Le Procès des Thugs (Pont-Jest)/I/24


XXIV

MISS CLARA TREVOR LA COURTISANE ET BOB LANTERN L’ESCAMOTEUR.



À la tombée de la nuit, lorsqu’un auditoire compact eut envahi la salle, on remarqua que le lord président, d’ordinaire si calme, paraissait inquiet et préoccupé.

Elle devait à la légèreté de ses mœurs et à son luxe insolent une certaine célébrité.

— Messieurs les juges, dit-il, lorsque le silence se fut fait, de graves événements se sont produits depuis la scène de ce matin, et le procès paraît devoir entrer dans une phase nouvelle, car j’ai la conviction que Feringhea ne nous a pas dit, ainsi qu’il l’avait promis, tous les secrets de sanglante et mystérieuse association don il est le chef.

— J’ai dit tout ce que je savais, affirma Feringhea en se levant et avec cette dignité sauvage qui ne l’avait pas encore abandonné un instant depuis le commencement des débats.

— J’ai lieu de croire, au contraire, reprit le président, que vous avez voulu faire la part du feu. Vous avez livré une partie de vos complices pour assurer l’impunité des autres.

— C’est une erreur, répondit Feringhea, avec assurance, j’ai tout révélé.

— C’est ce que nous allons savoir. Et d’abord, messieurs, apprenez que Gilbert, ce malheureux qui a si étrangement abusé de la confiance de Sa Seigneurie lord Bentick, n’est pas mort.

Feringhea, malgré tout son empire sur lui-même, ne put réprimer un mouvement de déception.

— Les médecins, poursuivit le président, ont perdu tout espoir de le sauver ; mais il a repris connaissance, et j’ai pu recueillir sa déposition. Gilbert a parlé comme un homme sur le point de paraître devant le souverain Juge. Grâce à lui, nous tenons, j’en ai la conviction, les derniers fils de cette redoutable association.

— Il peut exister des groupes de Thugs inconnus de moi, opérant pour leur compte particulier, observa le chef des Étrangleurs.

— Feringhea, l’infortuné sir Harry Temple ne vous a pas reconnu hier, mais j’ai de fortes raisons de supposer que, vous, vous le connaissez.

— Je l’ai vu ici, devant vous, pour la première fois. J’ignorais même son nom.

— Soit ! nous apprécierons ce qu’il faut croire de votre déclaration. Huissiers, introduisez miss Clara Trevor.

À ce nom, Feringhea, qui avait repris toute son assurance, ne put cacher sa surprise et il se laissa retomber sur son banc. Sa physionomie semblait bouleversée.

Un murmure de satisfaction s’éleva dans l’auditoire. Une fois enfin, le terrible chef paraissait redouter quelque chose.

— Je dois prévenir l’assemblée que je suis résolu à ne pas tolérer la moindre manifestation, dit le président.

Le silence se fit aussitôt.

Miss Clara qui apparut au même moment entre deux gardes, était une jeune femme remarquablement jolie, blonde, à l’air effronté, bien connue à Madras. Elle devait à la légèreté de ses mœurs et à son luxe insolent une certaine célébrité.

On ignorait d’où elle venait ; elle avait toujours refusé de le faire savoir.

Elle fit son entrée, vêtue comme la dernière gravure de modes du Mirror of the fashion, et ne semblait nullement embarrassée.

— Persistez-vous, miss, lui dit le président, à ne rien vouloir faire connaître de vos antécédents ?

— Je ne vous ai pas menti, mylord, répondit Clary, quand vous m’avez interrogée en particulier. Appartenant à une grande et honorable famille, je dois taire mon vrai nom par respect pour elle.

— Où êtes-vous née ?

— En Angleterre. Je vous ai déjà dit que mes nobles parents…

— Cessez ces sottes histoires, miss, si le pauvre capitaine Patrice était encore de ce monde, il nous dirait, lui qui vous a amenée dans l’Inde, dans quel bouge de la Cité il avait eu la faiblesse de vous ramasser.

Le capitaine Patrice était un jeune officier de l’armée du Bengale, qui au commencement de l’instruction du procès des Thugs avait été dévoré par un tigre qu’il essayait d’apprivoiser.

— Mylord, vous insultez une femme, observa impudemment la courtisane.

— Assez ! poursuivit le président, d’un ton de plus en plus irrité. Assez, et arrivons au procès. Quand avez-vous entendu parler pour la première fois de la société des Thugs ?

— Jamais avant cette affaire.

— Prenez garde, malheureuse, vous n’avez plus qu’une planche de salut : la sincérité, ne la repoussez pas.

— Que toutes ces questions sont désagréables ! Je ne comprends pas ce que me veut Votre Seigneurie :

L’insolence de miss Clara indignait l’auditoire, et, en dépit des déclarations du président, on entendait de différents côtés s’élever des huées.

— Silence ! ordonnèrent les huissiers.

— Une dernière fois, miss, dit sir Georges Monby, faites un retour sur vous-même, car peut-être de témoin allez-vous devenir accusée.

La jeune femme ne répondit à cet avertissement que par un geste ironique.

— Huissiers, commanda alors le président, faites entrer Bob Lantern.

À ce nom, l’auditoire ne put retenir un mouvement de surprise.

Ce Bob, plusieurs années auparavant, était fort en réputation à Madras. C’était un Irlandais, escamoteur de son état, qui donnait des représentations quelquefois chez de riches résidents, le plus souvent en plein air. Un jour, il avait annoncé son départ de Madras ; depuis lors, on ne l’avait plus revu.

Mais l’homme que les huissiers amenèrent ne ressemblait en rien au Bob qu’on connaissait ; on eût juré un Hindou.

— Vous êtes bien Bob Lantern, l’Irlandais ? lui demanda le magistrat.

— Oui, Votre Honneur, répondit le nouveau venu. Je m’appelle Lantern comme défunt mon père ; mais les Thugs ne me connaissent que sous le nom de Djamoù, un nom que j’ai pris comme ça, quand je me suis fait Thug.

À l’apparition de Bob, un frissons d’épouvante avait couru parmi les accusés. Feringhea lui-même semblait fort ému.

Quant à miss Clara, toute son impudente assurance avait disparu. Elle avait pâli, chancelé, et les huissiers avaient été obligés de lui donner un siège.

— C’est vous Bob, demanda le président au témoin, qui, à la dernière audience, lorsque Gilbert venait de se frapper, avez crié : Avant quarante-huit heure, vous saurez tout ?

— Oui, mylord, répondit l’Irlandais.

— Eh bien, vous avez tenu parole. Répétez devant le tribunal les confidences que vous m’êtes venu faire il y a quelques heures.

— C’est donc pour redire à Votre Honneur que, dans le temps où j’escamotais des muscades pour l’agrément des sociétés, j’avais entendu parler des crimes de ces damnés Étrangleurs. On racontait déjà dans le menu peuple des histoires terribles qui ne venaient pas aux oreilles de Vos Seigneuries. Je ne croyais certes pas tout ce qu’on rapportait ; mais, à part moi, je me disais : Il faut tout de même qu’il y ait quelque chose ; car il n’y a jamais de fumée sans feu.

— Tâchez, Bob, d’abréger votre récit.

— J’entends, Votre Honneur. Donc un matin, je me dis comme ça : Si je me faisais Thug, un petit peu ; de cette façon je saurais le fin de la chose, et j’irais tout confier au chef de la justice.

— Ces sentiments vous honorent.

— Je l’espère bien ! Seulement, si l’idée vous semble jolie, l’exécution était, j’ose le dire, crânement périlleuse. C’est que si les Thugs sont plus féroces que des tigres, ils ont la prudence de la copra. Je me disais bien : Bob, mon garçon, c’est ta peau que tu risques, mais bast : la peau d’un pauvre diable d’escamoteur n’a pas grande valeur. Puis, je me disais du même coup : Ce sera bien le diable si je ne surprends pas quelqu’un des secrets des jongleurs indiens, et cela me vaudra plus tard de rudes succès dans les sociétés. Et, en effet, j’ai surpris de ces secrets, et si vous voulez, messieurs et mesdames…

Bob s’était tourné du côté où se tenait, sur des sièges réservés, l’élite de la société de Madras, et malgré la gravité de la situation, l’auditoire tout entier n’avait pu s’empêcher d’éclater de rire.

— Ces rires sont inconvenants, dit sir Georges Monby. Je vous prie, Bob, de ne plus les provoquer et de continuer votre déposition sans vous adresser au public.

— Pardonnez-moi, Votre Honneur, reprit le témoin sans se déconcerter, je montrerai mon savoir à ces dames et à ces messieurs dans un autre moment ; je reprends mon affaire.

— Oui, et songez que vous êtes ici devant la justice.

— Parfaitement, Votre Honneur. J’en étais au moment où je me décidai à me faire Thug. Pour commencer, je me passai au jus de réglisse et me fis la drôle de tête que vous me voyez. Ensuite de quoi, je traversai l’esplanade et fus m’établir dans la ville noire pour me perfectionner dans le jargon de ces scélérats et aussi pour m’exercer à rouler les yeux à leur manière. C’est très-difficile. Cependant, au bout de six mois, quand je me risquai à revenir dans la ville haute, nul ne me reconnut. Je le crois bien, je ne me reconnaissais pas moi-même. Content de l’épreuve, je me dis : « Bob, mon garçon, voilà le moment de te lancer. »

— C’est de cette époque que datent vos relations avec Feringhea ?

— Tout juste, Votre Honneur. J’ai fait sa connaissance chez un brigand de ses amis, qui demeurait non loin de Nellore, sur les bords du Pannoor. Ce scélérat, nommé Goulâb, m’avait pris à son service, me croyant aussi Hindou que lui. Je faisais sa cuisine.

— Et qu’est devenu ce Goulâb ? demanda l’un des juges.

— Il est mort d’une indigestion, répondit Bob, mais ma cuisine n’y est pour rien, et cette mort m’a paru terriblement louche, car elle est arrivée après un dîner que mon maître avait fait en compagnie de Feringhea.

— C’est faux ! s’écria le chef de Thugs.

— Ami Feringhea, fit Bob ironiquement, il est inutile de faire des façons avec moi et d’essayer de m’effrayer. Je sais ce que je sais, et je dirai tout à Leurs Seigneuries.

— Ne vous interrompez pas, Bob, fit sir Georges Monby et ne répondez pas aux accusés.

— Excusez, Votre Honneur, c’est ce scélérat qui me donne des démentis. Je cuisinais donc tant bien que mal chez Goulâb, quand un soir mon patron me demanda ce que je pensais de la déesse Kâly.

« — Je pense, lui répondis-je, que c’est une grande déesse, et la preuve c’est que tous les soirs je lui fais une petite prière.

« — Eh bien ! me dit-il, ce n’est pas assez ; il n’est qu’un moyen de se rendre Kâly favorable, c’est de faire beaucoup de cadavres.

« Là-dessus, il se mit à me faire l’éloge des Thugs et il m’apprit que, si je le voulais, je pouvais être admis dans la terrible association comme prosélyte. Il ajouta qu’une superbe occasion m’était offerte de faire mes premières armes ; on devait cette nuit même surprendre et étrangler un détachement de la garnison de Madras, campé à une demi-lieue du Pannoor.

— Et vous ne vous êtes pas hâté de prévenir l’autorité ?

— Hélas ! Votre Honneur, pour prévenir l’autorité, il m’eût fallu venir à Madras, et le secours serait arrivé trop tard. D’ailleurs, qu’eût-on fait ? On eût saisi quelques vulgaires assassins, et voilà tout. Mon projet à moi, projet que je suis à même de réaliser aujourd’hui, était de livrer l’association entière. Or, ce qu’il en reste, je le tiens dans ma main.

— C’est bien ; poursuivez.

— Cette nuit-là, j’ai souffert mille morts. En moins de dix minutes j’ai vu anéantir jusqu’à la trace de ces vingt-cinq hommes. Je ne fais pas disparaître plus lestement une muscade. À un signal donné, chacun des soldats fut saisi et étranglé par un Thug, sans un cri, sans une convulsion, et quelques secondes plus tard, tous les cadavres étaient entassés dans une fosse immense creusée à l’avance. Rien ! il ne restait plus rien du détachement ! Le plus habile des fossoyeurs eût campé pendant une semaine sur le gazon dont on avait recouvert la fosse, sans même soupçonner le crime.

— Ce détachement n’était-il pas commandé par le lieutenant Spincer ?

— Je l’ignore. Ce que je sais, c’est qu’à dater de ce jour j’étais définitivement classé parmi les Thugs et que, quelques mois plus tard, j’avais un renom énorme de férocité.

— Vous avez dû, alors, assister à bien des scènes de meurtres ?

— C’est vrai, mylord, mais la grandeur de mes projets me soutenait. Je me voyais, moi, le pauvre escamoteur de la place publique, sauver mon pays d’un danger immense qu’il ne prévoyait pas ; je voyais mon nom obscur acclamé par une grande nation reconnaissante.

En dépit des huissiers, une salve d’applaudissements accueillit la déclaration du témoin, et quelques cris de : Vive Bob ! aussitôt réprimés se firent entendre.

— Et vous n’avez jamais été forcé de tremper vos mains dans le sang ? demanda le président avec une certaine hésitation.

— Jamais, Votre Honneur, jamais ! répondit Bob avec fermeté ; souvent, au contraire, il m’est arrivé de sauver des infortunés abandonnés de toute espérance. Longue serait la liste de ceux qui me doivent la vie. S’il vous faut des témoignages pour soutenir mes dires, appelez sir Edward Winter, dont j’ai sauvé toute la famille ; appelez sir Albert Bruck, arraché aux supplices les plus affreux au risque de ma vie : appelez le major Fagan, que j’ai arrosé de simple mercure lorsque les Thugs croyaient que je l’inondais de plomb fondu.

— Vous êtes un brave homme, Bob, nul plus que moi n’en est persuadé.

À ce moment, le major Fagan, qui se trouvait dans l’auditoire, se leva et vint serrer la main de Bob.

La foule applaudit et sir Georges Monby n’eut pas le courage de faire cesser ces manifestations bien naturelles.

— Je demanderai au major, si ce n’est point contre le règlement de la cour, dit un des juges, comment, après avoir échappé à un si grand danger, il n’a pas porté plainte ?

— J’avais juré à cet homme généreux de me taire, répondit l’officier, et d’ailleurs je me croyais tombé aux mains d’assassins vulgaires.

— Ce que dit le major, reprit Bob, vous explique, Vos Honneurs, comment j’ai pu si longtemps soutenir mon rôle.

— Oui, tout s’explique, fit le président, arrivez, Bob, aux derniers événements.

— Je le veux bien. Ma réputation de férocité était parfaitement établie dans l’Inde entière, lorsque des ordres supérieurs me firent revenir à Madras. J’étais destiné à entrer au service d’une jeune dame anglaise, qui était une des pourvoyeuses les plus impitoyables de l’association. Cette jeune dame, que vous voyez devant vous, messieurs, est miss Clara Trevor.

— Cet homme est un misérable, il ment ! s’écria la jeune femme au comble de l’épouvante.

— Silence, miss, l’heure des mensonges est passée, dit durement sir Georges Monby à la courtisane.

— Cette jeune dame, poursuivit Bob, avait été mise en rapport avec Feringhea par un Thug qui, moyennant cent livres, s’était chargé de la débarrasser d’un amant dont la jalousie lui pesait.

— Cet amant n’est-il pas le capitaine Patrice ? demanda le colonel Burton.

— Précisément, colonel. Il paraît que le capitaine gênait singulièrement les goûts de cette demoiselle. Il l’aimait, et en échange des sacrifices qu’il faisait pour elle, il avait la prétention d’être aimé seul, tout seul ! Ce n’était peut-être pas très-raisonnable, mais ce ne sont pas là mes affaires.

— Le capitaine Patrice n’a jamais fait de sacrifices pour moi, affirma miss Clara.

— Il avait dépensé toute sa fortune, le malheureux, continua Bob, lorsque la jeune miss s’aperçut qu’elle ne pouvait plus le souffrir. C’est alors qu’elle chargea un Thug de le tuer. Feringhea trouva le moyen qui devait éloigner tous les soupçons de la police. Un tigre pris la veille dans les jungles fut substitué au tigre qu’élevait le capitaine, et le malheureux, vous le savez, fut dévoré.

— J’ai toujours ignoré ce fait ; c’est faux ! s’écria la jeune femme.

— Excusez-moi, miss ; vous le savez si bien, que vous vous êtes chargé de détacher et d’emmener le tigre privé pendant qu’on enchaînait, à sa place, la bête féroce qui devait dévorer sir Patrice. J’étais là, il ne faut pas l’oublier.

Miss Clara, folle de colère, se leva comme pour se jeter sur Bob Lantern, mais les huissiers la forcèrent à s’asseoir.

— C’est alors cet horrible crime qui a lié miss Clara aux Thugs ? demanda le lord président.

— Votre Honneur l’a dit, répondit le témoin, ce crime la mettait à la discrétion de Feringhea. Le monstre en a abusé avec d’autant plus de facilité que les revenus du radjah Rendjit-Sing ne suffisaient pas aux profusions de miss Clara. Il fut convenu qu’on lui compterait je ne sais combien de milliers de roupies par Européen qu’elle attirerait dans le piège. Songez à ce qu’elle dépensait par an.

— Mais c’est absurde ! c’est infâme ! Il ment, hurla Clara.

— Silence, miss. Et vous, Feringhea, répondez, commanda le président ; ce que dit le témoin est-il exact ?

— Ce jongleur se joue de Vos Seigneuries, c’est un imposteur, fit Feringhea en haussant les épaules.

— Ah ! je suis un imposteur ! reprit Bob, indigné. Eh bien ! qu’on prenne la peine de creuser où l’on voudra dans les jardins de miss Clara, les corps de ceux qui y ont été enterrés se lèveront pour demander justice et vengeance !

Ces dernières paroles soulevèrent des murmures d’horreur, mais à ce moment l’entrée du lieutenant Fraser interrompit la déposition de Bob. Tous les yeux se tournèrent pleins d’anxiété vers le lieutenant.

— Mylord, dit cet officier au président, vos ordres sont exécutés ; j’ai conduit au fort Saint-Georges les hommes arrêtés.

Sur un signe du noble lord, le lieutenant Fraser s’approcha de lui et lui parla quelques instants à voix basse. L’anxiété de l’auditoire avait atteint son paroxysme ; on pressentait quelque événement extraordinaire.

— Lieutenant Fraser, dit sir Georges Monby, vous avez on ne peut mieux rempli votre difficile mission. Maintenant, soldats, assurez-vous de la personne de miss Clara Trevor : il est nécessaire qu’elle assiste aux fouilles qui vont être pratiquées dans son jardin.

— À moi ! au secours ! s’écria la misérable en se débattant entre les mains des soldats qui s’assuraient d’elle.

Mais on l’entraîna malgré ses cris et sa résistance.

Seul, Bob était resté parfaitement calme.

— Dois-je continuer ma déposition, mylord ? demanda-t-il, lorsque le calme fut rétabli.

— Pas pour le moment, répondit l’honorable magistrat. Les forces humaines ont des limites, et je me vois forcé de suspendre cette audience, qui n’a pas duré moins de sept heures.