Le Mirage perpétuel/L’AMOUR/Quand le désir affleure aux pupilles d’un homme

Librairie Paul Ollendorff (p. 109-110).






Quand le désir affleure aux pupilles d’un homme
Et que dans tes yeux clairs il plonge son regard,
Je ressemble au soldat qu’on insulte, et, hagard,
Je le tuerais comme une bête qu’on assomme.

Trop de ton être flotte épars autour de moi,
Mon cœur souffre de tant d’inconnus qui t’admirent,
Et peuvent te frôler en passant, et respirent
Le parfum de ton corps en passant près de toi !


Pour te mieux posséder je te voudrais moins belle,
D’autres ont trop de part à ta jeune splendeur,
Et je hais le regard tendre ou inquisiteur
De tous ces jeunes gens que ta vue ensorcèle.

Je t’aime d’un amour exclusif et jaloux,
Et voudrais pour moi seul ta beauté tout entière,
Ah ! ne revêts que fil et que laine grossière,
Renonce au vain orgueil du fard et des bijoux ;

Songe, songe à nos soirs d’amoureuse veillée,
Donne-toi sans réserve à mes baisers d’amant,
Et gardant pour moi seul les fleurs et les rubans

Pare comme un autel la chambre émerveillée !