Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Libres de passions si nous pouvions comprendre »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 165).

CXCI.


Libres de passions si nous pouvions comprendre
Quelle sera la haut notre condition,
Lors que la mort commune à toute nation
Ce mortel tabernacle aura reduit en cendre :

Nous ensvirions l'oiseau du recourbé Meandre
Qui de soy mesme prend sa consolation,
Prevoyant de son cors la separation,
Et chante d'une vois delicatement tendre.

Mais dautant que nos yeux sont encore charnels,
Ils s'aveuglent aux rais des plaisirs eternels
Ne contemplans de DIEU les grandeurs souveraines.

De la vient que la peur à l'heure du trespas
S'empare de nos ceurs, parce qu'ils ne sont pas
Purifiez du tout des vanitez mondaines.