Le Premier livre illustré de mes petits enfants/XVII

LE CHARDONNERET


Une petite fille, qui ces jours derniers, pleurait bien amèrement, c’est Mlle Pauline. Ne vous cachez pas derrière votre maîtresse, mon enfant, et regardez-moi sans crainte ; la faute que vous avez commise est assez légère et je n’entends pas vous en faire un crime.

Pauline est la meilleure de vous toutes, sachez-le, mesdemoiselles ; elle est affectueuse et douce, et l’on ne doit lui reprocher qu’un peu d’étourderie. C’est un défaut commun à tous les enfants, et dont ils se corrigent avec l’âge.

Mais, comme dit le proverbe : « Si léger soit-il, un défaut est toujours dommageable ». C’est pour vous prouver la sagesse de ce proverbe, que je vais rapporter l’aventure qui a fait pleurer votre compagne.

Pauline possédait un chardonneret des mieux dressés qui lui avait été rapporté des pays étrangers, par son oncle, le capitaine de zouaves.

Fifi, ainsi se nommait l’oiseau, savait parfaitement tirer le seau qui contenait son breuvage, soulever le couvercle de l’auget qui renfermait son manger, et se balancer la tête en bas au premier commandement. Pauline adorait son oiseau et le soignait avec une grande sollicitude.

Dimanche dernier, jour de funeste mémoire, la petite fille, en nettoyant la cage, oublia d’en refermer la porte. Fifi s’envola par la fenêtre, et, malgré les supplications de sa jeune maîtresse, refusa de rentrer dans sa prison.

Depuis ce jour, Fifi n’a pas reparu, et depuis ce jour Pauline ne peut s’empêcher de répandre des larmes en voyant la cage vide.