Paul Ollendorff, éditeur (p. 21-22).

VI


Hors la douleur, l’amour ne donne pas grand’chose.
Il mêle au souvenir de quelques jours heureux
D’inoubliables jours si tristes, si nombreux,
Que le cœur meurt de honte et la mémoire n’ose

— Sachant à quels nouveaux soucis elle s’expose —
Se réciter tout bas son poème amoureux
Où les rimes ne vont pas souvent deux par deux,
Et dont les derniers vers s’éparpillent en prose.


Nous tâchons de fermer les yeux et d’oublier.
À peine dormons-nous qu’on vient nous réveiller
D’un sommeil qui pesait bien peu sur nos pensées…

Car les anciens chagrins, sans qu’on en ait le choix,
Accourent en rouvrant leurs blessures passées,
Pour que le même mal nous fasse mal deux fois.