Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Mortel veus tu savoir des que tes yeus ouvers »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 34).
XX.


Mortel veus tu savoir des que tes yeus ouvers
Ont veu du beau soleil la lumiere paroistre,
En quel fenuebre lieu le destin t'a fait naistre,
Mal'heureus Citoyen de ce rond univers ?

Entre les tristes pleurs, & les soucis divers,
L'enfance, la viellesse, & l'àge moins adextre,
Les chagrins, les dépis, tu viens prendre ton estre
Le jouët des mocqueurs, & l'esbat des pervers.

Tu ne peux alterer la nature des choses,
Et necessairement faut que tu te proposes
D'avoir tels compagnons : que fi de leurs courrous

Tu te peus garentir, ta descente natale
T'y avoit asservi ; la loy se nomme egale
Non que chacun l'observe, ains quelle est mise à tous.