Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Quant l’homme vient à naistre incontinant il pleure »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 116).
CXXVI.


Quant l’homme vient à naistre incontinant il pleure,
Mais la premiere fois que de soy-mesme il sort
Par un ris gracieus, Fauche, cest quand il dort;
Et ne dure sa joye à grand peine un quart d'heure

Las ! si quelque bon-heur au monde nous bien-heure
C'est seulement en songe, au contraire le sort
Et veillant & dormant, nous importune & mort,
Et le bien seulement en ombre nous demeure.

Encore vers le ciel nous pouvons nous lancer
A la terre adonnez ny l'œil ny le penser,
Ny mesme imaginer quelle est nostre misere

Jusque à tant que la mort de son trait desastreus
Engrave dans nos ceurs que le sepulchre ombreus
Venge sur nous l'erreur de nostre premier pere.