riez beaucoup du pape infaillible ; mais dans la vie présente, vous tous, vous êtes des papes infaillibles. Vous nous obligez, nous, la moitié de l’humanité, et cela, sous peine de condamnation, à nous soumettre sans examen, sans discussion, aux lois que vous nous faites. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Trouvez-vous juste, messieurs, que les femmes subissent les lois sans les faire ; quelles soient mineures devant les droits, majeures devant les lois répressives ; qu’elles n’aient pas le droit de s’occuper de politique, et que, pour un écrit politique, elles soient condamnées à la prison et à l’amende ; qu’elles n’aient pas le droit de cité et qu’elles soient admises à monter sur l’échafaud, comme cette femme ministre, Mme  Roland ; qu’elles n’aient pas le droit d’opter pour une forme de gouvernement et qu’elles aient celui d’aller agoniser à Lambessa, comme cette mère de famille, Pauline Roland. Trouvez-vous juste, messieurs, que les femmes n’aient pas le droit d’affirmer leur opinion par un vote, quand, pour avoir prêché les principes républicains, beaucoup ont été emprisonnées, exilées, déportées ?

La société Le Droit des Femmes, fondée en 1876, ne voulut s’inféoder à aucun système. En protestant contre les lois existantes faites sans les femmes contre les femmes, elle a toujours rejeté l’idée d’institutions futures élaborées sans le concours des femmes, parce que ces institutions seraient encore faites contre elles.

En 1879 eut lieu à Marseille, le congrès socialiste ouvrier qui vota l’égalité de l’homme et de la femme, et ainsi fit inscrire dans le programme du parti des travailleurs socialistes de France, art. 5 « Égalité civile et politique de la femme ».

Voici un extrait du discours prononcé par moi à ce Congrès où la société « Le Droit des Femmes » m’avait déléguée.

« On trouve bon de faire des recherches scientifiques sur tout. On multiplie les expériences tendant à tirer des bêtes tout l’utile, des plantes tout le salutaire. Mais jamais encore on n’a songé à mettre la femme dans une situation identique à celle de l’homme, de façon à ce qu’elle puisse se mesurer avec lui et prouver l’équivalence de ses facultés.

On dépense en France des sommes folles pour obtenir certaines qualités, souvent factices, chez des races d’animaux, et jamais on n’a essayé d’expérimenter avec impartialité la valeur de la femme et de l’homme. Jamais on n’a essayé de prendre un nombre déterminé d’enfants des deux sexes, de les soumettre à la même méthode d’éducation, aux mêmes conditions d’existence.

« Qu’on permette aux femmes d’exercer les droits dont jouissent les hommes et qu’on enserre les hommes dans les préjugés à l’aide desquels on a garrotté les femmes ; bientôt les rapports entre la valeur des sexes seront totalement renversés. »

« Pour édifier la société future de manière à ce que les femmes n’y soient pas lésées, il leur faut le droit de travailler à l’édifier ; il leur faut l’outil qui se trouve au pouvoir de l’homme : le bulletin de vote. . . . . . . »

La société « Le Droit des Femmes » toujours agissante, fit des manifestes, des conférences, des pétitions, des manifestations. À la première fête nationale, sa bannière bleue voilée de crêpe provoqua des applaudissements et des critiques.

Alors que les féministes de ce temps-là interrogeaient le vent ; étaient paralysés par la crainte du ridicule, restaient chez eux ironiques et bras croisés ; nous déployions sous les injures et les outrages, ce drapeau programme du féminisme, la Citoyenne !

Notre petit bataillon d’intrépides rénovateurs, devait à la fois riposter à Léon Richer qui criait que « nous ne pouvions étant si jeunes, voir juste, penser bien » et au Figaro, qui très courtoisement, nous demandait : si après les femmes, les bœufs voteraient ?

En 1883 la société « Le Droit des Femmes », prit le titre de société Le suffrage des Femmes.

« Le suffrage des Femmes », avec sa bannière rose et bleue fut acclamé aux funérailles de Victor Hugo (1885).

Alexandre Dumas qui avait éloquemment plaidé en faveur des droits politiques du sexe féminin ayant été sollicité de devenir président de la société Le Suffrage des Femmes vint me faire cette réponse :

« Je vous aiderai davantage en restant indépendant, si j’acceptais la présidence que vous m’offrez, on me dirait : – Vous êtes avec Hubertine Auclert… et je ne serais plus écouté à l’Académie ! »

La société voulut ouvrir un cercle du suffrage, elle loua à cet effet un joli local occupant tout le premier étage 31, rue de Paradis ; mais, le propriétaire effrayé par notre titre, écrit en grosses lettres sur son immeuble, nous donna immédiatement congé.

Le Cercle du suffrage des femmes fut installé dans un magasin 8, Galerie Bergère. Les femmes pouvaient venir là, lire, écrire, causer ; elles étaient chez elles. Des réunions hebdomadaires avaient lieu l’après-midi ou le soir.

Le 13 février 1881 parut La Citoyenne, journal hebdomadaire que Léon Giraud docteur en droit et Antonin Lévrier licencié en droit, journaliste, avaient avec moi fondé. Antonin Lévrier et Léon Giraud véritables apôtres des droits de la femme, m’aidèrent à faire du journal La Citoyenne un initiateur que les suffragistes ont intérêt à consulter[2].

L’article ci-dessous précise le but de ce journal dont le seul titre est un manifeste :

« LA CITOYENNE »

Est Citoyenne — d’après Littré — la femme qui jouit du droit de cité dans un État.

Pour ce journal, dont le but unique est de revendiquer l’égalité de la femme et de l’homme, nous n’avons pas pensé trouver un meilleur titre que La Citoyenne, car nous voulons pour la femme non seulement la qualité civile du Français, mais encore la qualité politique du citoyen, et même — cela paraîtra peut-être étrange à quelques-uns — l’examen des événements passés et l’observation des événements présents nous font subordonner l’affranchissement civil de la femme à son affranchissement politique.

Qu’entend-on par affranchissement civil de la femme ?

Par affranchissement civil de la femme on entend l’abrogation d’une foule de lois vexatrices qui mettent la femme hors la justice et hors le droit commun.

Quels sont ceux qui peuvent abroger les lois iniques qui oppriment les femmes dans la vie civile ? Ce sont les électeurs et les législateurs, c’est-à-dire ceux-là seuls qui font ou qui commandent de faire les lois. Voilà un point bien établi.

Maintenant, qu’est-ce que l’affranchissement politique de la femme ? C’est l’avènement de la femme au droit qui confère le pouvoir de faire les lois : par soi-même, si l’on est élu député : par délégation, si l’on est électeur.

Donc, il ressort de toute évidence que le droit politique est pour la femme la clef de voûte qui lui donnera tous les autres droits.

Pendant que la femme ne possédera pas cette arme — le vote — elle subira le régime du droit masculin. Tous ses efforts seront vains pour conquérir ses libertés civiles et économiques.

Ce qu’il faut aux femmes pour s’affranchir de la tyrannie masculine — faite loi, — c’est la possession de leur part de souveraineté ; c’est le titre de Citoyenne française, c’est le bulletin de vote.

La femme citoyenne : c’est-à-dire la femme investie des plus hauts droits sociaux, aura, par la liberté, sa dignité rehaussée ; par le sentiment de la responsabilité, son caractère augmenté.

La femme citoyenne se relèvera promptement de sa fâcheuse situation économique, l’État et la législation ne l’infériorisant plus, toutes les carrières, toutes les professions lui seront accessibles, et, quel que soit son travail, elle ne le verra plus déprécié sous ce prétexte ridicule qu’il émane d’une femme.

Avant que la femme ait le pouvoir d’intervenir partout où ses intérêts sont en jeu pour les défendre, un changement dans la condition politique de la société ne remédierait pas au sort de la femme.

Un changement de l’ordre social économique n’affranchirait pas la femme ; car, bien que tous les jours la question économique soit résolue pour un petit nombre de personnes, la condition de la femme est, chez les favorisés de la fortune, le lendemain, la même que la veille. En France, les femmes millionnaires sont soumises aux mêmes lois tyranniques que les femmes pauvres.

Toutes les femmes, — de quelque opinion et de quelque condition qu’elles soient, — toutes les femmes souffrent ou peuvent souffrir de la législation actuelle. Et sont intéressées à posséder le pouvoir d’abroger les lois qui les infériorisent et les asservissent.

La Citoyenne que des antiféministes représentaient comme un épouvantail fut appréciée ; ses articles furent souvent reproduits par les grands quotidiens qui en discutant ses théories, louaient sa modération et sa logique.

Dès son 16e numéro La Citoyenne adressait cette question aux législateurs : — Quels sont les députés qui veulent que le suffrage soit également exercé par les hommes et par les femmes ?

M. Alfred Talendier député et M. J. de Gasté député — qui proposa en 1890 qu’un nombre égal d’hommes et de femmes siègent à la chambre et au sénat, nous répondirent : — qu’ils voulaient le suffrage réellement universel, également exercé par les hommes et par les femmes ». Beaucoup d’autres législateurs, affirmèrent dans des conversations particulières ce qu’ils n’osèrent dire publiquement.

Quand vinrent les élections de 1885, il fut décidé au cercle du suffrage des Femmes que la candidature unique de Maria Deraismes serait posée ; mais, celle-ci ne voulait ni dépenser ni payer de sa personne. Sur ces entrefaites, des dames membres du cercle du suffrage qui désiraient être candidates formèrent « La ligue de Protection des Femmes » qui fit inscrire sur la liste de la Fédération Républicaine socialiste une vingtaine de femmes candidates. Plusieurs de ces dames déclinèrent l’honneur qui leur était fait et les suffragistes les plus déterminées s’abstinrent de prendre part à cette manifestation.


En 1888 lors de mon départ pour l’Algérie, où mon mari Antonin Lévrier était juge de paix, j’avais confié à une de mes collaboratrices la direction de La Citoyenne dont la publication était assurée par une subvention de M. de Gasté ; et, à laquelle je continuais à collaborer. En décembre 1891, cette dame, en changeant le titre du journal, s’appropria La Citoyenne et sa clientèle.

Ce procédé indélicat, fit retirer par M. de Gasté sa subvention et lui fit rayer de son testament, la donation qu’il avait faite pour hâter la proclamation des droits de la femme.

En 1889 eut lieu le congrès Français et international du Droit des femmes.


Programme Électoral des Femmes qui fut affiché à Paris
pendant des périodes électorales.


L’esclavage de la femme entrave la liberté de l’homme.

La nation française est composée d’hommes et de femmes qui subissent les mêmes lois et paient les mêmes impôts. Étant également responsables et contribuables, tous les Français, sans distinction de sexe, sont au même titre des ayants droit, à sauvegarder leurs intérêts dans la société, en participant au gouvernement du pays.

Article Premier. – Tous les Français, hommes et femmes, sont égaux devant la loi, et jouissent de leurs droits civils et politiques.

Art. 2. – Le suffrage réellement universel, c’est-à-dire exercé par les femmes comme par les hommes, remplace le suffrage restreint aux hommes.

Art. 3. – Revision de la Constitution, par une assemblée composée d’hommes et de femmes. — Revision des Codes, sanctionnée par un referendum englobant les femmes comme les hommes.

Art. 4 – Question de paix et de guerre, budget national, soumis au vote des Français et Françaises.

Art. 5. – Écoles mixtes. Égale facilité de développement intellectuel et professionnel, pour tous les enfants et libre accès, sans distinction de sexe, à tous les emplois et à toutes les fonctions publiques. Équitable appréciation du travail ; à production égale, rétribution égale pour l’homme et pour la femme.

ART. 6. — L’État minotaure qui ne se manifeste que pour percevoir des dîmes d’argent et de sang, est remplacé par l’État maternel, qui assure par sa prévoyante sollicitude, sécurité et travail aux Français valides, assistance aux enfants, vieillards, malades et infirmes.

L’État renseigné sur les besoins de production dans chaque industrie, fait d’après ces données, l’enrôlement pour le travail et permet aux individus de se classer dans la société, selon leurs aptitudes, comme il les fait se classer dans l’armée selon leur taille. L’État Maternel n’est pas oppresseur, il entrave seulement la liberté de mourir de faim.

ART 7. – La contribution proportionnée aux moyens de chacun. Suppression des impôts de consommation, augmentation des taxes sur les objets de luxe.

ART. 8. – Allègement du fardeau des femmes qui ont charge et responsabilité de vies humaines ; allocation à toute mère, mariée ou non mariée, d’une indemnité dite indemnité maternelle.

ART. 9. – Service militaire obligatoire pour les hommes – service humanitaire obligatoire pour les femmes. – La défense du territoire confiée aux hommes. – L’assistance publique confiée aux femmes.

ART. 10. – Liberté individuelle pour tous et toutes. Droit absolu de penser et d’exprimer verbalement ou par écrit ses idées.

ART. 11. – La justice gratuite et impartiale. Les tribunaux et les jurys, composés d’hommes et de femmes.

ART. 12. – Enfin, mêmes avantages sociaux pour la femme que pour l’homme ; et, affirmation de l’esprit égalitaire de nos institutions, par la préférence donnée à l’utile et au nécessaire qui profite à tous, sur l’agréable et le superflu dont ne bénéficient que quelques-uns.

Électeurs, pour que la malhonnêteté en politique cesse d’être de règle, il faut que le droit cesse d’être chose arbitraire.

Si vous êtes vraiment las de voir vos ordres méconnus ; si vous voulez que la nouvelle législature fasse époque dans l’histoire du progrès, imposez ce programme aux candidats : l’égalité humaine qu’il préconise est le but d’une République ; car, République et Justice doivent être synonymes.

Après avoir publié dans La Libre Parole des articles sous ce titre : « Les Droits de la Femme » je suis entrée en 1896 au journal Le Radical sous cette rubrique « Le Féminisme » je réclame librement l’électorat et l’éligibilité pour les femmes.

En 1900 eut lieu le Congrès International de la Condition et des Droits de la Femme présidé par Mme  Maria Pognon, où la question des droits politiques de la femme ne fut pas discutée.


  1. H. Wild, Jeanne Deroin et Julie Daubié.
  2. La Citoyenne (1831 à 1891).