Le Quatorze Juillet (Romain Rolland)/Personnages

Le Quatorze Juillet (Romain Rolland)
Le Quatorze JuilletHachette (p. 4-8).
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Cette pièce a été représentée pour la première fois au théâtre de la Renaissance-Gémier, le 21 mars 1902, avec la distribution suivante :


La Contat Mmes  André Mégard
Lucile Duplessis Jane Heller
Marie Bouju René Bussy
Première Femme du Peuple Marcelle Jullien
Deuxième Femme du Peuple Jeanne Lion
Première Fille Dinard
Deuxième Fille Hélène Milton
Troisième Fille Delage
Une Jeune Fille Renée Leduc
La Petite Julie La petite Marcelle
Hoche MM. Gémier
Hulin Arvel
Marat Beaulieu
Camille Desmoulins Capellani
Vintimille Lenormant
De Launey Frédal
L’Homme en Faction Maxence
Gonchon Baudoin
De Flue Mosnier
Béquart Berthier
Robespierre Godeau
Un Maniaque Jehan Adès
Un Crocheteur Jarrier
Un Notaire Courcelles
Un Garde Française Cailloux
Un Étudiant Laforèt
Un Gueux Edmond Bauer
Un Marchand Gorieux
Premier Crieur de Journaux Berlin
Deuxième Crieur de Journaux Mallet
Un Abbé Keller
Premier Bourgeois Thoulouze
Deuxième Bourgeois Ludwig
Troisième Bourgeois Schells
Quatrième Bourgeois Regnier

Musique de scène de M. Julien Tiersot

PERSONNAGES


LAZARE HOCHE, 21 ans. — Grand, maigre ; les cheveux et les yeux noirs ; une légère cicatrice, du milieu du nez à l’extrémité du front, à droite ; la bouche point grande, et de belles dents. La gravité est le fond de sa physionomie réfléchie, un peu mélancolique, qui porte, comme tout son être, l’empreinte de la volonté. Une tristesse cachée, lointaine. (L’homme qui mourra jeune, usé par les fatigues, les insuccès, les soupçons, le mal qui mine sourdement sa poitrine athlétique.) Mais une jovialité héroïque prend le dessus, et, dans les moments de crise, rit d’un rire juvénile qui étonne.
PIERRE-AUGUSTIN HULIN, 31 ans. — Très grand, très large, blond, flegmatique, parlant peu, sans violence, riant silencieusement, indifférent aux raisons, tranquillement obstiné, avec de subits accès de fureur qui brisent tout. Un héros qui n’agirait pas, sans l’exemple de son ami Hoche, sans son instinct de brave homme, et sans le besoin de dépenser une force herculéenne. (L’homme qui, sans initiative personnelle, ne recule devant rien, et, sorti de rien, montera à tout, sans s’étonner, — plus tard comte de l’Empire, général de division, commandeur de la Légion d’honneur, gouverneur de Milan, de Vienne, de Berlin conquis, commandant de Paris, président de la commission militaire qui fera fusiller le duc d’Enghien.)
JEAN-PAUL MARA[T], 46 ans. D’origine espagnole, né en Suisse. — Très petit (moins de cinq pieds). Robuste, non corpulent. — Fabre d’Églantine a tracé de lui un admirable portrait : « Le cou fort, le visage large et osseux, le nez aquilin, épaté et même écrasé, avec le dessous proéminent et avancé ; la bouche moyenne, souvent crispée dans l’un des coins par une contraction fréquente ; les lèvres minces ; le front grand, les yeux gris-jaune, vifs, perçants, naturellement doux, et d’un regard assuré ; le sourcil rare ; le teint plombé et flétri ; le poil noir, les cheveux bruns et négligés… Il marchait la tête haute, droite et en arrière, avec une rapidité cadencée, qui s’ondulait sous un balancement de hanches. Son maintien le plus ordinaire était de croiser fortement ses deux bras sur sa poitrine. Il s’agitait avec véhémence en parlant, et terminait presque toujours son expression par un mouvement de pied qu’il tournait en avant, et dont il frappait la terre, en se relevant subitement sur la pointe, comme pour élever sa petite taille à la hauteur de son opinion. Le son de sa voix était mâle, sonore, un peu gras, et d’un timbre éclatant ; un défaut de langage lui rendait difficile à prononcer nettement le c et l’s, dont il mêlait la prononciation à la consonance du g, sans autre désagrément sensible que d’avoir le débit un peu lourd, une pesanteur maxillaire, qu’effaçait l’énergie de sa conviction. Il était vêtu d’une façon négligée, complètement ignorante des convenances de la mode et du goût, et même avec l’air de la malpropreté. » — Au moral, sous l’exaltation d’une sensibilité frémissante, qui le jette parfois dans des accès convulsifs, une bonhomie qui ne veut pas s’avouer, et un profond sens moral, un amour ardent de la vérité, — qui lui fait reconnaître ses propres erreurs, quand la raison les lui a démontrées.
CAMILLE DESMOULINS, 29 ans. Avocat au Parlement. — Voir son portrait dans Danton. — Bien que moins âgé que dans Danton, moins jeune en apparence : le bonheur n’a pas encore passé sur lui. — Un maigre lévrier. Un gamin de Paris, audacieux et effronté ; la figure bilieuse, flétrie par la misère, les veilles, la vie dissipée ; la bouche rieuse, un peu grimaçante, et les traits irréguliers.
MAXIMILIEN DE ROBESPIERRE, 31 ans. Député à la Constituante. — Voir son portrait dans Danton. — Mais sa figure est plus pleine, plus molle ; elle n’a pas encore été pétrie par une âpre pensée, — creusée par la fatigue et la responsabilité. — Une flamme blanche. L’âme n’a pas pris conscience de sa force intérieure ; mais cette force est là, muette, se manifestant seulement par l’absolu renoncement qu’on sent qu’il a déjà fait de sa vie, sans croire au succès, par un stoïcisme hautain, pessimiste et glacé.
GONCHON LE PATRIOTE, 40 ans. Teneur de tripots au Palais-Royal. — Petit, énorme de figure et de stature, boursouflé, marqué de la petite vérole. Cabotin vaniteux, matamore et menteur, qui veut être terrible, et joue les Mirabeau grotesques.
FÉLIX-HUBERT DE VINTIMILLE, MARQUIS DE CASTELNAU, 60 ans.
BERNARD-RENÉ JOURDAN, MARQUIS DE LAUNEY, gouverneur de la Bastille, 49 ans.
DE FLÜE, commandant des Suisses, 50 ans.
BÉQUART, invalide, 70 ans.
LOUISE-FRANÇOISE CONTAT, du Théâtre Français, 29 ans. — Le type des peintures de Boucher. Blonde, grasse, rieuse, la bouche railleuse, l'œil un peu gros, le front et le menton fuyants, l'air hardi et sensuel, « Œil qui parle, regard qui mord » (Goncourt). Elmire du Tartufe, et surtout Suzanne de Figaro. « La Thalie du Théâtre-Français. »
ANNE-LUCILE-PHILIPPE LARIDON DUPLESSIS (LUCILE DESMOULINS), 18 ans. — Voir son portrait dans Danton. — et surtout, au musée Carnavalet, le charmant portrait de Boilly. — Tendre, sensuelle, enfantine, romanesque et railleuse.
LA PETITE JULIE, 9 à 10 ans. — Petite fille du peuple, grêle, menue, pâlotte, les yeux bleus.
MARIE-LOUISE BOUJU, marchande de légumes. Passé la soixantaine.
LE PEUPLE :

Une femme du peuple, mère de Julie ;
Un petit garçon de sept ans ;
Un crocheteur ;
Un maniaque ;
Un étudiant ;
Un patron menuisier ;
Un notaire ;
Marchands de journaux ;
Marchands du Palais-Royal ;
Filles du Palais-Royal ;
Gardes françaises ;
Invalides ;
Suisses ;
Badauds, Promeneurs, Élégants ;
Ouvriers, Gueux, Femmes du peuple, enfants :

toutes les classes ; tous les âges.


La scène à Paris, du 12 au 14 juillet 1789.

Au Palais-Royal, dimanche matin, 12 juillet.


Au Faubourg Saint-Antoine, nuit du lundi, 13 juillet.


À la Bastille, et Place de l’Hôtel-de-Ville, mardi, 14 juillet, de quatre heures à sept heures du soir.