Librairie Fischbacher (p. 1-5).

Chapitre Ier

Le Nid et ses Habitants.


« Le Nid » est le nom d’une belle maison.

Elle est située dans un grand jardin rempli de beaux arbres et de jolies fleurs.

Au fond du jardin coule un ruisseau, qu’on traverse sur un petit pont rustique.

Dans le ruisseau, il y a beaucoup de petits poissons : des goujons, des vérons, et de drôles de poissons, avec de grosses têtes, qu’on appelle des chabots.

Il y a aussi des grenouilles dans ce ruisseau. Elles chantent le soir, quand il fait beau ; mais leur chant n’est pas très joli, elles font :

« Couac ! couac ! »

À gauche de la maison, il y a une écurie, une remise et un poulailler.

Vous voulez savoir qui demeure dans la maison, n’est-ce pas ?

Je vais vous le dire.

Il y a d’abord Papa, qui est docteur, et qui va très souvent voir les pauvres malades pour les guérir.

Il y a Maman, qui est très bonne, comme toutes les mamans.

Il y a cinq enfants :

Jean, qui est déjà grand, puisqu’il a neuf ans ; Jeanne, qui a sept ans ; Pierre, que tout le monde appelle Pierrot, et qui a cinq ans et demi ; Louise, qu’on appelle Louisette, qui a quatre ans, et bébé Paul, qui n’a que quatorze mois.

Il y a aussi Madeleine, la nourrice, que les enfants appellent Nounou ; Marie, la femme de chambre, et Julie, la cuisinière, qui sait faire de très bons gâteaux.

Victor, le cocher, demeure dans une chambre, sur l’écurie.

Dans l’écurie, se trouve Carabi, le cheval, qui est très grand et très fort, mais qui est aussi très bon, et ne donne jamais de coups de pied à personne.

On garde la voiture de Papa dans la remise.

Il y a beaucoup de poules dans le poulailler, et un beau coq qui chante tous les matins pour dire bonjour au soleil.

Chacun des enfants a une poule qui appartient à lui seul.

Celle de Jean s’appelle Blanchette, parce qu’elle est toute blanche.

Celle de Jeanne s’appelle Grisette, parce qu’elle est grise, avec seulement deux ou trois petites taches jaunes.

Celle de Pierrot s’appelle Brunette, parce qu’elle est brune, et celle de Louisette s’appelle Doucette, parce qu’elle est très douce, et qu’elle ne se dispute jamais avec les autres poules.

Les autres poules se disputent quelquefois.

Les poules, comme les petits enfants, ne sont pas toujours sages. Seulement, elles ne savent pas qu’il faut être sage, tandis que les petits enfants le savent bien.

Bébé Paul n’a pas de poule, parce qu’il est encore trop petit.

Quand il sera grand, il en aura une aussi.

Tous les jours, les enfants vont porter à manger aux poules. Aussi, les poules les connaissent bien, et sont bien contentes de les voir arriver.

J’allais oublier de vous parler de Black, le chien.

Il faut que je vous raconte l’histoire de Black, parce que je suis sûre qu’elle vous intéressera.

Un jour, Papa a rencontré un pauvre homme, qui portait un petit chien dans ses bras.

Papa lui a demandé :

« Où portez-vous ce petit chien ? »

L’homme a répondu :

« Je vais le noyer, parce qu’il a la patte cassée et qu’il est malade. »

Alors Papa a dit :

« Voulez-vous me le donner, au lieu de le noyer ? »

« Oui, » lui a répondu l’homme ; « je veux bien vous le donner, si vous voulez me donner trois francs. »

Papa a donné trois francs à l’homme, et il a apporté le pauvre petit chien au Nid.

Tous les enfants étaient très contents d’avoir un chien ; mais cela leur faisait beaucoup de peine de le voir si malade.

Ils l’ont si bien soigné, qu’il s’est guéri, et maintenant, il est fort et bien portant. Mais il ne peut pas se servir de sa patte cassée, et il sera toujours boiteux : c’est bien dommage, n’est-ce pas ?