Le Talon de fer/La livrée écarlate

Traduction par Louis Postif.
Edito-Service (p. 293-305).


17. La livrée écarlate


Pendant la dévastation des États acquis aux Grangers, les élus de ce parti disparurent du Congrès. On instruisait leur procès pour haute trahison, et leurs places furent prises par des créatures du Talon de Fer. Les socialistes formaient une piteuse minorité et sentaient approcher leur fin. Le Congrès et le Sénat n’étaient plus que de vains fantoches. Les questions publiques y étaient gravement débattues et votées selon les formes de tradition, mais ils ne servaient en réalité qu’à timbrer d’une procédure constitutionnelle les mandats de l’oligarchie…

Ernest se trouvait au plus fort de la mêlée lorsqu’arriva la fin. Ce fut pendant la discussion d’un projet d’assistance aux chômeurs. La crise de l’année précédente avait plongé de grandes masses du prolétariat au-dessous du niveau de famine, et l’extension et la prolongation des désordres n’avaient fait que les enfoncer davantage. Des millions de gens mouraient de faim, tandis que les oligarques et leurs souteneurs se gorgeaient du trop-plein de richesses[1].

Nous appelions ces miséreux le peuple de l’abîme[2], et c’était en vue d’alléger leurs terribles souffrances que les socialistes avaient présenté ce projet de loi. Mais le Talon de Fer ne le trouvait pas à son goût. Il projetait, selon sa manière à lui, de procurer du travail à des millions d’êtres ; et, cette façon de voir n’étant pas du tout la nôtre, il avait donné ses ordres pour faire repousser notre projet. Ernest et ses camarades savaient que leur effort n’aboutirait pas, mais, las d’être tenus en suspens, ils désiraient une solution quelconque. Ne pouvant réaliser quoi que ce soit, ils n’espéraient rien de mieux que de mettre fin à cette farce législative où on leur faisait jouer un rôle involontaire. Nous ignorions quelle forme prendrait cette scène finale, mais nous n’en pouvions prévoir de plus dramatique que celle qui se produisit.

Ce jour-là je me trouvais dans une galerie réservée au public. Nous savions tous qu’il allait se passer quelque chose de terrible. Un danger planait dans l’air, et sa présence était rendue visible par les troupes alignées dans les corridors et les officiers groupés aux portes mêmes de la salle. L’Oligarchie était évidemment sur le point de frapper un grand coup. Ernest avait pris la parole. Il décrivait les souffrances des gens sans emploi, comme s’il avait caressé le fol espoir de toucher ces cœurs et ces consciences ; mais les membres républicains et démocrates ricanaient et se moquaient de lui, l’interrompant par des exclamations et du bruit. Ernest changea brusquement de tactique.

— Je sais bien que rien de ce que je pourrai dire ne saura vous influencer, — déclara-t-il. Vous n’avez pas d’âme à toucher. Vous êtes des invertébrés, des êtres flasques. Vous vous intitulez pompeusement Républicains ou Démocrates. Il n’y a pas de parti de ce nom, il n’y a ni républicains ni démocrates dans cette Chambre. Vous n’êtes que des flagorneurs et des entremetteurs, des créatures de la ploutocratie. Vous discourez à la manière antique de votre amour de la liberté, vous qui portez sur le dos la livrée écarlate du Talon de Fer !

Sa voix fut couverte par les cris : — À l’ordre, à l’ordre !  — et il attendit d’un air dédaigneux que le tapage fût un peu apaisé. Alors, étendant le bras comme pour les ramasser tous, et se tournant vers ses camarades, il leur cria :

— Écoutez ces mugissements de bêtes bien repues.

Le vacarme reprit de plus belle. Le président frappait sur la table pour obtenir le silence, et glissait des regards d’expectative vers les officiers massés aux portes. Il y eut des cris de — Sédition ! — et un membre de New York, remarquable par sa rotondité, lança l’épithète — l’Anarchiste ! — L’expression d’Ernest n’était pas des plus rassurantes. Toutes ses fibres combatives semblaient vibrer, et sa physionomie était celle d’un animal agressif ; et cependant il restait froid et maître de lui-même.

— Souvenez-vous, — cria-t-il d’une voix qui domina le tumulte, — vous qui ne montrez aucune pitié pour le Prolétariat, qu’un jour celui-ci ne vous en montrera pas davantage.

Les cris de : Séditieux ! Anarchiste ! redoublèrent.

— Je sais que vous ne voterez pas ce projet, continua Ernest. Vous avez reçu de vos maîtres l’ordre de voter contre. Et vous osez me traiter d’anarchiste, vous qui avez détruit le gouvernement du peuple, vous qui paradez en public sous votre livrée de honte écarlate ! Je ne crois pas au feu d’enfer, mais parfois je le regrette, et je suis tenté d’y croire en ce moment, car le soufre et la poix ne seraient pas de trop pour punir vos crimes comme ils le méritent. Tant qu’existent vos pareils, l’enfer est une nécessité cosmique.

Il se produisit un mouvement aux portes. Ernest, le président et tous les députés regardèrent dans cette direction.

— Pourquoi ne commandez-vous pas à vos soldats d’entrer et d’accomplir leur besogne, monsieur le président ? demanda Ernest. Ils exécuteraient votre plan avec promptitude.

— Il y a d’autres plans sur pied, fut la réplique. C’est pour cela que les soldats sont ici.

— Des plans à nous, je suppose, railla Ernest. L’assassinat ou quelque chose de ce genre.

Au mot d’assassinat le tumulte recommença. Ernest ne pouvait plus se faire entendre, mais restait debout, attendant une accalmie. C’est alors que la chose se passa. De ma place dans la galerie, je n’aperçus rien que l’éclair de l’explosion. Son fracas m’assourdit, et je vis Ernest chanceler et tomber dans un tourbillon de fumée, tandis que les soldats se précipitaient dans toutes les travées. Ses camarades étaient debout, fous de colère, prêts à toutes les violences. Mais Ernest se raffermit un instant et agita les bras pour leur imposer silence.

— C’est un complot, prenez garde ! leur cria-t-il avec anxiété. Ne bougez pas, ou vous allez être anéantis.

Alors il s’affaissa lentement, au moment où les soldats arrivaient à lui. Un instant après ils firent évacuer les galeries et je ne vis plus rien.

Bien qu’il fût mon mari, on ne me permit pas de l’approcher. Dès que je déclinai ma qualité, je fus mise en état d’arrestation. En même temps étaient arrêtés tous les membres socialistes du Congrès présents à Washington, y compris le malheureux Simpson, qu’une fièvre typhoïde clouait au lit, à son hôtel.

Le procès fut prompt et bref. Tous étaient condamnés d’avance. Le miracle est qu’Ernest ne fut pas exécuté. Ce fut une bévue de la part de l’Oligarchie, et elle lui coûta cher. À cette époque, elle était trop sûre d’elle-même. Enivrée de succès, elle ne croyait guère que cette poignée de héros possédât le pouvoir de l’ébranler sur sa base. Demain, quand la grande révolte éclatera et que le monde entier résonnera du pas des multitudes en marche, l’Oligarchie comprendra, mais trop tard, à quel point a pu grandir cette bande héroïque[3].

En tant que révolutionnaire moi-même, et confidente intime des espérances, des craintes et des plans secrets des révolutionnaires, je suis mieux qualifiée que personne pour répondre à l’accusation portée contre eux d’avoir fait exploser cette bombe au Congrès. Et je puis affirmer carrément, sans aucune sorte de réserve ni de doute, que les socialistes étaient complètement étrangers à cette affaire, tant ceux du Congrès que ceux du dehors. Nous ignorons qui jeta l’engin, mais nous sommes absolument certains que ce n’est personne d’entre nous.

D’autre part, divers indices tendent à démontrer que le Talon de Fer fut responsable de cet acte. Naturellement, nous ne pouvons pas le prouver, et notre conclusion n’est basée que sur des présomptions. Mais voici les quelques faits que nous connaissons. Un rapport avait été adressé au président de la Chambre par les agents du service secret du Gouvernement, pour le prévenir que les membres socialistes du Congrès étaient sur le point de recourir à une tactique terroriste, et qu’ils avaient décidé le jour où elle serait mise en action. Ce jour était précisément celui où l’explosion eut lieu. En prévoyance, le Capitole avait été bondé de troupes. Étant donné que nous ne savions rien de cette bombe, qu’une bombe éclata en effet, et que les autorités avaient pris des dispositions en vue de son explosion, il est tout naturel de conclure que le Talon de Fer en savait quelque chose. Nous affirmons en outre que le Talon de Fer fut coupable de cet attentat qu’il prépara et exécuta dans le but de nous en faire porter la responsabilité et de causer notre ruine.

Du président l’avertissement transpira à tous les membres de la Chambre qui portaient la livrée écarlate. Pendant le discours d’Ernest, ils savaient qu’un acte de violence était sur le point d’être commis. Et, il faut leur rendre cette justice, ils croyaient sincèrement qu’il allait être commis par les socialistes. Au procès, et toujours de bonne foi, plusieurs témoignèrent qu’ils avaient vu Ernest s’apprêter à lancer la bombe, et que celle-ci avait éclaté prématurément. Naturellement ils n’avaient rien vu de tout cela, mais dans leur imagination enfiévrée par la peur, ils croyaient avoir vu.

Au tribunal, Ernest fit la déclaration suivante :

— Est-il raisonnable d’admettre, si j’avais l’intention de jeter une bombe, que j’aurais choisi une inoffensive petite pièce d’artifice comme celle-là ? Il n’y avait pas même assez de poudre dedans. Elle a fait beaucoup de fumée, mais elle n’a blessé personne autre que moi. Elle a éclaté juste à mes pieds, et elle ne m’a pas tué. Croyez-moi, quand je me mêlerai de placer des machines infernales, je ferai du dégât. Il y aura autre chose que de la fumée dans mes pétards.

Le ministère public répliqua que la faiblesse de l’engin était une bévue de la part des socialistes, de même que son explosion prématurée, Ernest l’ayant laissé tomber par nervosité. Et cette argumentation était corroborée par le témoignage de ceux qui prétendaient avoir vu Ernest tripoter la bombe et la laisser choir.

De notre côté, personne ne savait comment elle avait été lancée ; Ernest me dit qu’une fraction de seconde avant son explosion, il l’avait entendue et vue frapper le sol à ses pieds. Il l’affirma au procès, mais personne ne le crut. D’ailleurs l’affaire était « cuisinée » selon l’expression populaire. Le Talon de Fer avait pris la résolution de nous détruire, et il n’y avait pas à aller contre.

D’après certain dicton, la vérité finit toujours par transpirer[4]. Je commence à en douter. Dix-neuf ans se sont écoulés, et en dépit d’efforts incessants nous n’avons pas réussi à découvrir l’homme qui a jeté la bombe. Évidemment, c’était un émissaire du Talon de Fer, mais nous n’avons jamais recueilli le moindre indice sur son identité ; et aujourd’hui il ne reste qu’à classer l’affaire parmi les énigmes historiques.


  1. Des conditions analogues prévalaient dans l’Inde au XIXe siècle sous la domination britannique. Les indigènes mouraient de faim par millions tandis que leurs maîtres les frustraient du fruit de leur travail et le dépensaient en cérémonies pompeuses et cortèges fétichistes. Nous ne pouvons guère nous empêcher, en ce siècle éclairé, de rougir de la conduite de nos ancêtres ; et nous devons nous contenter d’une consolation philosophique, en admettant que dans l’évolution sociale la phase capitaliste est à peu près au même niveau que l’âge simiesque dans l’évolution animale. L’humanité devait franchir ces étapes pour sortir de la vase des organismes inférieurs, et il lui était naturellement difficile de se débarrasser tout à fait de cette boue gluante.
  2. Cette expression est une trouvaille due au génie de H. G. Wells, qui vivait à la fin du XIXe siècle. C’était un clairvoyant en sociologie, un esprit sain et normal en même temps qu’un cœur chaudement humain. Plusieurs fragments de ses ouvrages sont venus jusqu’à nous, et deux de ses meilleures œuvres, Anticipations et Mankind in the Making, nous ont été conservées intactes. Avant les Oligarques et avant Everhard, Wells avait prévu la construction des cités merveilleuses dont il est question dans ses livres sous le nom de pleasure cities.
  3. Persuadée que ses Mémoires seraient lues de son temps, Avis Everhard a omis de mentionner le résultat du procès pour haute trahison. On trouvera dans le manuscrit bien d’autres négligences de ce genre. Cinquante-deux membres socialistes du Congrès furent jugés et tous reconnus coupables. Chose étrange, aucun ne fut condamné à mort. Everhard et onze autres, parmi lesquels Théodore Donnelson et Matthew Kent, furent condamnés à l’emprisonnement à vie. Les quarante autres furent condamnés à des termes variant de trente à quarante-cinq ans ; et Arthur Simpson, que le manuscrit signale comme malade de la fièvre typhoïde au moment de l’explosion, n’eut que quinze ans de prison. D’après la tradition, on le laissa mourir de faim en cellule pour le punir de son intransigeance obstinée et de sa haine ardente et sans distinction contre tous les serviteurs du despotisme. Il mourut à Cabanas, dans l’île de Cuba, où trois autres de ses camarades étaient détenus. Les cinquante-deux socialistes du Congrès furent enfermés dans des forteresses militaires dispersées sur tout le territoire des États-Unis : ainsi Dubois et Woods furent mis à Porto-Rico, Everhard et Merryweather consignés à l’île d’Alcatras, dans la baie de San-Francisco, qui servait depuis longtemps de prison militaire.
  4. Avis Everhard aurait dû attendre bien des générations pour obtenir l’élucidation du mystère. Il y a un peu moins de cent ans, et c’est par conséquent un peu plus de six cents ans après sa mort, que la confession de Pervaise fut découverte dans les archives secrètes du Vatican. Il n’est peut-être pas hors de propos de dire quelques mots de cet obscur document, bien qu’il n’ait plus guère d’intérêt que pour les historiens.

    Pervaise était un Américain d’origine française qui, en 1913, était en prison à New York en attendant son jugement pour meurtre. Nous apprenons, d’après sa confession, que sans être un criminel endurci, il possédait un caractère vif, émotionnable et passionné. Dans un accès de jalousie folle, il avait tué sa femme — le fait était assez fréquent à l’époque. La terreur de la mort s’empara de lui, comme il le raconte tout au long, et pour y échapper, il se sentit disposé à faire n’importe quoi. Les agents secrets, pour le préparer, lui affirmèrent qu’il ne pouvait manquer d’être convaincu de meurtre au premier degré, crime qui entraînait la peine capitale. Le condamné était ligoté dans un fauteuil spécialement construit, et, sous la surveillance de médecins compétents, mis à mort par un courant électrique. Ce mode d’exécution, appelé électrocution, était très populaire en ce temps-là ; ce n’est que plus tard qu’il fut remplacé par l’anesthésie.

    Cet homme, dont le cœur n’était pas mauvais mais dont la nature superficielle était imprégnée d’une animalité violente, et qui attendait en cellule une mort inévitable, se laissa facilement persuader de jeter une bombe à la Chambre. Il déclare expressément dans sa confession que les agents du Talon de Fer lui affirmèrent que l’engin serait inoffensif et ne tuerait personne. Il fut introduit secrètement dans une galerie ostensiblement fermée sous prétexte de réparations. Il devait choisir son moment pour jeter la bombe, et il avoue naïvement qu’intéressé par la tirade d’Ernest et le tumulte qu’elle suscitait, il faillit oublier sa mission.

    Non seulement Pervaise fut libéré de prison, mais on lui accorda une pension pour le restant de ses jours. Il n’en jouit pas longtemps. En septembre 1914, il fut atteint d’un rhumatisme au cœur et ne survécut que trois jours. C’est alors qu’il envoya chercher un prêtre catholique et lui fit sa confession. Le Père Durban la jugea si grave qu’il la recueillit par écrit et la signa comme témoin assermenté. Nous ne pouvons que conjecturer ce qui se passa ensuite. Le document était certainement assez important pour trouver le chemin de Rome. De puissantes influences durent être mises en jeu pour en éviter la divulgation pendant plusieurs centaines d’années. C’est seulement au siècle dernier que Lorbia, le célèbre savant italien, mit la main dessus par hasard au cours de ses recherches.

    Aujourd’hui donc, il ne reste pas le moindre doute que le Talon de Fer fut responsable de l’explosion de 1913 à la Chambre des Représentants. Et même si la confession de Pervaise n’avait jamais vu le jour, il ne pouvait y avoir aucun doute raisonnable : cet acte, qui envoya en prison cinquante-deux Représentants, allait de pair avec les autres crimes innombrables commis par les Oligarques, et, avant eux, par les capitalistes.

    Comme exemple classique de massacre d’innocents, commis avec férocité et de gaîté de cœur, il faut citer celui des soi-disant anarchistes de Haymarket, à Chicago, dans l’avant-dernière décade du XIXe siècle. Il faut mettre dans une catégorie à part l’incendie volontaire et la destruction de propriétés capitalistes par les capitalistes eux-mêmes. Pour des crimes de ce genre de nombreux innocents ont été punis, — mis en chemin de fer (railroaded),  — selon l’expression usitée alors, c’est-à-dire que les juges s’étaient concertés à l’avance pour liquider leur compte.

    Durant les troubles du travail qui éclatèrent dans la première décade du XXe siècle entre les capitalistes et la Fédération Occidentale des Mineurs, une tactique analogue mais plus sanglante fut employée. Les agents des capitalistes firent sauter la gare du chemin de fer à Independence. Treize hommes furent tués et beaucoup d’autres blessés. Les capitalistes, qui dirigeaient le mécanisme législatif et judiciaire de l’État du Colorado, accusèrent les mineurs de ce crime et faillirent les faire condamner. Romaines, un des instruments employés dans l’affaire, était en prison dans un autre État, au Kansas, quand les agents des capitalistes lui proposèrent le coup. Mais les aveux de Romaines furent publiés de son vivant, à la différence de ceux de Pervaise.

    À la même époque, il y eut encore le cas de Moyer et Haywood, deux chefs travaillistes forts et résolus. L’un était président et l’autre secrétaire de la Fédération Occidentale des Mineurs. L’ex-gouverneur de l’Idaho venait d’être assassiné d’une façon mystérieuse. Les socialistes et les mineurs avaient ouvertement attribué ce crime aux propriétaires de mines. Néanmoins, en violation des constitutions nationale et étatiste, et par suite d’une conspiration entre les gouverneurs de l’Idaho et du Colorado, Moyer et Haywood furent enlevés, jetés en prison et accusés de ce meurtre. C’est ce qui provoqua la protestation suivante d’Eugène V. Debs, chef national du socialisme américain : « Les chefs travaillistes qu’on ne peut soudoyer ni intimider, on veut les surprendre et les assassiner. Le seul crime de Moyer et de Haywood, c’est leur fidélité inébranlable à la classe ouvrière. Les capitalistes ont dépouillé notre pays, débauché notre politique, déshonoré notre justice ; ils nous ont foulé aux pieds sous leurs souliers ferrés, et maintenant ils se proposent d’assassiner ceux qui n’ont pas l’abjection de se soumettre à leur brutale domination. Les gouverneurs du Colorado et de l’Idaho ne font qu’exécuter les ordres de leurs maîtres, les ploutocrates. La lutte est engagée entre les travailleurs et la ploutocratie. Celle-ci peut frapper le premier coup violent, mais c’est nous qui frapperons le dernier. »