Le Spectroscope totalisateur de M. Norman-Lockyer
LE SPECTROSCOPE TOTALISATEUR
DE M. NORMAN-LOCKYER.
L’approche de l’époque où les préparatifs du passage de Vénus seront rendus publics donne un grand intérêt d’actualité à la description d’appareils analogues à celui que nous représentons. Le télescope de M. Lockyer a été employé en décembre 1871 pour observer la grande éclipse qui, on s’en souvient, avait attiré l’attention du monde savant tout entier.
Pour comprendre le jeu de ce spectroscope totalisateur, il faut d’abord saisir la marche du télescope monté équatorialement sur lequel il était placé. Cet instrument, ayant été orienté suivant un plan méridien, il a fallu donner à l’axe A une direction parallèle à celle de l’axe du monde, qui fait à Pont de Galls (Ceylan), un angle d’environ 84° avec le zénith. Cette opération a été effectuée à l’aide du limbe-gradué C et d’un pignon caché par la glissière B. Des vis calantes ont permis de donner à l’axe A une situation inébranlable.
L’appareil porte deux cercles gradués, l’un, pour les ascensions droites, et l’autre perpendiculaire au premier pour les déclinaisons. Une fois le télescope mis en place, on le met en mouvement autour de l’axe A avec une vitesse réglée sur le temps sidéral. Ce mouvement est donné par l’horloge D, qui est mise sous la surveillance d’un régulateur à force centrifuge, système Foucault, représenté à la droite de notre gravure. Le mouvement se communique par les tringles et les roues d’angles qui aboutissent à l’axe E. La série de ces mouvements est facile à comprendre. Les rayons venant de l’astre sont réfléchis par un miroir parabolique en verre argenté (système Foucault) de 9 pouces 1/2 de diamètre et 6 pieds seulement de distance focale.
Cette distance focale est bien inférieure à celle que devrait avoir un instrument de cette force, mais, dans le cas qui nous occupe, on cherchait surtout à obtenir une image très-vive du soleil. La pièce K est l’oculaire construit de manière à ce que tous les rayons reflétés par le miroir argenté soient reçus en un faisceau unique de 1/8 de pouce de diamètre. C’est l’ensemble de cette lumière que M. Loekyer s’est proposé de soumettre à l’analyse spectrale. L’observateur, pour des raisons qu’il serait hors de propos d’énumérer et d’apprécier, voyait donc un champ circulaire rempli de raies et de couleurs spectrales, lorsqu’il adaptait à son télescope l’équipage que nous donnons en coupe et en plan (fig. 1 et 2). La pièce C représente un simple prisme, et la pièce B une série de prismes servant à rendre la dispersion plus grande.
Ces deux pièces, C et B, équilibrées l’une par l’autre, étaient ajustées, comme on le voit dans la figure en coupe, de manière à ce que l’on puisse amener à volonté l’une ou l’autre devant l’oculaire du télescope A’, et avoir, par conséquent, deux degrés différents de dispersion.
Toutes ces modifications spéciales avaient été faites en vue d’une observation unique ; celle du disque solaire pendant un instant très-court, cinq minutes à peine. L’argent employé à de grandes observations n’est jamais perdu pour la cause de l’Humanité. Est-ce que notre plus bel apanage n’est point l’étude de la nature ? À quoi sommes-nous bons sur la terre, si nous restons indifférents aux merveilles que le ciel nous montre ?