Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Veus tu rompre le trait de la Parque inhumaine »
Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
XC.
Veus tu rompre le trait de la Parque inhumaine
Et mespriser ses cous ? marche dispostement
En bataille contre elle, & ne crains nullement
Le meurdrier aiguillon de sa flesche soudaine :
Mais si la froide peur à son vouloir t'emmeine
Voyant la mort venir, & si craintisvement
Tu connille à ses cous tiens veritablement
Que vivant, & mourant, tu languirtas en peine :
Ainsi blesse l'ortye, alors qu'on ne la fait
Que tourcher mollement, perdant un tel effet
Quant plus estroitement on la serre, & la presse
Tu ne languiras point, & ne pecheras pas
Pensant à tout moment à l'heure du trespas,
L'espoir de vivre trop pert l'ame pecheresse.