Le Premier livre illustré de mes petits enfants/XII

LA JOLIE QUÊTEUSE


Si Léonie n’aime pas qu’on lui parle du jour de Pâques, continua la vieille dame, Mlle  Julienne, que voici, n’est, guère plus satisfaite quand on lui rappelle le jour de la Pentecôte.

Mlle  Julienne, vous l’ignorez peut-être, est assez négligente. Elle jette pêle-mêle ses robes et ses souliers et ne remet jamais les choses à leur place. Sa chambre est dans un tel désordre qu’on n’y peut circuler sans risquer de renverser quelque meuble, ou de trébucher contre un des mille objets qui traînent sur le plancher.

À la fête de la Pentecôte, Mlle  Julienne avait été choisie pour quêter à la paroisse.

À cette occasion, sa tante qui est aussi sa marraine, lui avait fait présent d’un ravissant costume de mousseline blanche, orné de rubans roses et parsemé de fleurs naturelles.

Le jour de la cérémonie, Julienne, aidée de sa bonne tante, revêtit cette jolie robe qui lui seyait à merveille. La maman était toute joyeuse de voir sa fille aussi belle : la bonne tante ne l’était pas moins. Elles s’apprêtaient à conduire la jeune personne à l’église, lorsque celle-ci, pleurant à chaudes larmes, se présenta devant elles la robe et le visage maculés de larges taches noires.

Mlle  Julienne, en voulant prendre une épingle sur l’étagère, venait de renverser un pot de cirage liquide qui l’avait inondée des pieds à la tête !

Je vous demande ce que pouvait bien faire un pot de cirage sur l’étagère d’une demoiselle ?

Le costume fut perdu ; Julienne ne quêta point ; la mère réprimanda sa fille et la marraine s’éloigna mécontente, en se promettant de ne plus faire de cadeaux à sa filleule tant que celle-ci ne se montrerait pas plus soigneuse.