Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Veus tu rompre le trait de la Parque inhumaine »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 69).
XC.


Veus tu rompre le trait de la Parque inhumaine
Et mespriser ses cous ? marche dispostement
En bataille contre elle, & ne crains nullement
Le meurdrier aiguillon de sa flesche soudaine :

Mais si la froide peur à son vouloir t'emmeine
Voyant la mort venir, & si craintisvement
Tu connille à ses cous tiens veritablement
Que vivant, & mourant, tu languirtas en peine :

Ainsi blesse l'ortye, alors qu'on ne la fait
Que tourcher mollement, perdant un tel effet
Quant plus estroitement on la serre, & la presse

Tu ne languiras point, & ne pecheras pas
Pensant à tout moment à l'heure du trespas,
L'espoir de vivre trop pert l'ame pecheresse.