Le Roman du Renart - D. M. Méon - 1826/Avertissement de l’Éditeur

Texte établi par D. M. MéonTreuttel et Würtz (Tome 1p. v-xx).

AVERTISSEMENT

DE L’ÉDITEUR.



Le Roman du Renard a été célèbre dès le commencement du xiiie siècle, et la preuve en existe dans ce qu’en a dit Gautier de Coinsi, prieur de Vic-sur-Aisne, mort en 1236. Dans plusieurs des contes dévots qu’il a traduits, ou composés en 1233, sous le titre de Miracles de la Vierge, il cite le Roman du Renard comme un ouvrage très répandu, puisqu’en parlant de ses contes il dit que

Plus delitout sont si fait conte
As bones gens[1] par Saint Omer,
Que de Renart ne de Roumer,[2]
Ne de Tardiu le limeçon.

Il dit ailleurs que le succès de ce Roman étoit déjà tel, que plusieurs personnes en faisoient peindre les aventures dans leurs appartemens. Il reproche même à certains provoires d’employer plutôt leur argent à orner leurs chambres de ces représentations profanes qu’à placer dans leurs églises une image de la Vierge :

En leurs moustiers ne font pas faire
Sitost l’image Nostre Dame
Com font Isangrin et sa fame
En leur chambres où il reponnent.

La réputation dont a joui l’ouvrage de Pierre de Saint-Cloud, auteur de la première branche de ce Roman a excité la verve de plusieurs de nos anciens poètes, qui ont imaginé d’autres tours pour y faire suite ; mais en gardant l’anonyme, Richard de Lison est le seul qui se soit fait connoître.

L’ordre des branches n’étant pas le même dans les douze manuscrits sur lesquels j’ai collationné ce Roman, j’ai cherché à en établir un qui les liât ensemble de manière à en former un tout ; je désire que la classification que j’ai adoptée soit jugée la plus convenable. Autant qu’il m’a été possible, j’ai profité des variantes que m’offroient quelquefois ces différens manuscrits, et j’en ai augmenté mon texte.

À la suite de l’ancien Renard, j’ai cru devoir donner une pièce ayant pour titre le Couronnement de Renard, dont il n’a été fait aucune mention jusqu’aujourd’hui. Il est dédié par l’auteur à Guillaume, jadis comte de Flandre[3], ce qui fixe l’époque de sa composition après le milieu du xiiie siècle. Ce seigneur, qui avoit accompagné Saint-Louis dans sa première croisade en 1248, et qui avoit reçu à la journée de la Massoure, en 1250, plusieurs blessures dangereuses, prit congé du roi le lendemain de la délivrance des prisonniers pour revenir en France. Cependant Joinville, qui, toutes les fois qu’il a occasion d’en parler, le qualifie de comte de Flandre, dit que le roi le consulta encore plusieurs fois depuis cette époque. S’il ne revint pas en France immédiatement après avoir pris congé du roi, il y étoit certainement de retour dans le commencement de l’année 1251, puisque le 6 juin de cette même année, il fut tué dans un tournoi à Trasegnies en Flandre[4]. Ce fait est rapporté par l’auteur du Couronnement, vers 78 et suivans ; il donne même à entendre que ce fut par trahison.

Mais quel est l’auteur de cette pièce ? Je suis très porté à croire que c’est Marie de France. Elle a dédié ses fables à un comte Guillaume qui étoit, suivant elle, le plus vaillant du royaume de France ; car elle dit positivement qu’il en étoit[5]. Elle répète dans le Couronnement les mêmes éloges de ce comte Guillaume, qu’elle désigne plus particulièrement en le qualifiant de comte de Flandre, et Joinville ne l’appelle pas autrement, quoique, Marguerite sa mère vécût encore. Elle annonce sa mort tragique dans un tournoi, et on vient de lire comment cette mort est décrite dans le Couronnement de Renard. Elle se nomme, il est vrai, à la troisième personne vers la fin de la pièce qu’elle termine par annoncer les fables d’Ésope, et ces fables suivent effectivement le Couronnement dans le seul manuscrit qui en existe à la Bibliothèque du Roi, et qui est du xiiie siècle : il est remarquable qu’elle s’exprime de la même manière dans le lai de Gugemer. D’ailleurs dans le Roman du Renard, Pierre de Saint-Cloud, Richard de Lison, etc., en ont fait de même, et un grand nombre de nos anciens trouvères ont suivi la même méthode.

Dans aucune de ses pièces, Marie n’a parlé de sa patrie ; elle s’est contentée de dire qu’elle étoit de France ; mais dans les nouveaux regrets qu’elle exprime vers la fin du Couronnement sur la mort du comte Guillaume, il y a quelques vers qui pourroient faire présumer qu’elle étoit Flamande[6]. Elle dit au vers 3258 :

Argent, pour toi pierdu avolls
No bon singnour qui tant valoit.

et aux vers 3302 et suivans :

Mors, de çou, sachiés, ne dout mie
Que puis que li miens sire est mors,
Ses nons encor n’est mie mors.

Je n’ai rien trouvé de plus sur cette femme célèbre, si ce n’est au vers 132, qui pourroit faire soupçonner qu’elle étoit mariée avec quelqu’un qui ne la rendoit pas heureuse :

Et dont puis qu’il vaut mius tous mors
C’uns vilains vis à cui sui amors.

Jacquemars Gielée, de Lille en Flandre, est auteur de Renart le Nouvel qu’il composa vers la fin du xiiie siècle. Je n’en ai vu que quatre manuscrits dont la date est différente ; on lit celle de 1288 dans celui de Lancelot, no 38 ; celui de La Vallière, no 2736, porte la date de 1289 ; le no 7615, celle de 1290, et celui de Cangé, no 69, celle de 1292 : la musique n’a pas été notée dans le manuscrit de Lancelot, et dans les autres elle est différente.

Quoiqu’à sa naissance ce poëme ait eu presque autant de succès que l’ancien, il ne fut jamais publié. Jean Tenessax l’a traduit en prose dans le xve siècle, sous le titre : Le livre de maistre Regnard et de dame Hersant sa femme, livre plaisant et facétieux, contenant maintz propos et subtilz passages couvers et cellez pour moustrer les conditions et meurs de plusieurs estatz et offices, comme sera declaré cy après. Paris, Philippe Le Noir, in-4o  sans date.

Cette traduction est divisée en deux Livres comme l’original ; le premier contient vingt-trois chapitres, et le second cinquante. À la suite de la plupart des chapitres, il en a tiré une moralité sous le titre d’exemple. Prosper Marchand ne connoît que trois éditions de cette traduction, une du xve siècle, et les deux autres du xvie. Paquot, dans son Histoire littéraire des Pays-Bas, en annonce davantage ; mais il paroît confondre l’ancien avec le nouveau Renard.

Les manuscrits de celui-ci sont terminés par une grande figure allégorique dont Prosper Marchand donne ainsi la description : « Ceste figure derniere est une grande roue maniée par fortune, sus le hault de laquelle siet maître Regnard, adextré d’orgueil, et asenestré de dame Guille, qui l’assurent que jamais ne cherra, ayant pour conseiller deux sortes de gens de religion, lors fort haïs et mal-voulus, pour les entreprises qu’ils faisoient sur toutes sortes d’estats. » On en veut là, sans doute, aux Dominicains et aux Franciscains, dont les maximes et les dissensions scandalisoient dès-lors toute la chrétienté.

Henri d’Alcmaer, qui étoit probablement de la ville dont il porte le nom, fut maître d’école, et choisi pour précepteur du duc Antoine, fils de René II, duc de Lorraine. Il mit, vers 1470, le Roman du Renard en vers bas-saxons, et en tira des moralités pour l’éducation de la jeunesse ; mais son ouvrage ne fut imprimé qu’en 1498, à Lubeck, in-4o.

Ce Roman a eu une telle réputation en Allemagne, que, grâce à l’obligeance de M. Van-Praët, je pourrois en citer au moins vingt-quatre éditions différentes tant en prose qu’en vers, sans comprendre le charmant poëme de Jean Wolfgang Goethe qui l’a divisé en douze chants.

Gerard Leeu l’imprima en prose flamande à Goude en 1479, in-4o  ; cinq autres éditions dans la même langue ont suivi celle-là.

Guillaume Caxton le traduisit du hollandais en anglais, et le mit sous presse dans l’abbaye de Westminster, en 1481, in-folio ; et depuis cette première, il en parut quatre autres à Londres.

Deux éditions ont été publiées en danois, une à Lubeck en 1555, et l’autre à Copenhague en 1656, toutes deux in-4o .

Il en a été donné cinq de la traduction faite par Hartman Schopper, dont la première fut imprimée à Francfort-sur-le-Mein en 1567, in-8o , et réimprimée quatre fois depuis dans la même ville.

Indépendamment de ces différentes traductions, la Bibliothéque du Roi possède un manuscrit du xive siècle, ayant pour titre : Dialogus Isengrinum inter et Renardum versibus elegiacis, qui quidem Dialogus satyricus Jacobo Merlandro tribuitur a Steph. Baluzio. Ce dialogue renferme plusieurs branches du Roman du Renard.

Une chose très remarquable sur ce Roman, c’est qu’il a été traduit et imprimé dans plusieurs langues, et qu’il n’a jamais été publié dans sa langue originale ; car on ne peut regarder comme des éditions de cet ouvrage, ce qui a été imprimé en français. Si on excepte les traductions du Nouveau Renard, le reste n’offre que des extraits fort imparfaits.

Il existe encore à la Bibliothéque du Roi deux manuscrits, ayant pour titre le Renart Contrefait, c’est-à-dire imité. Le premier, sous le no 7630 (4), fonds de La Marre, contient environ 32,000 vers. L’auteur anonyme dit qu’il s’est livré à cet ouvrage pour éviter l’oisiveté. Il l’a commencé en 1320 ; s’est souvent levé du matin pour consulter les auteurs tant en roman qu’en latin : aussi en cite-t-il beaucoup d’anciens, même la Bible, pour prouver qu’autrefois les animaux parloient. Après avoir rendu compte d’un conseil tenu par les animaux, et dans lequel Renard est d’avis que le pauvre doit être foulé ; l’auteur vient au roman d’Atis et Profilias. Il dit, en parlant de la bataille de Bouvines, que Ferrand avoit fait voiturer des cordes pour lier et garrotter les Français, et qu’elles servirent à le lier lui-même. Après avoir rapporté l’histoire d’Alexandre, il donne une chronologie des empereurs, des rois de France et des papes. La dernière date que j’y ai trouvée est 1368.

L’autre manuscrit, dans le fonds de Lancelot, no 6985 (3), est également d’un auteur anonyme qui étoit de Troyes. Il contient environ 19,000 vers. Le Grand d’Aussi en a fait un extrait assez étendu, qui a été imprimé dans le cinquième volume de la Notice des manuscrits de la Bibliothéque du Roi. Il y a quelque ressemblance avec le précédent. À la page 36, il rapporte un conseil donné par Pierre Alphonse de se méfier de ceux qu’on ne connoît pas. Enfin, on lit à la page 83 :

Cellui qui ce rommant escript,
Et qui le fist sans faire faire,
Et sans prendre aultre exemplaire,
Tant y pensa et jour et nuit
En l’an mil trois cent vingt et huit,
En avalant y mist sa cure,
Et continua l’escripture,
Plus de treize ans y mist au faire
Ainçois qu’il le péust parfaire.

On lit dans le premier volume du Ménagiana l’article suivant :

J’ai eu en communication pendant deux jours un roman manuscrit in-folio ancien de près de quatre cents ans, intitulé : Le Renard Contrefait, c’est-à-dire le Renard représenté, parce que l’auteur y suppose que le lion, roi des animaux, les ayant tous mandés à sa cour, le renard s’y rend des premiers. Que là pour se faire de fête, après ravoir entretenu de quelques moralités, il n’entreprend pas moins que de lui déduire ensuite l’histoire universelle tant profane que sacrée, le tout en vers de quatre pieds, qui occupent les 312 premières pages du Livre ; les 121 dernières sont en prose, et contiennent le reste de l’histoire depuis l’empire d’Auguste jusqu’à la première année du règne de Philippe de Valois. L’auteur, dont on ne sait pas le nom, s’est contenté de nous apprendre qu’il étoit de Troyes, qu’il a commencé son ouvrage en 1319, et qu’il l’a fini en 1328. Il se qualifie clerc en plus d’un endroit, c’est-à-dire homme de lettres, et non pas d’église ; sur quoi il s’explique avec beaucoup de naïveté en ces termes, page 45, col. 2.

Nouvel écrit et nouvel fait
Que cil Clerc a encores fait,
Clerc non, car coronne n’ot point,
Par femme perdit-il ce point :
Le grand Diable ait de celui l’ame
Qui premier établit bigame.
Et m’en tais, n’en puis autrement,
Et poise moi certainement.

Il y a nombre de traits cyniques, quelques uns de piquans contre les moines, des raisonnemens ingénieux, quoique bruts et sans ornemens : ce petit conte, par exemple, dont La Fontaine auroit fait un chef-d’œuvre. Il se trouve pages 47 et 48.

Un haut hom, Chevalier étoit,
Qui une damoiselle amoit
Plus assez qu’il ne fut raison.
Ce Chevalier fut très-laid hom,
Laid fut de corps et de tout membre,
Comme l’histoire le ramembre.
Saiges étoit parfaitement
Fors que d’amer tant seulement.
La Damoiselle qu’il amoit,
Bestiaux, sote et niche étoit ;
Mais elle étoit belle à devis
De façon, de corps et de vis.
Plus belle ne pourroit-on querre
Par le pays, ne par la terre.
Le Chevalier veut celle avoir
Qu’il ama plus que nul avoir,

Pour ce que belle lui sembla.
Tous ses amis en assembla,
Et leur dit : je veuil avoir cette,
Nulle autre femme ne me haite.
Lors ses amis luy répondirent,
Et tretous proprement lui dirent :
Sire, vous savez sa maniere.
Je sais bien que belle et sote iere.
Si vous dirai qu’en avendra,
Véoir le peut qui l’entendra :
Pour voir, enfans aura de moi,
Et savez-vous que je y voi ?
Très beaux pour cause de la mere,
Et saiges pour cause du pere,
Si qu’ils seront et bel et saige,
Avoir ne peuvent mendre usaige.
Sur ce sorts et sur cet espoir
Veut cil la Damoiselle avoir.
Ensemble en mariage furent,
Enfans eurent tels comme ils durent
Laids et hideux de par le pere,
Sots et niches de par la mere,
Tretout le contraire lui vint
De ce que pour vérité tint.

D’après ce qu’on vient de lire, on peut conclure que ce dernier manuscrit contient le même roman que celui de Lancelot ; mais beaucoup plus étendu. Ménage ne donne aucun renseignement sur son propriétaire, de sorte qu’on ne sait ce qu’il est devenu.


PROVERBES QUI SE TROUVENT DANS LE ROMAN DU RENARD.


39

A desenor muert à bon droit
Qui n’aime livre ne ne croit.


177

· · · · · · Le fel liez ne sera
Le jor qu’autrui n’engingnera.


185

· · · · · · Envie est telle racine
Où touz li max prenent orine.


732

Ce qui est fet n’est mie à fere.


832

· · · · Moult a entre fere et dire.


1186

Cil qui tot covoite tot pert.


1616

· · · · Fox ne crient tant qu’il soit pris.


1679

N’est si sage qui ne foloit.


2058

Encontre verzié recuit.


2160

· · · · Cil en porte la colée
Qui s’entremet d’autre engingnier.


2175

· · · · Il est viz et mal venuz
Qui de riens ne se puet aidier.


2284

Moult vaut un poi d’afaitement
Que ne fet assez vilanie
Ne plain un val de lecherie.


2714

Moult vaut hons qui set de baraz.


4077

· · · · · · Entre bouche et quillier
Avient sovent grant enconbrier.


4100

De pecheor misericorde.


4905

Besoing si fet vielle troter.


5150

Tant grate chievre que mal gist.


5466

· · · · · · · · · Biau chanter anuie
Et nuit aucune foiz ensemble,


5992

· · · · Moult anuie qui atent.


6070

· · · · Qui bien voit, et mau prent,
S’il s’en repent, c’est à bon droit.


6165

· · · · Cil reprent la meillor voie
Qui par autrui sens se chastoie.


6485

· · · · En cest monde n’a si sage
Qui à la foiz n’aut au folage.


6511

· · · · · · · Il feit malvès atendre
En leu où l’en ne puet riens prendre.


7121

Selon les eures et le tens
A bien mestier folie et sens.


7230

La male garde pest le Leu.


7443

Cil dit moult bien qui set conter
C’une foiz doit le pot verser.


7734

 Nus n’amende s’il ne mesfait.


8410

· · · · De tel seigneur tellouier.


8828

· · · · Grant vent chiet à poi de pluie.


10456

· · · · A envis ou volentiers
Convient au sene aler le prestre.


11631

· · · · Puis que hom est entrepris
Et par force liez et pris,
Bien puet-l’en véoir au besoing
Qui l’aime et qui de lui a soing.


12804

Bien escorche qui le pié tient.


12852

Feme mesprent à foiée.


13060

Qui merci crie aura pardon.


13598

De deus max prent-en le menor.


13609

Fortune secort les hardiz.


13648

Après grant joie vient grant ire,
Et après Noël vente bise.


13650

Tant va pot à l’eve que brise.


13701

Jamès uns prodons n’ert amez,
Li plus loiax est plus blasmez.


14160

· · · · Tex ne peche qui encort.


14442

Qui mal chace, mal li avient.


15006

Poi sont de fames sauz boisdie,
Par fame est plus noise que pais.


15566

Qui aise atent, aise le fuit.


15574

Trop est cil fol qui fol afole.

15594

· · · · · · · · · Eschaudez eve crient.


15720

Qui avient une, n’avient seulle.


15930

Un jor de respit cent sols vaut.


15932

Après le doil vient la grant joie.


15942

Vilain ment volontiers toz tens.


16078

· · · · Il ne set qu’à l’oil li pent.


16260

Il n’est si grans max qui n’aït,
Ne bien qui ne nuise par eures.


16438

Si est-il et raison et droit
Del engiguiere qu’en l’engint.


16959

· · · · Qui ne trove, ne prent.


18263

Fox est qui vers seignor estrive.


18428

· · · · Tel quide son duel vengier
Moult bien qui son anui porchace,
Et son domage quiert et chace.


18455

Droiz est qui mal vieut faire autrui,
Que le mal s’en vaingne par lui.


20616

Tex est febles qui devient fort.


20618

Au besoing voit-on son ami.


20864

Tex cuide gaignier qui pert,
Et autre enborse le gaain.


21224

· · · · Cil n’abat pas qui ne luite.


21975

Toz jors siet la pome el pomier.


27783

Foux est qui croit sa foie pense,
Moult remaint de ce que foux pense.


27805

· · · · Qui pou emprunte, pou rent.


27819

· · · · Qui euvre selonc reson,
Ne l’en puet venir se, bien non.
Moult est fox qui meine posnée
De chose qui li est prestée.


27829

Ou tost ou tart, ou près ou loing
A li fort du foible besoing.


27949

N’est pas tot or ice qui luist.
Et tiex ne puet aidier qui nuist.


DU COURONNEMENT


158

· · · · · · · · · · · · · Dou fust
C’on kint, sovent est-on batu.


177

Ja nus ne baera à chose
Qu’il n’i vigne coment qu’il chose.


377

· · · · Fox est cil qui bien esta,
S’il se remue et il lons va
Seur esperance d’avoir mieus.


399

· · · · Teus cuit iestre moult senés
Qui tost se croke sor le nés.


405

D’escoufle puet-on bien savoir
Que hairon n’en puet-on avoir.


1288

· · · · · · · · Teus au main sue
Qui à viespre a froit.


1354

Mius vaut engins que ne fait forche.


2321

· · · · Se barbes le sens en usent,
Bouch et chevres moult sage fusent.


3165

L’oume qui dou Renart ne seit,
Ne doit-on tenir à seneit.


3282

· · · · Il est voirs que mius moult vaut
Uns mors cortois c’uns vilains vis.


DU RENART LE NOUVEL.


1

Ki le bien set, dire le doit.


680

En poi d’eure à home mesciet.


807

Par traiteur sont decéu
Maint preudomme.


1034

· · · · Mauvaise haste n’est preus.


1840

· · · · De privé laron
Se puet nus à paines gaitier.


2005

Par mauvais consel mains hosteus
Est hounis.


2008

Onques ne fai ton conseillier
D’ome ki ne soit de boin non.


2018

Nus n’est sour qui on ne mesdie.


2025

· · · · · · · · · · · · Ne puet durer
Larges cuers por riens à l’aver.


2037

Kiconques fait dou sierf signor,
Lui et son regne en grant dolour
Met.


2043

· · · · · · · · · · · · · Pas ne folie
Hom ki par autrui se castie.
Sires ki mauvais conseil croit,
Lui méismes avant deçoit.


2049

Onques princes escars n’avers
A bien ne vient.


2291

Sages est ki fait de son tort
Son droit.


2370

· · · · On dist souvent que grans pais
Gist en bien grant gerre à le fie.


2797

Ausi grant cop fiert uns vilains
C’uns quens fait, u c’uns castelains.


3252

Cascuns ne set c’à l’oel li pent.


3527

· · · · On dit qui a mal voisin
Que il a souvent mal matin.


3750

· · · · On voit souvent avenir
Ke teus kiet souvent entre piés
Ki puis vient deseure tous liés.


3912

Teus est tous haitiés au jor d’ui,
Espoir ne vivera demain.


4539

· · · · · · · · · Se cascuns punis
Estoit de ses meffais, avis
M’est qu’il n’est nus, ne haus, ne bas,
Ki bien ne péust dire hélas !


5230

Je di que souvent de ses droits
Retolt norreture à.nature.


5478

Vivre ù monde n’est mie fieste.


5895

· · · · Li mors prent tout à son kius,
Sitost les jouenes corn les vius.


6344

Mauvais fait croire quanc’on ot.


6514

Il s’essauce ki s’umelie.



  1. Personnes pieuses
  2. Ce personnage n’est pas dans le Roman.
  3. Ce comte Guillaume étoit fils aîné de Marguerite II, comtesse de Flandre en 1244, par la mort de Jeanne sa sœur, qui n’avoit pas laissé d’enfant ; et de Guillaume de Dampierre, second fils de Gui II de Dampierre, et de Mathilde, héritière de Bourbon. Les éditeurs de Joinville se sont trompés dans la table des matières en supposant qu’il y avoit deux Guillaume, père et fils, comtes de Flandre. Guillaume de Dampierre étoit mort depuis trois ans, lorsque Marguerite devint héritière de ce comté. Guillaume, son fils aîné, ayant été tué en 1251, ainsi qu’il est dit plus haut, ce fut Gui, son second fils, qui lui succéda lorsqu’elle mourut en 1280, et l’auteur du Couronnement en parle sous le titre de marquis de Namur, dont il dit que les sentimens étoient les mêmes que ceux de son frère Guillaume.
  4. Voyez l’Art de vérifier les dates, article des comtes de Flandre.
  5. Marie ai num, si sui de France,
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
    · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
    Pur amur le cumte Willaume,
    Le plus vaillant de cest royaume,
    M’entremis de cest livre feire.

    (Épilogue de ses Fables.)
  6. J’ignore d’après quelle autorité il est dit, dans le tome XVI de l’Histoire littéraire de France, page 209, que Marie étoit Bretonne ; ce ne peut être, je crois, qu’une induction tirée de ses lais, dont presque tous les sujets sont Bretons.