Chez Cazals & Ferrand, Libraires (p. 118-119).

MÉPRIS DES VOLUPTÉS.


Source délicieuſe, en miſeres féconde,
Que voulez-vous de moi, flâteuſes voluptés ?
Honteux attachemens de la chair & du monde,
Que ne me quittez-vous quand je vous ai quittés ?
Allez, honneurs, plaiſirs qui me livrez la guerre ;
Toute votre félicité
Sujette à l’inſtabilité
En moins de rien tombe par terre ;
Et comme elle a l’éclat du verre,
Elle en a la fragilité.


Ainſi n’eſpérez pas qu’après vous je ſoupire ;
Vous étalez en vain vos charmes impuiſſans ;
Vous me montrez en vain partout ce vaſte Empire,
Les ennemis de Dieu pompeux & floriſſans.
Il étale à ſon tour des revers équitables,
Par qui les grands ſont confondus ;
Et les glaive qu’il tient pendus
Sur les plus fortunés coupables,
Sont d’autant plus inévitables,
Que leurs coups ſont moins attendus.

P. Corneille.
FIN.