Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 214).
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CLXXII


Je voudrais que mes mots fussent tels des essaims
Joliment bourdonnants d’abeilles parfumées,
Ou fussent d’une essence d’encens les fumées,
Pour chanter comme il sied la douceur de tes seins.

Je voudrais démontrer, par d’achevés dessins,
Que les poitrines les plus pures des almées
Près de la tienne seraient moins haut estimées.
Je le voudrais crier dans l’or de cent buccins.

Mais je n’ai pas de mots divins, poète fruste,
Pour chanter comme il sied la douceur de ton buste.
Je m’y suis essayé sans honneur, mille fois !

Mais pour toujours tes seins ont fixé mes pensées ;
Et, quand je les revois, ma chère, je revois
Deux exquises petites coupes renversées !