Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« L’un se plaint que la mort d’une belle victoire »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 126).
CXLVI.


L'un se plaint que la mort d’une belle victoire
Luy romt injustement le filet dans la main,
L'autre quelle retient le cours de son dessein,
Esteignant le flambeau de sa naissante gloire ;

L'Escrivain est fasché de laisser son histoire
Imparfaitte au lecteur, le pere trop humain
De laisser ses enfans, quant à moy je ne crain
En quel tems j'aille choir dessous la tombe noire

Je veus que l'on agisse & travaille tousjours,
Et que la mort me treuve en feuilletant mon cours
Mais ne me souciant ny de mes loys ny d'elle.

Nous naissons pour agir, & tel est mon avis
Que l'homme valeureus de louange ravis,
Doit mourir au milieu d'une entre-prise belle.