Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Pense toy qui te fie en ta jeune vigueur »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 123).
CXXXIX.


Pense toy qui te fie en ta jeune vigueur
Combien d'autres munis de plus grandes prouesse
Sont en peu d'heures cheus en debile foiblesse,
Trainant leur pauvre vie en misere et langueur

Voys comme va le tems, & de quelle longueur
Il compasse tes jours, & de quelle vistesse
Il t'ameine la mort, & de quelle rudesse
La Parque contre tous exerce sa rigueur.

Puis fondant tout en pleurs de l'homme si fragile
Tu plaindras en regret la nature imbecille,
Comme ce roy Persan amerement pleuroit

Qui contemplant d'en haut son nombreus exercite
Estoit bien asseuré que d'une telle suitte,
Pas un cent ans passez vivant ne resteroit.