Paul Ollendorff, éditeur (p. 27-28).

IX


Nous sommes devenus âgés, à notre insu,
Et les jours à venir nous paraîtront arides,
Depuis qu’en nous mirant nous avons aperçu
Nos premiers cheveux blancs et nos premières rides.

Tandis que nous vivions inconsidérément
Dans un songe, sur la croupe d’une chimère,
L’infaillible miroir surprenait le moment
Où le plus long sommeil redevient éphémère.


Affreux réveil. Cartels, pendules et clochers,
Comme autant de soupirs lentement arrachés
Sonnent l’addition de nos heures perdues.

Temps gâché ! maintenant que nous nous savons vieux,
Hélas ! nous aurions pu nous aimer tant et mieux.
Nous n’étions tourtereaux, mais de folles tortues.