Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Tu vois comme le grain sous la terre jetté »


Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 64).
LXXX.


Tu vois comme le grain sous la terre jetté
Doit meurir & pourrir paravant qu'il renaisse,
Et que son tuyau vert contre le ciel redresse
Les barbillons pointus de son espic cresté

Desires tu gaigner la heure Eternité ?
Passes y par la mort, si la mort ne te blesse,
Et consume ton cors dessus la terre espaisse
Tu n'attaindras mortel à l'immortalité

Par la corruption l'homme se regenere
En l'ETERNELLE vie, & finit sa misere
Par un heureus mal-heur, le meilleur des malheurs.

O merveilleus effet, celle qui tout consomme
L'invevitable mort donne la vie à lhomme
Et la mesme douleur fait mourir ses douleurs.