Le Père De Smet/Chapitre 07

H. Dessain (p. 160-184).


CHAPITRE VII

SECOND VOYAGE AUX MONTAGNES
LA MISSION SAINTE-MARIE


1841-1842


Le P. De Smet avait promis aux Têtes-Plates de retourner aux Montagnes l’année suivante, accompagné de plusieurs missionnaires.

Cette fois encore, l’argent faisait défaut. Les Pères n’avaient pas seulement de quoi couvrir la moitié des frais de l’expédition.

Que ferait le P. De Smet ? « La pensée, écrit-il, que l’entreprise devrait être abandonnée, que je ne serais pas capable de tenir la promesse faite aux pauvres Indiens, me perçait le cœur et me remplissait d’une profonde tristesse. Je me serais découragé, si je n’avais déjà éprouvé la protection visible du Tout-Puissant dans la poursuite de cette grande œuvre. Ma confiance resta inébranlable ».[1]

À peine de retour à Saint-Louis, notre missionnaire répand à des milliers d’exemplaires le récit de son voyage. Bientôt les catholiques de l’Est sont instruits des admirables dispositions des sauvages. Chacun veut contribuer par son aumône à l’établissement d’une mission si riche d’espérances.

Au cœur de l’hiver, le P. De Smet entreprend, à travers la Louisiane, un voyage de plusieurs centaines de lieues. « J’admire, dit-il, les voies admirables de la Providence, qui, me destinant, tout indigne que j’en suis, à être l’instrument de ses desseins, daigne encore me donner le moyen de les accomplir. J’ai réussi au delà de mon attente. Dans un temps de crise et d’embarras pécuniaire comme celui que nous traversons aux États-Unis, j’ai recueilli à la Nouvelle-Orléans 1100 piastres en argent. Les dames se sont dépouillées de leurs bijoux et de leurs parures ; les esclaves même venaient m’offrir leur obole »[2].

Pour accompagner le P. De Smet, les supérieurs désignèrent deux prêtres, les PP. Point et Mengarini, avec trois Frères coadjuteurs.

Leur choix ne pouvait être plus heureux. Né en 1799 à Rocroy, dans les Ardennes françaises, Nicolas Point s’était de bonne heure fait remarquer par sa piété et son amour du travail. Sa famille était des plus modestes. Le maréchal Ney avait offert de l’adopter et d’assurer sa carrière ; mais le jeune homme avait d’autres ambitions. La lecture de la vie des saints, particulièrement de saint François Xavier, lui avait révélé une gloire plus belle que celle des armes : il voulait être missionnaire.

Entré à vingt-quatre ans au noviciat de Montrouge, il devenait bientôt préfet de discipline, d’abord à Saint-Acheul, puis à Fribourg. En 1835, il partait pour l’Amérique. Chargé de la fondation du collège de Grand-Coteau, dans la Louisiane, il le laissait, trois ans plus tard, en pleine prospérité.

En 1840, la mission de la Louisiane, dirigée par les jésuites français, était rattachée à celle du Missouri. Le P. Verhaegen en restait supérieur, avec le titre de vice-provincial. Profitant de cette circonstance, le P. Point avait sollicité la faveur d’accompagner le P. De Smet aux Montagnes-Rocheuses[3]

Le P. Grégoire Mengarini était né à Rome en 1811, le jour même de la fête de saint Ignace. Entré dans la Compagnie en 1828, il étudiait la théologie au Collège Romain lorsqu’il entendit lire au réfectoire la lettre de Mgr Rosati en faveur des Indiens. Ce fut pour lui l’appel de Dieu. À peine ordonné prêtre, il partit. D’une vertu éprouvée, d’une grande douceur de caractère, médecin et musicien fort habile, le P. Mengarini possédait, de plus, une merveilleuse facilité pour apprendre les langues.[4] Les Frères coadjuteurs devaient également rendre à la mission d’inappréciables services. C’étaient les FF. Guillaume Claessens, charpentier, Joseph Specht, forgeron, et Charles Huet, dont les aptitudes étaient universelles [5] En outre, le P. De Smet prenait avec lui trois ouvriers qui seraient chargés, sous la direction des Frères, des premiers travaux matériels de la mission.

Le départ eut lieu le 24 avril 1841.

À Westport, les missionnaires rejoignirent un groupe de soixante voyageurs. La plupart allaient chercher fortune en Californie. « Cette caravane, dit le P. De Smet, formait un curieux mélange d’individus ; chaque pays de l’Europe y avait son représentant ; seule, ma petite compagnie, composée de onze personnes, appartenait à huit nationalités différentes »[6]

Après quelques jours consacrés à se pourvoir de charrettes, de chevaux et de mulets, la petite troupe se mit en marche.

« J’espère, écrivait notre missionnaire, que le voyage sera heureux, car il a été bien traversé dès le début. Une charrette brûlée dans le bateau à vapeur ; un cheval qui s’échappe pour ne plus revenir ; un autre malade, que j’ai été obligé de changer avec perte ; des mulets qui prennent l’épouvante, et laissent une charrette après eux ; d’autres qui embourbent leur voiture… Déjà bien des dangers courus à travers des côtes escarpées, des ravins profonds, des marais, des rivières sans ponts, etc. »[7]

On devait, comme l’année précédente, longer la Nebraska jusqu’aux premiers contreforts des Montagnes. Le P. De Smet ne cesse d’admirer l’immense rivière dont les rives gracieuses font un heureux contraste avec le lugubre aspect du désert. « On se croirait, dit-il, transporté au moment où la création venait de sortir des mains de Dieu ».

Parfois une horrible cyclone vient jeter la désolation sur ces bords enchantés.

« Un jour que ce fléau exerçait sa fureur à quelques pas de nous, nous fûmes témoins d’un spectacle grandiose. Tout d’un coup, nous vîmes dans les airs comme un vaste abîme se creuser en spirale, et, dans son sein, les nuages se poursuivre avec une telle rapidité, qu’ils emportaient avec eux tous les objets d’alentour. D’autres nuages, trop éloignés ou trop étendus pour subir cette influence, tournoyaient en sens inverse. Un bruit de tempête se faisait entendre. On eût dit que, de tous les points de l’horizon, les vents se déchaînaient. S’ils se fussent tant soit peu rapprochés de nous, la caravane entière faisait une ascension dans les nuages. Mais, comme aux flots de la mer, le Tout-Puissant leur avait dit : Vous n’irez pas plus loin.

» De dessus nos têtes, le tourbillon recula majestueusement vers le nord et s’arrêta sur le lit de la Platte. Alors nouveau spectacle. Les eaux, attirées par son influence, se mirent à tournoyer avec un bruit affreux. Toute la rivière bouillonnait. En moins de temps qu’il n’en faut à une pluie d’orage pour tomber des nues, les eaux s’élevèrent sous la forme d’une immense corne d’abondance, dont les mouvements onduleux faisaient penser à ceux d’un serpent qui essaierait de se dresser vers le ciel. La colonne ne mesurait pas moins d’un mille de hauteur. En même temps, le vent s’abattait avec une force telle qu’en un clin d’œil les arbres étaient écrasés et tordus à terre.

» Mais ce qui est violent ne dure pas. Au bout de quelques minutes, l’effrayant spectacle disparut. Le tourbillon ne pouvant plus en soutenir le poids, on vit la spirale se fondre aussi rapidement qu’elle s’était formée. Bientôt le soleil se montra, le calme se rétablit, et nous continuâmes notre route ».[8]

On touche aux sources de la merveilleuse rivière. Les teintes de la végétation deviennent plus sombres, la forme des collines plus sévère, le front des montagnes plus sourcilleux. Derrière ces sommets vivent les tribus qui bientôt recevront l’Évangile. Le missionnaire, alors, devient poète ; son enthousiasme se traduit par un cantique.


Non, ce n’est pas une ombre vaine ;
Dans l’azur d’un brillant lointain.
Mes yeux ont vu, j’en suis certain.
Des Monts-Rocheux la haute chaîne.

J’ai vu la neige éblouissante
Blanchir leur front majestueux,
Et d’un beau jour les premiers feux
En dorer la masse imposante…

Salut, roche majestueuse.
Futur asile du bonheur !
De ses trésors le divin Cœur
T’ouvre aujourd’hui la source heureuse…

Grand Dieu, qu’ils sont donc admirables
Les chemins par où ton amour
Appelle au céleste séjour
Des cœurs naguère si coupables !


La caravane se repose deux jours sur les bords de la Rivière-Verte, puis reprend sa marche dans la direction du fort Hall, sur la Snake, au nord du Lac Salé.

« Avec un train comme le nôtre, ce n’était pas petite affaire… Nous mîmes notre confiance en Dieu ; les charretiers fouettèrent leurs mulets, les mulets firent leur devoir, et bientôt, la rivière passée, la file de nos charrettes avança à travers un labyrinthe de vallées et de montagnes, obligée de s’ouvrir un passage, tantôt au fond d’un ravin, tantôt sur le versant d’une roche escarpée, souvent à travers les buissons. Il fallut, ici dételer les mulets, là doubler les attelages, plus loin faire appel à toutes les épaules et employer tous les cordages, pour soutenir le convoi sur le bord d’un abîme, ou l’arrêter dans une descente trop rapide, pour éviter enfin ce qu’on n’évita pas toujours, car de combien de culbutes ne fûmes-nous pas témoins ! Combien de fois surtout nos bons Frères, devenus charretiers par nécessité, beaucoup plus que par vocation, ne s’étonnèrent-ils pas de se voir, celui-ci sur la croupe, celui-là sur le cou, un autre entre les quatre fers de son mulet, sans trop savoir comment ils y étaient arrivés, et toujours remerciant Dieu d’en être quittes à si bon marché !

» Pour les cavaliers, même protection d’en haut. Dans le cours du voyage, le P. Mengarini fit six chutes ; le P. Point, presque autant. Une fois, lancé au grand galop, je passai par-dessus la tête de mon cheval ; et aucun de nous, dans ces diverses circonstances, ne reçut la moindre égratignure »[9]

Le jour de l’Assomption, au fort Hall, on rencontra l’avant-garde des Têtes-Plates. Ils avaient fait plus de 300 milles pour venir au-devant des robes-noires. Le P. De Smet eut vite reconnu le Jeune Ignace, qui lui avait servi de guide l’année précédente. Il venait de courir, sans manger ni boire, pendant quatre jours, pour être des premiers à saluer les missionnaires.

Il distingua également Simon, le plus âgé de la peuplade, si épuisé de vieillesse que, même assis, il avait besoin d’un bâton pour se soutenir. Apprenant l’arrivée des robes-noires, il avait senti revivre l’ardeur de sa jeunesse.

— Mes enfants, avait-il dit en montant à cheval, je suis des vôtres. Si je meurs en route, nos Pères sauront du moins pourquoi je suis mort. Souvent, dans le cours du voyage, il répétait :

— Courage, mes enfants ! souvenez-vous que nous allons au-devant de nos Pères.

Et, le fouet excitant les montures, on faisait à sa suite jusqu’à cinquante milles par jour.

Ce fut pour le P. De Smet une vive joie d’apprendre que, depuis un an, la ferveur des Têtes-Plates ne s’était pas refroidie. La plupart, même les vieillards et les petits enfants, savaient par cœur les prières qu’il leur avait apprises. Deux fois les jours ordinaires, et trois fois le dimanche, la peuplade réunie récitait ces prières en commun. La caisse d’ornements, laissée à sa garde l’année précédente, était portée comme une arche de salut, chaque fois que le camp se déplaçait.

Parmi ceux qui avaient reçu le baptême, plus d’un était mort en prédestiné. Telle cette enfant de douze ans, qui s’écriait au moment d’expirer :

— Oh ! que c’est beau ! que c’est beau ! Je vois les cieux ouverts, et la Mère de Jésus-Christ m’invite à aller près d’elle.

Puis, s’adressant à ceux qui l’entouraient :

— Écoutez les robes-noires, parce qu’elles disent la vérité. Elles viendront et, ici-même, élèveront la maison de la prière.

Vainement quelques ennemis de la religion nouvelle avaient essayé de semer la zizanie, en insinuant qu’une fois parti le missionnaire ne reparaîtrait plus.

— Vous vous trompez, répliquait Grand-Visage ; je connais notre Père ; sa langue n’est pas fourchue. Il nous a dit : « Je reviendrai ». Il reviendra, j’en suis sûr.

Trois jours après leur arrivée au fort Hall, les Pères se séparèrent du reste de la caravane, et se dirigèrent vers le nord pour rejoindre le camp des Têtes-Plates. Un des principaux guerriers avait envoyé au P. De Smet son plus beau cheval, avec ordre qu’il ne fût monté par personne avant de lui être présenté.

On arriva le 30 août, quatre mois après avoir quitté Saint-Louis.

« À mesure que nous approchions, nous voyions se succéder de nombreux courriers… Bientôt apparut un sauvage de haute stature, courant vers nous bride abattue. En même temps, des voix criaient : « Paul ! Paul ! » Et en effet, c’était Paul, le Grand-Visage, qui avait reçu ce nom au baptême l’année précédente. On le croyait absent, mais il venait d’arriver, pour avoir la satisfaction de nous présenter lui-même à son peuple.

» Vers le coucher du soleil, nous jouîmes de la scène la plus touchante. Les missionnaires étaient entourés de leurs néophytes. Hommes, femmes, jeunes gens, enfants portés sur les bras de leurs mères, c’était à qui viendrait le premier nous serrer la main. Les cœurs étaient émus. Cette soirée fut vraiment belle ».[10]

Déjà, lors de son premier voyage, le P. De Smet avait invité les Têtes-Plates à chercher un terrain fertile pour s’y fixer.

Certes, il ne prétendait pas faire en un jour d’une tribu nomade un peuple sédentaire. Les Têtes-Plates vivant principalement de la chasse, il ne pouvait être question de supprimer un moyen de subsistance que l’agriculture ne devait pas avant longtemps remplacer. La chasse resterait, de longues années encore, la principale ressource des Indiens. Mais au lieu de leurs campements mobiles, se déplaçant au gré des buffles, ils posséderaient un foyer où chacun pourrait, la chasse terminée, se retirer près de sa famille. Peu à peu, ils seraient initiés aux travaux de culture. La terre leur fournirait, au besoin, de quoi suppléer à l’insuffisance du gibier. Ils échapperaient à l’oisiveté, s’habitueraient à l’économie, et, insensiblement, prendraient les mœurs des peuples civilisés.

Les Têtes-Plates avaient reçu la proposition avec enthousiasme. Déjà ils avaient choisi, aux sources de la Clarke, un endroit qu’ils croyaient favorable. À peine arrivés, les missionnaires allèrent reconnaître l’emplacement.

Il fallut traverser la partie la plus sauvage et la plus aride du désert. On vécut de pêche pendant huit jours. Les chevaux faillirent mourir de faim, car ces terres maudites n’offraient pas même quelques touffes de gazon.

Enfin, après avoir deux fois franchi la ligne de faîte des Rocheuses, on pénétra dans la vallée ou la tribu errante avait résolu de se fixer. On s’arrêta à quelques milles au sud de la ville actuelle de Missoula, entre Stevensville et le fort Owen.

La Racine-Amère (Bitter Root), qui prend plus loin le nom de Clarke, entretient dans cette région une étonnante fertilité. Richesse du sol, beauté des sites, proximité des autres tribus : autant d’avantages qui firent choisir cet endroit comme siège de la mission.

C’était le 24 septembre, fête de Notre-Dame de la Merci.

Le jour même, le P. De Smet fit élever au milieu du camp une grande croix. « J’aurais, dit-il, vivement désiré que tous ceux qui s’intéressent aux progrès de notre sainte religion fussent présents. Quelle n’eût pas été leur émotion de voir tous les Têtes-Plates, depuis le grand chef jusqu’aux plus petits enfants, venir pieusement coller leurs lèvres sur le bois qui a sauvé le monde, et prendre à genoux l’engagement de mourir plutôt mille fois que d’abandonner jamais la religion » ![11] Le premier dimanche d’octobre, fête de Notre-Dame du Rosaire, eut lieu l’inauguration solennelle de la mission. Elle fut mise sous le patronage de la Vierge et reçut le nom de Sainte-Marie.

L’heure est solennelle. Bientôt vont se renouveler, dans ces montagnes, les merveilles de la primitive Église. Comprenant que Dieu les a choisis pour la conversion de tout un peuple, les missionnaires se recueillent et implorent le secours d’en haut. « Comment ferons-nous, se demandent-ils, pour répondre à notre vocation » ?

Le plan d’évangélisation adopté par ces hardis apôtres mérite d’être étudié. Nous le trouvons exposé dans une lettre du P. De Smet au P. Verhaegen, son supérieur.[12]

« Il nous semble, dit-il, que la petite nation des Têtes-Plates est un peuple d’élus, qu’il est facile d’en faire une tribu modèle, le noyau d’une chrétienté qui ne le cédera pas en ferveur à celle du Paraguay. [13]

» Nous avons, pour parvenir à ce résultat, plus de ressources que n’en avaient nos Pères espagnols. Éloignement des nations corrompues, aversion pour les sectes, horreur de l’idolâtrie, sympathie pour les Blancs, particulièrement pour les robes-noires, dont le nom seul est synonyme de bon, de savant, de religieux. De plus, position centrale, emplacement assez vaste pour plusieurs réductions, terrain fertile, entouré de hautes montagnes ; indépendance de toute autre autorité que celle de Dieu et de ceux qui le représentent immédiatement ; point de tribut à payer que celui de nos prières ; expérience déjà faite des avantages de la vie civilisée sur la vie sauvage. Enfin, conviction profonde que, sans la religion, on ne peut être heureux, ni en cette vie, ni en l’autre ».

De ces considérations, leP. De Smet conclut qu’on ne peut suivre de meilleure méthode que celle des Jésuites du Paraguay : « La fin qu’ils ont poursuivie, les moyens qu’ils ont employés, ont été approuvés par les autorités les plus hautes, couronnés d’un succès éclatant, admirés même de nos ennemis ». Après une sérieuse étude de la relation de Muratori,[14] notre missionnaire croit devoir surtout développer dans l’âme des néophytes les vertus suivantes :

« À regard de Dieu : Foi simple, vive, ferme, éclairée, pour tout ce qui est de nécessité de moyen et de précepte. — Profond respect pour la seule vraie religion et tout ce qui s’y rapporte. — Piété tendre et respectueuse envers la Sainte Vierge et les autres saints. — Esprit de prosélytisme et courage à toute épreuve.

» À regard du prochain : Respect pour l’autorité, pour la vieillesse, pour les parents. — Justice, charité, générosité envers tous.

» À l’égard de soi-même : Humilité, modestie, discrétion, douceur, pureté des mœurs, amour du travail ».

Pour atteindre ce but, il faut d’abord écarter toute funeste influence. « Nous sommes ici éloignés, non seulement de la corruption du siècle, mais de tout ce que l’Évangile appelle le monde. Il s’agit de conserver cet avantage, en surveillant de près les rapports immédiats des sauvages avec les Blancs, même avec les ouvriers, que nous n’employons que par nécessité ».

Toujours en vue de préserver les néophytes, on s’en tiendra à l’enseignement de la langue maternelle. Lecture, écriture, calcul et chant, c’est tout le programme scolaire de la mission. « Un enseignement qui irait plus loin me semblerait fort préjudiciable à la simplicité de ces bons Indiens ». Des exceptions ne pourront avoir lieu qu’en faveur de ceux qui promettraient de devenir d’utiles auxiliaires pour la propagation de l’Évangile.

Le P. Point, qui est architecte, a déjà tracé le plan du village. Au centre s’élèvera une église de cent pieds de long sur cinquante de large, avec presbytère et école. Ce sera le noyau de la mission. Autour se grouperont les habitations, avec ateliers, magasins et autres bâtiments d’utilité commune. Viendront ensuite les champs destinés à la culture.

Pour le règlement de la journée, les exercices religieux, le chant, la musique, les instructions, les catéchismes, l’administration des sacrements, l’organisation des congrégations, on se conformera, autant que possible, aux usages du Paraguay.

« Telles sont, déclare le P. De Smet, les résolutions que nous avons prises, en attendant qu’elles soient approuvées, amendées ou modifiées par ceux qui ont le plus à cœur l’avancement du règne de Dieu, et qui, par leur position, ont grâce d’état pour nous communiquer le véritable esprit de la Compagnie ».

À peine arrivés, les missionnaires avaient commencé les constructions. Tout le monde s’était fait ouvrier. Les Têtes-Plates avaient coupé dans la forêt deux à trois mille pieux, dont ils avaient fait la clôture du domaine. Le presbytère, la ferme, s’étaient élevés comme par enchantement.

En moins de cinq semaines, une église provisoire avait surgi, « avec fronton, colonnade, galerie, balustrade, chœur, stalles, etc. » C’était précisément à l’endroit qu’avait désigné en mourant la jeune Indienne dont nous avons dit la fin prédestinée : « Les robes-noires viendront, et, ici même, élèveront la maison de la prière ».

Le 11 novembre, fête de saint Martin, on y put réunir les catéchumènes, et commencer les instructions préparatoires au baptême.

Le 3 décembre, fête de saint François Xavier, on devait conférer ce sacrement à de nombreux néophytes. Tout semblait conjuré pour compromettre le succès de la cérémonie : l’interprète et le sacristain malades, l’harmonium involontairement brisé par les sauvages, un ouragan déchaîné sur la vallée, les arbres déracinés, trois loges emportées par le vent, les fenêtres de l’église défoncées.

Le 2 décembre, au soir, le calme succéda à la tourmente. Réunis dans le sanctuaire, les Têtes-Plates ne pouvaient assez en admirer la décoration. « Des nattes et des festons de verdure couvrant les murailles, de jolies draperies autour de l’autel, le saint nom de Jésus se détachant sur un beau ciel, l’image de la Vierge au fond du chœur, la porte du tabernacle représentant le Sacré Cœur de Jésus, les stations du chemin de la croix, la lumière des flambeaux, le silence de la nuit, l’approche du grand jour — tout cela, avec la grâce de Dieu, disposa si bien les cœurs et les esprits, qu’il n’eût pas été possible de trouver sur la terre une réunion d’hommes plus semblable à la compagnie des élus ».[15]

Quelle joie pour les missionnaires de pouvoir, le lendemain, offrir à saint François Xavier le spectacle de deux cents adultes, à peine sortis de la barbarie, répondant avec intelligence aux questions du catéchisme, priant avec ferveur pendant qu’on les baptisait, puis se retirant à leur place un cierge à la main !

Comme il fallait souvent user de l’interprète, les Pères furent retenus à l’église depuis huit heures du matin jusqu’à dix heures du soir. Ils eurent seulement une heure et demie de liberté pour prendre leur repas.

Le jour suivant eut lieu la réhabilitation des mariages. Ce fut pour les néophytes l’occasion de montrer à quel point ils étaient entrés dans l’esprit du christianisme.

Nombre d’Indiens avaient ignoré jusque là l’unité et l’indissolubilité du lien conjugal. Aimant Dieu pardessus toutes choses, ces pauvres gens lui firent généreusement le sacrifice de leurs affections. Les femmes rivalisèrent d’héroïsme avec les hommes.

— Je vous aime bien, disait l’une d’elles à son mari, qu’elle voyait en proie à une douloureuse hésitation. Je sais que vous m’aimez aussi ; mais vous aimez l’autre autant que moi. Je suis vieille, elle est jeune. Eh bien ! laissez-moi avec mes enfants, restez avec elle ; par ce moyen, nous plairons tous au bon Dieu, et nous pourrons tous recevoir le baptême.

Le P. De Smet était alors absent de la mission.[16] De retour le 8 décembre, il se mit à préparer au baptême ceux qui ne l’avaient pas encore reçu. Outre les catéchismes que faisaient les autres Pères, il adressait chaque jour aux catéchumènes trois instructions. Ceux-ci en profitèrent si bien que, le jour de Noël, notre missionnaire put administrer cent cinquante nouveaux baptêmes et bénir trente-deux mariages.

« Je commençai la messe à sept heures, dit-il ; à cinq heures de l’après-midi, je me trouvais encore dans la chapelle. Il est plus facile au cœur de concevoir qu’à la plume d’exprimer ce qu’on éprouve en de pareils moments. » Le lendemain, je chantai une messe solennelle, en action de grâces pour les faveurs dont Dieu avait daigné combler son peuple. Six à sept cents nouveaux convertis, y compris les enfants baptisés l’année précédente, réunis dans une pauvre église couverte de jonc, au milieu d’un désert, où naguère le nom de Dieu était à peine connu, offrant à leur Créateur leurs cœurs régénérés, protestant de lui rester fidèles jusqu’à la mort, c’était là sans doute un spectacle agréable au ciel, et qui, nous l’espérons, attirera la bénédiction d’en haut sur les Têtes-Plates et les nations voisines ».[17]

Déjà Marie Immaculée avait daigné montrer, par une faveur éclatante, combien lui étaient agréables l’innocence de ses nouveaux enfants et l’expression naïve de leur piété.

La veille de Noël, quelques heures avant la messe de minuit, elle apparaissait, dans la loge d’une humble femme, à un petit orphelin nommé Paul.

« La jeunesse de cet enfant, écrit le P. De Smet, sa piété, sa candeur, la nature même du fait qu’il rapporte, ne permettent pas de suspecter la sincérité de son récit. Voici ce qu’il m’a raconté de sa propre bouche :

— En entrant dans la loge de Jean, où j’étais allé pour qu’il m’aidât à apprendre les prières que je ne savais pas encore, j’ai vu une personne admirablement belle. Ses pieds ne touchaient pas la terre ; ses vêtements étaient blancs comme la neige ; elle avait une étoile au-dessus de sa tête, et sous ses pieds, un serpent tenant un fruit que je ne connais pas.[18] De son cœur sortaient des rayons de lumière qui venaient vers moi. Quand j’ai vu cela, d’abord, j’ai eu peur ; ensuite, je n’ai plus eu peur. Mon cœur était chaud, mon esprit était clair, et, je ne sais comment cela s’est fait, tout d’un coup, j’ai su mes prières.

» L’enfant termina son récit en disant que, plusieurs fois, la même personne lui était apparue pendant qu’il dormait, et qu’une fois elle lui avait dit qu’il lui était agréable que le premier village des Têtes-Plates s’appelât Sainte-Marie.

» Il n’avait jamais vu ni entendu raconter rien de semblable. Il ne savait même pas si la personne qu’il avait vue était un homme ou une femme, parce que la forme des habits qu’elle portait lui était inconnue. Plusieurs personnes, l’ayant interrogé, l’ont trouvé invariable dans ses réponses. Il continue d’être, par sa conduite, l’ange de la tribu ».[19]

On devine avec quel sentiment de reconnaissante allégresse le P. De Smet écrivait à son provincial, à la date du 30 décembre : « Toute la nation tête-plate convertie ; plusieurs Kalispels, Nez-Percés, Cœurs-d’Alène, Serpents, Kootenais, baptisés ; d’autres tribus encore qui nous tendent les bras… tout un vaste pays qui n’attend que l’arrivée des missionnaires pour se ranger sous l’étendard de Jésus-Christ — voilà, mon Révérend Père, le bouquet que nous vous offrons à la fin de 1841 ».

Trois mois avaient suffi pour faire de la mission naissante une florissante chrétienté. Il importait de maintenir, par des pratiques régulières, les dispositions des Indiens.

Voici quel fut l’ordre du jour.

Lever au son de l’Angélus. Une demi-heure après, récitation en commun des prières du matin, puis assistance à la messe et à l’instruction.

Tout concourait à rendre attrayants ces exercices. Doué d’un remarquable talent de dessinateur, le P. Point avait représenté, en une suite d’images hautes en couleur, les mystères de la religion, l’histoire du peuple de Dieu, la vie de Notre-Seigneur. Lorsque, de sa voix puissante et mélodieuse, le P. Mengarini entonnait un de ces cantiques qui disent le bonheur de la vie chrétienne et les espérances de l’éternité, chacun bénissait Dieu, en son âme, des grâces qu’il venait de répandre sur la tribu.

Dans la matinée, un des Pères faisait la visite des malades, portant à tous remèdes, encouragements, conseils.

À deux heures de l’après-midi, les enfants assistaient au catéchisme, divisés en deux catégories, selon leur âge et leur degré d’instruction. Les missionnaires avaient adopté la méthode d’enseignement et le système de récompenses en usage chez les Frères des Écoles Chrétiennes.

Vers le coucher du soleil, prières du soir, suivies d’une seconde instruction d’environ cinq quarts d’heure.

Les Indiens trouvaient trop court le temps qu’ils passaient à l’église. « Après la prière faite en commun, écrit le P. De Smet, ils prient encore en famille, ou bien chantent des cantiques. Ces pieux exercices se prolongent parfois bien avant dans la nuit ; et si, pendant le sommeil, quelqu’un s’éveille, il se met encore à prier[20].

Le dimanche, les exercices de piété étaient plus longs encore et plus nombreux. On sentait que le bonheur de ces humbles était de parler au Père céleste, et qu’aucun lieu du monde ne leur offrait l’attrait de la maison de Dieu.

« Le repos du dimanche est si religieusement observé, assure le missionnaire, que, même avant notre arrivée, le cerf le plus timide eût pu se promener en toute sécurité au milieu de la peuplade, lors même que, faute de nourriture, elle eût été réduite au jeûne le plus rigoureux. Aux yeux des Indiens, l’action de prendre son arc et de tirer une flèche n’eût pas été moins répréhensible que ne l’était, chez les Hébreux, le fait de ramasser du bois. Depuis qu’ils ont une idée plus juste de la loi de grâce, ils sont moins esclaves de la lettre qui tue, mais non moins attachés au fond des choses ».[21] À de pareils chrétiens, on pouvait proposer mieux que les pratiques communes de la religion. La mission existait à peine depuis quelques mois, qu’on y établissait des congrégations.

Bientôt l’élite du village se trouva répartie en quatre groupes, ayant chacun son règlement, ses dignitaires, ses jours de réunion. La congrégation des hommes prit le nom d’Association du Sacré-Cœur. Le préfet, nommé Victor, devait, après la mort de Grand-Visage, être élevé à la dignité de grand chef. C’était, de l’avis de tous, « la meilleure tête et le meilleur cœur du village ». Sa femme, Agnès, fut élue présidente de la Congrégation de la Sainte Vierge. Ses enfants furent également mis à la tête, l’un de la Congrégation des jeunes gens, l’autre de celle des jeunes filles.

Parfois la grâce inspirait aux nouveaux convertis des actes de haute vertu, témoin l’exemple de Pierre, grand chef des Pends-d’Oreilles,[22] qui, ayant dû défendre les siens contre un brigand Pied-Noir, se jette à genoux et prie pour son ennemi :

— Grand-Esprit, vous savez pourquoi j’ai tué ce Pied-Noir. Ce n’est pas par vengeance ; il fallait faire un exemple qui rendît les autres plus sages. Je vous en supplie, faites-lui miséricorde dans l’autre vie. Nous lui pardonnons de bon cœur le mal qu’il a voulu nous faire ; et, pour vous prouver que je dis la vérité, je vais le couvrir de mon manteau.

Quelle victoire sur soi ne suppose pas un pareil acte, chez un homme dont la suprême jouissance consistait naguère à tirer de son ennemi une vengeance raffinée !

Deux fois par an, une partie des Têtes-Plates devaient quitter la tribu pour faire la chasse au buffle. Ne voulant pas partir avant d’avoir reçu le baptême, ils étaient restés à Sainte-Marie aussi longtemps qu’ils avaient eu de quoi vivre. À la fin, la disette était telle que les chiens, n’ayant pas un os à ronger, dévoraient jusqu’aux longes de cuir qui attachaient les chevaux pendant la nuit.

Le départ pour la chasse d’hiver eut lieu le 29 décembre. L’expédition devait durer plusieurs mois.

Pour ne pas laisser si longtemps une partie de la tribu privée des secours religieux, le P. Point se mit à la tête du camp nomade. Sa présence devait prévenir les désordres dont la chasse eût pu être l’occasion.

L’hiver fut rigoureux. Pendant trois mois, il neigea sans discontinuer. Plusieurs Indiens furent frappés d’une sorte de cécité, nommée chez eux le mal de neige. Un jour de grande tempête, le P. Point faillit succomber. Sans un grand feu, allumé par quelques chasseurs qui le voyaient pâlir, il fût mort de froid au milieu de la plaine. Pour comble d’épreuve, les buffles ne paraissaient pas.

Mais ni la gelée, ni le vent, ni la neige, ni la faim, n’empêchaient les Têtes-Plates d’accomplir leurs devoirs religieux. Matin et soir, le camp se rassemblait autour de la loge du missionnaire. La plupart n’avaient d’autre abri que le ciel. Tous néanmoins écoutaient, après les prières, une instruction précédée et suivie de cantiques. Au point du jour et au coucher du soleil, la clochette invitait les chasseurs à la récitation de V Angélus. Le dimanche était religieusement observé.

Tant de fidélité allait toucher le cœur de Dieu. Le P. Point raconte ainsi le fait dans son journal :

« Le 6 février. — Aujourd’hui dimanche, grand vent, ciel grisâtre, froid plus que glacial ; point d’herbe pour les chevaux ; les buffles mis en fuite par les Nez-Percés.

» Le 7. — Le froid est plus piquant, l’aridité plus triste, la neige plus embarrassante ; mais hier le repos a été sanctifié, aujourd’hui la résignation est parfaite. Confiance !

» Vers le milieu du jour, nous atteignons le sommet d’une haute montagne. Quel changement ! Le soleil luit, le froid a perdu de son intensité. Nous avons sous les yeux une plaine immense ; dans cette plaine, de bons pâturages ; dans ces pâturages, des nuées de buffles. Le camp s’arrête, les chasseurs se rassemblent, ils partent, et le soleil n’a pas encore achevé sa carrière que déjà 153 buffles sont tombés sous leurs coups.

» Il faut en convenir, si cette chasse ne fut point miraculeuse, elle ressemble beaucoup à la pêche qui le fut. Au nom du Seigneur, Pierre jeta ses filets, et prit 153 gros poissons ; au nom du Seigneur, le camp des Têtes-Plates eut confiance, et abattit 153 buffles. La belle pêche ! mais aussi, la belle chasse ! »

Aux Têtes-Plates s’étaient joints quelques Pends-d’Oreilles. Malgré les difficultés d’une existence nomade et les rigueurs de la saison, le P. Point trouva le moyen d’en instruire et d’en baptiser un grand nombre. Cependant la fête de Pâques approchait. Les chasseurs revinrent à Sainte-Marie. Le Samedi Saint, toute la tribu, réunie dans l’église de la mission, chantait le Regina cæli.

Le moment était venu de préparer les néophytes à la première communion. Tous témoignèrent la même foi et la même piété qu’avant de recevoir le baptême. Quand on leur parla de confession, plusieurs voulaient qu’elle fût publique. En face des impénétrables mystères de l’Eucharistie, ils répondaient sans hésiter :

— Oui, Père, nous croyons de tout notre cœur.

Le grand jour fut fixé à la fête de la Pentecôte.

Pour donner à la cérémonie plus de solennité, les missionnaires, en habit de chœur et précédés de la croix, allèrent au-devant des néophytes. Silencieux, recueillis, la démarche grave, ceux-ci entrèrent à l’église. La sainteté du lieu, les nuages de l’encens, le chant des cantiques, ouvraient leurs cœurs à des émotions jusqu’alors inconnues.

L’heure vint du divin mystère. Agenouillés, les paupières baissées, les pauvres sauvages adoraient et rendaient grâces. Celui qu’on leur avait appris à aimer, Celui que leurs pères avaient tant désiré connaître, était devenu l’hôte de leurs âmes transfigurées.

Le printemps de 1842 vit se succéder les fêtes les plus touchantes. Alors furent célébrés pour la première fois dans les Montagnes le mois de Marie, la fête du Sacré-Cœur, la procession du Très Saint Sacrement.

Telle était la ferveur des Indiens, qu’on put dès lors en admettre un grand nombre à la communion fréquente. « Il y a des familles entières, écrivait le P. De Smet, qui ne passent pas un dimanche sans approcher de la sainte table. Souvent nous entendons vingt confessions de suite sans y trouver matière à absolution ».[23] Plus d’une fois, le prêtre vit l’hostie se détacher de ses doigts, pour aller d’elle-même se poser sur la langue des communiants.[24] Le vieux chef, Grand-Visage, n’était plus témoin de ces merveilles. Il était mort pendant l’hiver, après avoir fait, à l’âge de quatre-vingt-dix ans, sa première communion.

— N’avez-vous pas, lui demandait-on, quelques fautes à vous reprocher depuis votre baptême ?

— Des fautes ! reprit-il avec étonnement. Comment aurais-je pu en commettre, moi dont le devoir était d’apprendre aux autres à faire le bien ?

Il fut enseveli dans les plis du drapeau qu’il arborait chaque dimanche, pour annoncer le jour du Seigneur. Lui aussi aurait pu chanter son Nunc dimittis. Il avait vu son peuple, devenu chrétien, faire fleurir au milieu du désert les plus pures vertus de l’Évangile.

  1. Lettre au Directeur du Catholic Herald. — 1er mai 1841.
  2. Lettre à François De Smet. — 27 avril 1841.
  3. Voir une notice sur le P. Nicolas Point dans les Woodstock Letters, 1882, p. 299.
  4. Cf. Woodstock Letters, 1887, p. 93.
  5. Le Fr. Claessens était originaire de Berendrecht (province d’Anvers) ; le Fr. Specht, d’Alsace ; le Fr. Huet, de Courtrai.
  6. Lettre au P. Verhaegen. — Des bords de la Platte, 2 juin 1841.
  7. Lettre au P. Elet. — De la Rivière au Soldat. 16 mai 1841.
  8. Lettre au P. Verhaegen. — Rivière de l’Eau-sucrée, 14 juillet 1841.
  9. Lettre au P. Verhaegen. — Fort Hall, 16 août 1841.
  10. Lettre au T. R. P. Général. — Fourche de Madison, 15 août 1842.
  11. Au T. R. P. Général. — Fourche de Madison, 15 août 1842.
  12. Sainte-Marie des Monts-Rocheux. — 26 octobre 1841.
  13. Les célèbres Réductions du Paraguay furent fondées, au commencement du 17e siècle, sur la rive droite du Parana, par les Jésuites espagnols, qui convertirent les Guaranis, et les décidèrent à s’occuper d’agriculture. C’était une sorte d’État théocratique, comprenant 32 villes, habitées par plus de 40 000 familles. En 1767, les Jésuites furent chassés des possessions espagnoles, ce qui amena la ruine des réductions. — Cf. Histoire du Paraguay, par le P. de Charlevoix, 3 vol. in-4, Paris, 1756.
  14. Relation des Missions du Paraguay. Traduit de l’italien, Paris, 1754.
  15. Lettre au P. Verhaegen. — 30 décembre 1841.
  16. Voir, au chapitre suivant, son voyage au fort Colville.
  17. Au P. Verhaegen. — 30 déc. 1841.
  18. Serait-il téméraire de voir dans cette apparition une déclaration anticipée du dogme de l’Immaculée-Conception ?
  19. Lettre au T. R. P. Général. — 15 août 1842.
    Le P. Point rapporte le même fait en termes presque identiques. — Recollections of the Rocky Mountains, dans les Woodstock Letters, 1883, p. 140.
  20. Aux Carmélites de Termonde. — 28 oct. 1841.
  21. Ibid. — Voir encore sur la mission Sainte-Marie les intéressants Mémoires du P. Mengarini, publiés dans les Woodstock Letters, novembre  1888, février et juin  1889.
  22. Ce chef Pierre n’est autre que l’Ours-Ambulant, baptisé l’année précédente.
  23. Lettre au T. R. P. Général. — 15 août 1842.
  24. Nous ne trouvons pas ce fait consigné dans les lettres du P. De Smet ; mais il l’a maintes fois raconté dans sa famille, où ce souvenir a été conservé.