Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 250).
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CXCIX


Poète, quand tu peux, sur l’azur tu cisèles,
Un ciselet brillant de lumière en ta main ;
Et tu voudrais n’avoir que l’éther pour chemin ;
Ton zèle harmonieux est le plus pur des zèles.

Mais, si tu sais bondir à l’instar des gazelles,
Tu ne saurais, pas plus aujourd’hui que demain,
Prétendre à mieux régler ton faible essor humain :
Et c’est bien rarement que l’on te voit des ailes.

Trop souvent, à ton gré, dans ton vol inégal,
Tu heurtes de tes pieds quelque sommet fécal ;
Et dans ton vers, alors, passe un souffle de prose.

Or, il n’est point d’oiseau, l’aigle tout le premier.
Qui tout à coup, c’est fatal, ne se pose,
Et n’enfonce, parfois, la patte en son fumier.