Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Ore que j’entre en l’age ou l’Amour flatteresse »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 169).

CXCIX.


Ore que j'entre en l'age, ou l'Amour flatteresse
Ensorcelle nos sens d'une folle poison,
Et du trac de vertu deplace la raison
L'esclavant sous le joug de la chair tromperesse :

Donne moy ton esprit, qui me serve d'adresse,
Parmi l'obscurité de la sombre prison
De ce cors tenebreus, esteignant le tison
De tant de chaus desir qui bruslent la jeunesse

Assez j'ay fourvoyé, comme un troupeau espars
Sans guide & sans pasteur, errant de toutes pars,
Ore je veus rentrer au bercail de ta grace :

Ouvre le moy, Seigneur, & quant l'heure viendra
Que de ce fardeau lourd l'esprit se desjoindra,
Recois l'incontinant à l'objet de ta face.