Le Parnasse contemporain/1869/Un ange chez moi parfois vient le soir
SONNET
Un ange chez moi parfois vient le soir
Dans un domino d’Hilcampt ou Palmyre,
Robe en moire antique avec cachemire,
Voilette & chapeau faisant masque noir.
Ses ailes ainsi, nul ne peut les voir,
Ni ses yeux d’azur où le ciel se mire ;
Son joli menton que l’artiste admire,
Un bouquet le cache ou bien le mouchoir.
Mon petit lit rouge à colonnes torses
Ce soir-là se change en bleu paradis ;
Un rayon d’en haut dore mon taudis.
Et quand le plaisir a brisé nos forces,
Nonchalant entr’acte à la volupté,
Nous fumons tous deux en prenant le thé.