Le Parnasse contemporain/1866/Artémis
ARTÉMIS
L’âcre senteur des bois montant de toutes parts,
Chasseresse, a gonflé ta narine élargie,
Et dans ta virginale et virile énergie,
Rejetant tes cheveux en arrière, tu pars !
Et tout le jour tu fais retentir Ortygie
Du rugissement fou des rauques léopards,
Et bondis à travers la haletante orgie
Des grands chiens éventrés dans l’herbe rouge épars.
Et bien plus, il te plaît, Déesse ! que la ronce
Te morde et que la dent ou la griffe s’enfonce
Dans tes bras glorieux que le fer a vengés.
Car ton cœur veut goûter cette douceur cruelle
De mêler, en tes jeux, une pourpre immortelle
Au sang horrible et noir des monstres égorgés !