Le Peuple vosgien/n°2 du 22 décembre 1849/Intérieur

Intérieur.

assemblée nationale

La loi sur l’impôt des boissons a fait un pas, un grand pas depuis la semaine dernière. La prise en considération de cet inique impôt a été voté par 445 voix, 220 représentants ont voté contre. — Ainsi se trouvent déjoués toutes les combinaisons que nous annoncions dans notre dernier No, et qui devaient aboutir à rendre le résultat au moins douteux ; si le dernier coup ne venait pas d’être porté à l’impôt des boissons. Quoi qu’il en soit, prenons notre parti, la chambre a oublié, quel était le vœu du pays, bien des représentants ont oubliés les engagements d’honneur pris avec leurs mandans, à la chambre et à eux la responsabilité de ce quasi coup d’état législatif. En attendant la majorité écrasée dans la discussion générale par la voix éloquente et dominante des républicains donne carrière à ses colères dans la discussion des articles. Le citoyen Mathieu (de la Drôme), a le premier essuyé sa mauvaise humeur. Aussi pourquoi s’est-il avisé de dire devant les capitalistes, boursicateurs, agioteurs, que le pauvre payait plus d’impôt que le riche, et que l’impôt est aujourd’hui proportionnel à la misère. — Le fameux Benoît d’Asy tout courroucé, s’est précipité à la tribune, et a en quelques mots terrassé, d’après la majorité, (Mathieu de la Drôme ;) si la répartition de l’impôt est mauvaise, s’est-il écrié : c’est aux soixante années de révolutions que vous nous avez données, c’est aux mauvaises passions que vous avez développées, qu’il faut attribuer ce dont vous vous plaignez. Homme habile, et pas du tout Benoît, les chiffres vous font défaut, vous les mettez de côté, et vite, à notre face, vous nous accusez de ce dont vous êtes coupables. Oh ! tactique du parlementarisme, quand donc finiras-tu, quand donc à des paroles, à des discussions souvent oiseuses, qui ne convertiront jamais les endurcis, substituras-t-on la politique des faits.

MM. Charamaule, Paulin Gillon, Lebreton, sont venus ensuite, proposer d’innocents amandements, après une discussion confuse, ces honnêtes représentants ont regagnés leur place, sans être trop satisfaits de la chambre et peut-être bien d’eux même. Leurs amandements étaient de nul valeur.

Pour la clôture on a demandé ensuite des nouvelles de l’enquête, c’est M. Bocher, célèbre dans ce genre de travail, qui a pris la parole à ce sujet.


L’avalanche des pétitions contre le rétablissement de l’impôt des boissons continue malgré le vôte de l’assemblée nationale. Le chiffre que nous avons donné dans notre dernier numéro, peut être porté aujourd’hui à neuf cent mille signataires.


Le Rédacteur-Gérant, A. Thérin.