Le Parnasse contemporain/1866/La Conque

Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]I. 1866 (p. 14).
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LA CONQUE


Oh ! qui dira jamais, conque fine et nacrée,
Dans combien d’océans, pendant combien d’hivers,
Tu supportas, au choc enflammé des éclairs,
L’assaut tumultueux de la haute marée !

Maintenant, sous le ciel, parmi les fucus verts,
Tu t’es fait un doux lit dans l’arène dorée.
Mais ton espoir est vain. Longue et désespérée,
En toi pleure à jamais la voix sombre des mers.

Mon âme est devenue une prison sonore.
Et comme dans ton sein roule et soupire encore
Un regret affaibli de la grande clameur ;

Ainsi, du plus profond de ce cœur trop plein d’Elle,
Triste, lente, insensible, et pourtant éternelle,
Toujours monte une étrange et confuse rumeur.