Le Parnasse contemporain/1869/Chanson (Lafenestre)
GEORGES LAFENESTRE
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CHANSON
A l’Impruneta les filles sont belles !
Des ailes aux pieds, dans l’œil du soleil,
La tête aux aguets comme les gazelles,
Le sein, droit & fier, aux rosiers pareil.
A l’Impruneta les filles sont belles.
A l’Impruneta les gars sont hardis !
Chevelure éparse où la brise joue ;
Ils seront soldats, bergers ou bandits.
Une pourpre chaude allume leur joue.
A l’Impruneta les gars sont hardis.
A l’Impruneta l’église est étroite !
Le curé subtil range prudemment
Ses filles à gauche, & ses gars à droite ;
Il sait que le fer court vite à l’aimant.
A l’Impruneta l’église est étroite.
À l’Impruneta l’office est bien long !
Les filles, les gars, embrouillant les psaumes,
Cherchent de côté, bâillent au plafond ;
Les fleurs à l’encens mêlent leurs aromes.
À l’Impruneta l’office est bien long !
À l’Impruneta la campagne est verte !
Les filles, les gars, aux derniers versets,
Bondissent, par couple, à la porte ouverte ;
Sous les bras pressants craquent les corsets.
À l’Impruneta la campagne est verte.
À l’Impruneta l’amour va bon train
Dans les ravins creux aux senteurs de fraise :
Le curé subtil y perd son latin.
On s’aime à quinze ans, on s’épouse à seize.
À l’Impruneta l’amour va bon train !