Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Nos tresors asservis à tant de mouvement »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 114).
CXXII.


Nos tresors asservis à tant de mouvement,
Tant d'accidens divers, de perte, & de rapine,
De rouillure, de feu de sac, & de ravine,
Me font souvent entrer en grand estonnement ;

Pourquoy lhomme peu caut n'aspire au firmament,
Dont les rares thresors ne craignent la vermine,
Oppression, ny sac, tempeste, ny ruine
N'estant assujettis aus loys du changement.

L'œil fiché contre bas, comme s'il devoit vivre
Eternel en ce cors, de plaisir il s'enivre,
Et va comme un coleuvre en terre se trainant

Tandis la mort arrive, & le tirant du monde
Luy fait voir que le ciel dessous sa voute ronde
Ne tient rien d'arresté, durable, ou permanent.