Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Toute chose aisément retourne à sa nature »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 66).

LXXXIIII.


Toute chose aisément retourne à sa nature,
Ainsi la gresle en bas tombe d'un viste saut,
Ainsi le feu leger gaigne tousjours le haut,
Et l'air pour saillir hors sous la terre murmure :

Ainsi l'esprit froissant la mortelle closture
Du cors appesantis, promt, leger, vif, & chaud
Aspirant vers le ciel, fait que le cors deffaut
Comme lourd, & grossier, dedans la sepulture :

L'homme de terre né, en terre cheminant
Terrestre vit de terre, & vers terre inclinant
Retournant à la terre, en la terre se change ;

Attendant en tel point que l'esprit eternel
Devant un jour rentrer au monument charnel
Sa terre purifie, & le face un bel Ange.