Traduction par divers traducteurs sous la direction de Charles Nisard.
Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètesFirmin Didot (p. 462-463).

LE PETIT JARDIN.

(1) Venez, ô Muses, filles du tout-puissant Jupiter ; proclamons les louanges du petit jardin fertile. — Un jardin fournit à celui qui le cultive de salutaires aliments, et lui rapporte sans cesse des produits variés, des légumes délicieux, de nombreuses variétés d’herbages, des raisins vermeils, et des fruits. Qu’un jardin aussi est un lieu charmant ! L’agréable et l’utile s’y mêlent de mille façons. Le cristal transparent d’une eau murmurante l’entoure, (10) et arrose les plants où le conduit un sillon. Des fleurs brillent sur des tiges aux mille nuances, et tapissent la terre de splendides pierreries. De gracieuses abeilles y bourdonnent, et pompent, légères et murmurantes, l’essence des fleurs ou la rosée nouvelle. Les vignes fécondes accablent les ormeaux, leurs maris ; le pampre ombrage des treillis de roseaux ; les arbres offrent des berceaux touffus, et leurs chevelures épaisses empêchent les feux du soleil de percer ; les oiseaux répandent leurs voix en mélodieux gazouillements, (20) et ne cessent de charmer les airs. Un jardin attire, réjouit, loge, nourrit, ôte au cœur affligé la pesante angoisse, rend la vigueur aux membres, et captive la vue ; il paye le travail au centuple ; il donne à celui qui le cultive le bonheur sous mille formes.