Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 87).
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LXIV


L’ange de la fraîcheur plane sous le soleil !
Il plane sur mon corps, qui brûlait, tout à l’heure !
Depuis que de son aile, en planant, il m’effleure.
Je sens en moi couler un sang bien plus vermeil !

Il plane sur mon corps ; et voici le réveil
De mes forces ; et c’est si divin que j’en pleure !
Il plane sur mon corps ; et, ce n’est’pas un leurre.
Mon corps est inondé d’un bonheur sans pareil !

Mais mon âme est encor sur la grand’route aride !
Mais mon âme est encor sous le grand ciel torride,
Et l’air qu’elle respire est toujours suffocant !

L’ombre douce à mon corps, mon âme la réclame.
Ah ! pourrai-je jamais peindre mon bonheur, quand
L’ange de la fraîcheur planera sur mon âme !…