Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Le cerf abandonné à la troupe abayante »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 119).
CXXXII.


Le cerf abandonné à la troupe abayante
Des chasseurs & des chiens, qui de crois & de vois
Le pousuit par les chams, le presse par les bois
Et de pres & de loing, l'estonne & l'espouvante ;

Mordu des chaus limiers quant la fuitte mouvante
Ne luy sert plus de rien hallenant & panthois
De depit il larmoye, & ne rend les abois
Qu'il ne tourne au Levant la teste languissante.

Chretiens mal-advisez courus de toutes pars
Du monde & de la chair, en eternels hasars
De souffrir de la mort les aiguillons funebres :

Au lieu de contempler ce bel astre riant
Qui pour vostre salut d'esclate d'Orient,
Vous vous esjouissez seulement aus tenebres.