L’IdoleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 18-19).




LE SONNET DU COU





Un grain d’ambre fondant & roulant dans du lait
Ou la goutte de miel d’une abeille importune,
Un éclair de ſoleil dans un rayon de lune,
Un peu d’or ſous la peau pris comme en un filet,

Voilà les tons ſubtils du cou, ſi l’on voulait
L’avouer, que l’on ſoit blonde, châtaine ou brune.
Mais le contraſte fait la neige ſur chacune
Des épaules plus blanche, & le charme eſt complet.


Droit, il porte au repos, comme une fleur inſigne,
La tête, puis ſe penche onduleux ; & le cygne,
S’il avait cette grâce, aurait ce cou charmant ;

Puis ſe renverſe avec la bouche qui ſe pâme,
Et trahit, ſous l’effort d’un léger battement,
Dans ſa réalité le doux ſouffle de l’âme.