Le Paquebot américain/Chapitre XXXIV

Traduction par A. J. B. Defauconpret.
Furne, Gosselin (Œuvres, tome 15p. 429-437).


CHAPITRE XXXIV.


Nous vous attendrons là : et si vous n’y amenez pas Marcius, nous continuerons notre chemin.
Coriolan



Ève et mademoiselle Viefville avaient été spectatrices involontaires d’une partie de la scène rapportée dans les chapitres qui précèdent ; et le capitaine Ducie désirait s’excuser auprès d’elles de la part qu’il avait été obligé d’y prendre : dans ce dessein il avait prié son ami le baronnet de le présenter un peu plus régulièrement que ne l’avait fait le capitaine Truck.

— Miss Effingham, dit sir George Templemore, mon ami Ducie désire vous être présenté pour vous prier d’excuser l’espèce de commotion qu’a causée sur ce bâtiment la mission désagréable dont il était chargé.

Éve y consentit de la meilleure grâce. Le jeune capitaine s’avança sur-le-champ et fit ses excuses aux dames, qui les reçurent de la manière la plus gracieuse.

— C’est un emploi tout nouveau pour moi, ajouta-t-il, que d’avoir à arrêter des criminels.

Les mots des criminels sonnèrent désagréablement aux oreilles d’Ève, et elle sentit qu’elle pâlissait.

— Quoique nous en regrettions la cause, dit M. Effingham, nous pouvons facilement nous passer de l’individu que vous allez nous enlever ; car, dès le premier moment qu’il s’est montré, nous savions que c’était un imposteur. Mais n’y a-t-il pas quelque méprise ? Voici la troisième malle marquée P. P. que je vois porter dans la chaloupe.

Le capitaine Ducie sourit et répondit :

— Vous croirez que c’est un mauvais calembour, si je me borne à vous dire P. P. ; mais voyons. Et il leur montra Paul Powis, qui entrait accompagné du capitaine Truck. Ce dernier parlait avec vivacité, gesticulait en montrant la corvette, et serrait fortement la main de son compagnon.

— Dois-je en conclure, dit M. Effingham avec surprise, que M. Powis va aussi nous quitter ?

— Il me fait aussi la faveur, dit le capitaine Ducie, en appuyant avec un accent singulier sur ce dernier mot, de m’accompagner en Angleterre.

À cette annonce inattendue, il y eut un instant de silence, pendant lequel Paul s’approcha de ses amis. Il s’efforça de montrer du calme, et sourit même en leur adressant la parole.

— Quoique j’échappe à l’honneur d’être escorté par un détachement de soldats, dit-il, et Ève pensa qu’il le disait avec amertume, — je me trouve aussi obligé de quitter ce bâtiment. Le hasard m’a jeté plusieurs fois dans votre compagnie, monsieur Effingham ; si j’avais jamais le même bonheur, j’espère qu’il me serait permis de me présenter à vous comme une ancienne connaissance.

— Nous nous souviendrons toujours avec reconnaissance, monsieur Powis, des services importants que vous nous avez rendus, répondit M. Effingham, et je ne cesserai jamais de désirer de voir arriver le jour ou j’aurai le plaisir de vous recevoir chez moi.

Paul prit la main de mademoiselle Viefville, et la baisa avec un air de galanterie. Il en fit autant à l’égard d’Ève, et elle sentit la main du jeune homme trembler quand il toucha la sienne. Cette manière gracieuse de prendre congé d’une dame étant usitée dans plusieurs pays où ils avaient demeuré longtemps, personne n’y trouva rien d’extraordinaire.

Paul et sir George Templemore se quittèrent en se donnant des témoignages réciproques d’amitié. Les hommes de l’équipage, à qui il avait donné une gratification libérale, et qui avaient appris à connaître son mérite dans sa profession, poussèrent trois acclamations en son honneur, et Saunders, qui n’avait pas été oublié, ne le quitta qu’à l’instant de son départ. M. Leach s’écria : — L’Écume met à la voile, et le cutter du capitaine Ducie est arrivé ! — Sur le passe-avant, le capitaine Truck serra encore cordialement la main de Paul, et il lui dit quelques mots à l’oreille.

Tout étant prêt, le capitaine Ducie et Paul se disposèrent à descendre dans le cutter. Comme Ève suivait des yeux tout ce qui se passait, avec une inquiétude qui lui permettait à peine de respirer, un incident qui eut lieu alors lui fit une impression pénible, quoique ce ne fut qu’une affaire d’étiquette. Jusqu’alors elle avait trouvé que les manières du capitaine Ducie envers Paul Powis avaient quelque chose d’équivoque. Tantôt elles étaient froides et hautaines, tantôt elles semblaient plus conciliantes et plus aimables. Elle remarquait ces divers changements avec un intérêt inquiet, et elle surveillait la moindre marque d’égards ou de froideur, comme si elle eût espéré d’y trouver le fil de cette affaire mystérieuse.

— Le cutter est prêt, Monsieur, dit M. Leach en s’écartant sur le passe-avant pour faire place à Paul, qui se trouvait le plus près de l’échelle.

Paul allait descendre, quand le capitaine Ducie le toucha légèrement sur l’épaule, en souriant avec un air de hauteur, à ce que pensa miss Effingham, comme pour lui faire entendre que c’était à lui de passer le premier. Paul rougit, le salua, et recula quelques pas, pour le laisser entrer le premier dans son cutter.

Voilà qui est poli, dit mademoiselle Viefville à demi-voix, ce capitaine anglais est un peu sans façon.

— Ces commandants de bâtiments de guerre sont de petits rois, dit tranquillement M. Effingham, qui avait remarqué cette petite scène.

Le cutter s’éloigna bientôt du paquebot. Le capitaine Ducie et M. Powis firent de nouveaux signes d’adieu à ceux qu’ils venaient de quitter. Arriver à la corvette, y monter, et hisser le cutter à sa place, ne fut l’affaire que de cinq minutes.

Les deux bâtiments s’éloignèrent l’un de l’autre, et la corvette, déployant successivement toutes ses voiles, fit route vers l’orient avec ses bonnettes hautes et basses. De son côté, le Montauk brassa carré, et gouverna vers Sandy-Hook. Le pilote qui était sur la corvette avait passé à bord du paquebot ; et le vent étant favorable, il avait traversé la barre à onze heures. Bientôt l’Écume ne parut plus qu’un point noir sur la mer, et sa voilure ressemblait à une petite pyramide de vapeurs.

— Vous n’étiez pas sur le pont, John, pour faire vos adieux à notre jeune ami Powis ? dit M. Effingham à son cousin.

— Non ; je ne me souciais pas d’être présent à une cérémonie d’une nature si extraordinaire ; et pourtant j’aurais peut-être mieux fait d’y venir.

— Mieux fait ?

— Mieux fait. Le pauvre Lundi m’a confié certains papiers qui paraissent devoir être importants pour quelqu’un ; je les ai laissés entre les mains de M. Powis, dans le dessein de les examiner avec lui quand nous serions arrivés ; et dans la précipitation de son départ, il les a emportés.

— Vous pouvez les réclamer en lui écrivant à Londres. — Avez-vous son adresse ?

— Je la lui ai demandée, mais cette question a paru l’embarrasser.

— L’embarrasser, cousin John ?

— L’embarrasser, miss Effingham.

On laissa, d’un consentement général, ce sujet de conversation. Quelques moments de silence suivirent ; mais l’intérêt qu’on éprouve nécessairement quand on rentre dans sa patrie, après une absence de plusieurs années, reprit bientôt l’ascendant, et l’on fit des remarques sur les divers objets qui s’offraient aux yeux. Le départ de Paul ne fut pourtant pas oublié ; car il continua longtemps à être un sujet de surprise pour tous les membres de la famille Effingham, quoiqu’ils en parlassent peu.

Le bâtiment fut bientôt par le travers de la baie, qu’Ève compara, au grand désavantage de ce célèbre port d’Amérique, aux promontoires élevés et aux tours pittoresques de la Méditerranée.

— Cette partie de notre baie, dit-elle, n’offre rien à admirer, quoiqu’elle semble promettre quelque chose de mieux un peu plus loin.

— Quelque fat de New-York qui a voyagé, dit John Effingham, s’est imaginé de la comparer à celle de Naples ; et ses concitoyens ont avalé cette absurdité, quoique ces deux baies n’aient pas un seul trait de ressemblance à l’appui de cette opinion.

— Mais, plus loin, la baie est belle ?

— Seulement passable. Quand on n’en voit pas d’autres pendant plusieurs années, et qu’on a eu le temps d’oublier celles qu’on a vues auparavant, elle ne paraît pas mal ; mais vous qui venez de voir les traits plus hardis de l’Europe méridionale, vous serez désappointée.

Ève, admiratrice ardente de la nature, l’entendit parler ainsi avec regret ; car elle avait autant de confiance dans le goût de son cousin que dans son amour pour la vérité. Elle savait qu’il était bien supérieur à la vanité puérile qui porte bien des gens à vanter une chose uniquement parce qu’ils y ont un droit de propriété. C’était un hommes du monde qui ne prononçait que sur ce qu’il connaissait bien. Il n’avait pas le ridicule si commun de tout admirer dans son pays ; et quoiqu’il fût aussi prêt qu’un autre à repousser toute attaque injuste dirigée contre ses institutions, et qu’il en fût plus en état que personne, il se laissait rarement entraîner à défendre les côtés faibles de son pays.

Cependant la baie prenait, dans le fait, un caractère plus intéressant à mesure que le paquebot avançait. Quand il fut arrivé à l’endroit appelé les Narrows, ou le détroit Ève exprima sa satisfaction. Mademoiselle Viefville fut en extase, ce qui était probablement causé, moins par les beautés, réelles qu’elle remarquait, que parce qu’elle voyait succéder à la monotonie de l’Océan le mouvement animé du rivage.

— Ne trouvez-vous pas de la noblesse dans l’aspect de cette baie ? demanda John Effingham à sa jeune cousine.

— J’en suis aussi loin que possible, cousin John ; je ne vois dans l’ensemble rien que de pauvre et de mesquin, quoiqu’il y ait de la beauté dans quelques détails. Ces îles ne rappellent certainement pas l’Italie, — ni ces montagnes, — ni cette chaîne de rochers dans l’éloignement ; mais au total c’est une jolie baie, et l’on pourrait dire une noble baie, du moins par son étendue et son utilité.

— Tout cela est très-vrai. La terre ne contient peut-être pas un seul port qui offre autant d’avantages au commerce. Sous ce rapport, je crois qu’il n’a réellement pas son égal ; mais j’en connais cent qui le surpassent en beauté. On trouverait difficilement dans la Méditerranée un seul port, formé par la nature seule, qui ne lui soit supérieurs à cet égard.

Ève avait contemplé trop récemment les côtes magnifiques de l’Italie, pour voir avec enthousiasme les villages maigres et les maisons de campagne du genre le plus commun qui bordent plus ou moins les rives de la baie de New-York. Mais quand ils arrivèrent à un point où les deux rivières, séparées par la ville, se présentèrent à leurs yeux, avec les hauteurs de Brooklyn d’un côté et la muraille des palissades de l’autre, Ève déclara que cette vue était positivement belle.

— Vous avez bien choisi l’endroit, dit John Effingham ; oui, elle est belle, mais voilà tout ; elle n’offre rien qui soit admirable.

— Mais c’est notre pays, cousin John !

— C’est notre pays, miss Effingham, répondit John en bâillant ; mais comme vous n’avez pas de cargaison à vendre, je crains que vous ne le trouviez excessivement ennuyeux.

— Nous verrons, répliqua Ève en riant, nous verrons. Ayant regardé quelques instants autour d’elle, elle ajouta d’un ton enjoué qui annonçait un dépit, moitié réel, moitié affecté : J’avoue que je suis désappointée en une chose.

— Vous serez fort heureuse, ma chère Ève, si vous ne l’êtes qu’en une seule.

— Ces petits bâtiments sont moins pittoresques que ceux que j’ai été accoutumée à voir.

— Votre critique est fort juste ; et si vous approfondissez peu le sujet, vous découvrirez ce qui manque à cette baie américaine. La grande hauteur des mâts de tous les bâtiments qui flottent sur ces eaux, comparée à une côte basse et presque nivelée aux bords de la rivière et à la formation générale du pays, produit l’effet de diminuer encore davantage les contours de chaque objet, vu en détail. Majestueux comme il l’est et hors de toute comparaison, le Hudson le paraîtrait encore plus sans ces mâts gigantesques et sans grâce.

Le pilote commença alors à diminuer de voiles, et le paquebot entra dans ce bras de mer que, par un abus de nom qui est particulièrement américain, la mode veut qu’on appelle la Rivière de l’Est. Là, Ève exprima naïvement son désappointement, la ville lui paraissant ignoble et insignifiante. La batterie, qu’elle se rappelait un peu et dont elle avait beaucoup entendu parler, trompa complètement son attente, car elle n’y trouva ni l’étendue et la magnificence d’un parc, ni la beauté soignée et l’ombre agréable d’un jardin. Comme on lui avait dit que ses concitoyens n’avaient pas encore fait de grands progrès dans l’art de dessiner des jardins pittoresques, elle ne fut pourtant pas si mécontente de cette promenade, que de l’air mesquin de la ville et de la malpropreté des quais. Ne voulant pourtant pas encourager le penchant de son cousin à la critique, elle cacha son opinion pour le moment.

— Je trouve ici encore moins d’améliorations que je ne m’y étais attendu, dit M. Effingham tandis qu’ils montaient en voiture sur le quai ; on m’avait assuré que j’en trouverais beaucoup.

— Et l’on en a fait de considérables pendant votre absence, Édouard ; si vous pouviez voir la ville comme vous l’avez vue dans votre jeunesse, le changement vous paraîtrait miraculeux.

— C’est ce dont je ne, puis convenir, John ; je pense, comme Ève, que cette place a l’air ignoble plutôt qu’imposant ; c’est décidément une ville de province, et elle ne possède pas un seul des traits qui distinguent une métropole.

— Ces deux choses ne sont pas inconciliables, et vous en conviendrez si vous vous donnez la peine de mettre votre mémoire à contribution. Cette ville a l’air ignoble et provincial, j’y consens ; mais, il y a trente ans, l’île l’était encore bien davantage. Dans un siècle, elle commencera à ressembler à une cité d’Europe.

— Quels odieux objets sont ces poteaux ! s’écria Ève ; ils donnent aux rues l’air d’un village ; et je ne vois pas à quoi ils servent.

— Ces poteaux sont destinés à soutenir des bannes, dit John Effingham, ils prouvent le caractère particulièrement campagnard de cette ville. Si vous voulez y réfléchir, vous verrez qu’il ne pouvait guère en être autrement. New-York contient aujourd’hui près de trois cent mille âmes, dont les deux tiers sont par le fait des émigrants de l’intérieur de notre propre pays ou de quelque contrée étrangère ; et une pareille collection d’individus ne saurait donner en un jour à une ville un autre caractère que celui qui les distingue eux-mêmes. Ce n’est pas un crime d’être provincial et rustique ; seulement c’est un ridicule de s’imaginer être autrement, quand le fait est évident.

— Les rues semblent désertes. J’avais cru la ville de New-York très-peuplée.

— Nous sommes pourtant dans Broad-Way (la Grande-Rue), et tous les Américains vous diront que dans cette rue la foule est telle qu’il est impossible d’y respirer.

— Tous, excepté John Effingham, dit M. Effingham en souriant.

— Quoi ! c’est ici Broad-Way ? s’écria Éve toute stupéfaite.

— Sans aucun doute. N’êtes-vous pas suffoquée ?

Ève garda le silence jusqu’à ce que la voiture fût arrivée à la porte de la maison de son père. Au contraire, mademoiselle Viefville paraissait enchantée de tout ce qu’elle voyait ; circonstance qui aurait pu tromper un habitant du pays qui n’aurait pas eu la clef de ses transports. D’abord elle était Française, et, comme telle, habituée à dire des choses agréables ; ensuite elle était enfin délivrée d’un élément qu’elle détestait, et la terre était ravissante à ses yeux. Mais la raison principale reste encore à dire : mademoiselle Viefville, comme la plupart des Européens, avait regardé l’Amérique, non pas simplement comme une province, et, une province très-peu avancée en civilisation ainsi que la vérité le lui aurait montré, mais comme un coin du monde à demi barbare, et ce qu’elle voyait surpassait si fort son attente, que le contraste suffisait pour exciter son ravissement.

Comme nous aurons plus tard occasion de parler de l’habitation de M. Effingham, et de faire faire plus ample connaissance au lecteur avec l’histoire de plusieurs de nos personnages, nous ne nous étendrons pas maintenant sur les sensations qu’Ève éprouva en se retrouvant en sûreté sous le toit paternel. Nous dirons seulement que le lendemain matin, quand elle descendit pour déjeuner, elle trouva John Effingham qui lui montra gravement le paragraphe suivant dans l’un des journaux quotidiens :

« Le paquebot de Londres, le Montauk, qui a été un peu retardé, est arrivé hier, ainsi qu’on le verra dans notre bulletin maritime. Ce bâtiment a éprouvé diverses aventures intéressantes qui, nous sommes heureux de pouvoir l’annoncer, seront prochainement mises sous les yeux du public par un des passagers, gentleman tout à fait à la hauteur de cette entreprise. Parmi les personnages distingués qui étaient à bord, on remarque notre compatriote Steadfast Dodge, esquire, dont les lettres amusantes et instructives écrites d’Europe ont déjà été publiées. Nous sommes charmés d’apprendre que M. Dodge revient en Amérique plus enthousiaste que jamais de son pays, qu’il déclare bien assez bon pour lui. On dit tout bas que notre illustre ami a joué un rôle remarquable dans quelques événements qui viennent de se passer sur la côte d’Afrique, quoique son extrême modestie, qui est si bien connue, l’empêche d’en parler ; mais nous nous arrêtons nous-mêmes, par égard pour une délicatesse que nous apprécions trop bien pour la blesser.

Le bâtiment de Sa Majesté, l’Écume, dont nous avons annoncé l’arrivée il y a un ou deux jours, a abordé le Montauk à la hauteur de la baie de Sandy-Hook ; et s’est emparé de deux criminels, dont l’un, nous dit-on, avait détourné 140,000 livres sterling du trésor public, et l’autre avait déserté les drapeaux du roi, quoique rejeton d’une noble famille. À demain de plus amples détails. »

Mais ce demain ne vint jamais ; quelque nouvel incident prit la place de la narration promise, un peuple qui ne se donne pas le temps de manger, et chez lequel l’amour du lucre a remplacé même la religion, ne se donnant guère la peine de remonter vingt-quatre heures en arrière pour éclaircir un fait.

— Ce doit être un infâme mensonge, cousin John, dit Ève en jetant le journal avec une indignation qui excluait même pour le moment le sentiment de la crainte.

— Je l’espère, et pourtant cette affaire est assez singulière pour que le soupçon soit du moins naturel.

Nous verrons dans la suite ce qu’Ève pensa et ce qu’elle fit [1].



fin du paquebot américain.

  1. Nous croyons devoir rappeler ici, pour le grand nombre de lecteurs qui ne lisent pas les préfaces, que l’auteur a annoncé dans la sienne que Le Paquebot américain, est l’introduction d’un roman qu’il va publier prochainement ; que la scène de ce roman se passera entièrement en Amérique, et que le lecteur y retrouvera les principaux personnages qui jouent un rôle dans cette première partie, rôle secondaire, puisque le véritable héros en est le Montauk.