Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« N’estimerois tu pas le nocher bien badin »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 148).

CLVII.


N'estimerois tu pas le nocher bien badin
Qui courant sur les flos une triste avanture,
Ne voudroit onc du port rencontrer l'embouchure
S'elougnant en dedain du rivage voisin ?

Et toi qui vas battant le perilleus chemin
Sains voile & sans timon de la mer de nature,
Importuné des vens de mespris et d'injure
A ton cour hasardeus tu ne veus mettre fin.

Gaigne gaigne la rade, & jouissant à l'heure
D'un repos asseuré, en fortune meilleure
Tu vivras desormais sans agitation

Cest abus d'estimer que la mort ravissante
A toute extremité nous combatte & tourmente
Tout son tourment consiste en l'apprehension.